Fyctia
Déception
Un sourire écarte ses lèvres légèrement rosées, plissant délicieusement ses joues pâles. Ses yeux bleus comme un ciel d’été me toisent ; je ne me gêne pas pour le dévisager avec plaisir en retour. Il lâche ma main de la sienne, effleure mes lèvres avec le bout de ses doigts, tient délicatement mon menton et me murmure sur un ton chaleureux :
- Vous dansez merveilleusement bien.
Je me contente de lui sourire, intimidée par sa prestance plutôt imposante et impressionnante. Mon cœur palpite et une sueur chaude caresse ma nuque. C’est sûr : il me fait beaucoup d’effets…
Les musiciens se préparent à jouer le prochain morceau, sûrement aussi lyrique et romantique que le précédent, comme toujours.
- Bien, dit-il, toujours sur un ton suave. Vous avez dansé avec moi à l’ouverture du bal, je vous libère maintenant.
Il recule légèrement tout en me souriant et cesse de m’étreindre. Je sens un courant d’air froid caresser mon buste tandis qu’il était cajolé par son torse et frémis sous cette fraîcheur mordante. Je me pétrifie et hausse les sourcils lorsque je le vois partir au loin, sa silhouette de grand homme se dissimuler dans la foule dansante et joyeuse. « C’est tout… ? », me dis-je. La déception me dévore : je sens ma gorge se nouer et un vertige me ronger. Et puis quoi ? A quoi je m’attendais ? Qu’il continue à danser avec moi durant le reste de la soirée ? Qu’il m’embrasse ? … Qu’il soit autant intéressé à moi que je le suis envers lui ? On me reproche très souvent que je m’attache trop rapidement à quiconque que je rencontre… et c’est malheureusement vrai.
Je tente de cerner son ombre parmi les danseurs en scrutant la foule arc-en-ciel, colorée de vêtements plus beaux les uns des autres. Mais tout ce que je remarque, ce sont les paillettes sur les robes des princesses de la soirée, les perles qui parent leur cou, les masques qui scintillent sur le visage de tous, les basques des hommes voltiger en valsant avec leur partenaire. Pas de Lewis dans les parages.
Bredouille, je soupire, hausse les épaules et cesse d’épier le bel homme qui m’avait invité à danser. Néanmoins désappointée, je me sens frêle et sens les larmes monter à mes yeux. Je me dirige donc vers un des buffets, me saisis d’une des tartines à la pâte feuilletée et garnie d’une sauce tomate, de basilic, de lardons ainsi que de mozzarella et mange en une bouchée ce délice qui ravive mes papilles et me console un peu. Que c’est bon… ! J’en reprends une autre, puis encore une pour finir avec, dans le ventre, sept bonnes tartines. Eh oui, quand on est chagriné, on a étrangement très faim…
Je cesse néanmoins de bâfrer : pas que je n’ai pas envie de continuer à savourer ces gourmandises, au contraire, mais il faut que je fasse un peu attention à ma ligne, tout de même… ! Je m’écarte donc du buffet et m’adosse contre un mur quelconque en contemplant la foule qui danse et sourit. Mes yeux cernent James qui, un rictus plaisant sur ses lèvres, valse avec la belle blonde qui semble être ravie de se retrouver dans les bras de l’hôte de la soirée. Un vice malicieux et embêtant brûle mon âme telle la jalouse que je suis : pourquoi j’envie cette femme, moi qui ai accepté de danser avec ce cher Lewis au détriment de James, ce Lewis qui m’a laissée comme une vieille chaussette ?
Je soupire à nouveau et laisse une larme s’échapper de mon regard. Moi, susceptible ? Trop sensible ? Je ne le cache pas et je connais ces défauts qui me trahissent bien souvent. J’aimerais pourtant être plus dure et plus sûre de moi, être capable d’affronter les peines sans pleurer. Mais c’est impossible, car je suis comme ça, hélas !
- Eh, Vicky, tu fous quoi toute seule ? s’exclame Maddy, qui se rue vers moi avec des yeux inquiets.
Je lève ma tête vers la sienne et hausse les épaules, tentant de dissimuler mon chagrin en adoptant une attitude impassible.
- Et le mec là, de tout à l’heure, il est où ?
- Parti, je réponds d’une voix blanche.
- Parti ? Non, sérieux ? Mais pourquoi ?
Je hausse à nouveau les épaules : qu’en sais-je ? Il avait sûrement repéré une plus belle femme que moi – ce qui n’est pas difficile, je pense – … même si nous sommes tous cachés derrière un masque.
- Non mais Vicky, va le chercher !
- Pour quoi faire ? Pour m’humilier ?
- Fonce un peu ! Tu réfléchis trop.
- Je préfère rester seule.
Maddy pousse un grand soupir d’exaspération en levant les yeux au ciel et en battant les bras d’un mouvement comme deux ailes d’un oiseau maladroit. J’esquisse un petit sourire : même si elle est exacerbée à l’égard de ma personne, ses réactions restent toujours aussi amusantes car, même à travers son sérieux, on peut toujours y voir un côté comique de sa personne.
- T’inquiète pas pour moi, dis-je en effaçant le sourire de mon visage, je vais juste bouffer et profiter des beautés de la soirée.
- Ouais, comme d’hab’ quoi. S’il n’y avait pas James pour danser avec toi, de temps en temps, tu serais tout le temps seule.
Un nouveau rictus amusé écarte mes lèvres. Elle soupire à nouveau, hausse les épaules et réplique sur un ton plus calme :
- Bon, ok, mais à la fin de la soirée, je veux te voir dans les bras d’un gars.
- On verra, je réponds avec nonchalance.
Elle plisse son regard, fait semblant de maugréer puis se retourne en esquissant un air dédaigneux qui, je le sais, n’est dessiné que pour me taquiner. Je ris discrètement et observe mon amie partir au loin, cherchant certainement sa prochaine proie. Si seulement j’avais son audace ! Ça aurait été tellement plus simple… je ne serais pas tout le temps seule, mis à part les quelque fois privilégiés où je me retrouve dans les bras du beau James.
Je souffle une nouvelle fois ma déception : et si elle avait raison, et si je devais me bouger un peu ? Tellement facile à dire mais si dur à faire… moi qui suis de nature timide, comment aller accoster un homme quelconque ? Je devrais peut-être prendre des cours auprès de Maddy, elle qui drague n’importe qui avec beaucoup d’aisance.
Je me décolle du mur et avance à travers la salle en parcourant le côté droit des lieux, évitant de rencontrer les danseurs qui occupent tout le centre du bal. Au passage, je me saisis d’une olive sur un des buffets et le déguste en rivant mon regard vers le sol. Seule, encore seule, toujours seule. Pourquoi je me plains ? Je dois foncer !
Je tourne mon attention vers les hommes qui ne dansent pas. Mon cœur palpite. Comment ? Comment avoir l’audace de venir vers eux ? C’est tellement dur… ! Et si je me faisais rejeter ? Et si on se moquait de moi ? Ah ! Maddy a raison : je réfléchis trop.
Mais en me perdant à travers mes pensées, parfois trop profondes, je sens une main puissante se saisir de mon bras et me tirer vers un des couloirs qui débouchent sur la salle du bal. Sans que je puisse me débattre, sans que je sache si je dois fuir ou me laisser faire, sans que je parvienne à crier ma détresse, des lèvres, charnues et délicieuses, se collent aux miennes avec une douceur délectable.
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alexia340
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Landry
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Sana Taylor
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