Fyctia
14 : Vers un roy. de cauchemar
La route était tortueuse, faite d’irrégularités qui secouaient le carrosse. Erika regardait sa sœur dormir sur son épaule tandis qu’Othon leur faisait face. Aucun bruit ne se faisait entendre si ce n’était celui des sabots des chevaux entourant le convoie qui rejoignait le château de la vallée Nord. La reine, angoissée de rencontrer le roi du royaume voisin, n’arrêtait pas de triturer ses gants tout en étant plongée dans ses pensées. Elle fut ramenée à la réalité par Othon qui posa sa main sur la sienne, lui adressant un regard rassurant.
– Tout se passera bien ne vous en faites pas.
– Merci Othon.
– Il fallait bien que j’intervinsse avant que vos gants n’en payent le prix.
– Serait-ce une plaisanterie venant de toi ?
– Possiblement.
Erika échangea un sourire avec Othon qui était heureux de lui avoir fait oublier le roi ne sait-ce qu’une seconde. Elle prit alors la main d’Othon, restée sur la sienne, et la serra pour se rassurer. Othon la serra à son tour en guise d’encouragement adressant un regard plein de soutien à son interlocutrice.
– Je suis sûr que vous gérerez cette situation avec autant de force que vous en faites preuve habituellement, et si cela n’est pas suffisant, je serai toujours derrière vous, quoi qu’il arrive.
– Et je ne t’en remercierai jamais assez.
Après cet échange le carrosse redevint silencieux. Cependant, la jeune fille n’était plus aussi angoissée qu’au départ. Malgré le fait qu’elle pensait encore au roi, elle essayait d’être plus positive quant à cette rencontre qui l’attendait. Le voyage dura encore plusieurs heures ; les deux sœurs discutant le plus clair du temps :
– Erika, penses-tu que le roi possède des cornes et des dents pointues ?
– Ha ! Ha ! Ha ! Non je ne pense pas.
– Au vu du personnage, je ne serai étonné que ce soi vrai.
– Je dois avouer que cela ne me parait pas être une mauvaise idée
– Toi aussi Othon ! Bon je vous l’accorde, je ne l’ai encore jamais vu, mais je suis sûr qu’elles lui iraient à merveille.
Les deux sœurs rigolèrent, suivit d’Othon qui laissa échapper un petit rire. Plus aucune tension n’était présente à cet instant. Les deux sœurs étaient là l’une pour l’autre et Othon était là pour les deux filles. Les chevaux s’arrêtèrent alors, faisant taire les gloussements régnants. L’arrivée au château fut proclamée par un garde et une des portes du véhicule s’ouvrit pour laisser sortir les altesses. En sortant, elles furent accueillies par le chant des oiseaux qui piaillait la fin de matinée. Le château, aux grandes et imposantes tours, était identique aux souvenirs qu’elles gardaient de leur enfance. Entretenu par les serviteurs qui s’occupaient du ménage et des jardins, il avait gardé sa splendeur. Il semblait presque s’être paru pour accueillir ses deux hôtes après tant d’années.
– Il est magnifique !!
– Oui, il y a si longtemps qu’on n’était venu ici…
– Depuis papa et maman. Je ne devais avoir que 5 ou 6 ans à l’époque.
– Et moi je n’avais encore 9 ans… Je comprends pourquoi papa et maman aimaient tant venir à cette résidence.
– Oui, mes souvenirs en étaient tellement flous, mais je ne voulais pas provoquer les mauvaises mémoires en revenant en ce lieu. Après tout nous y avons passé tellement de bons moments tous ensemble.
– Moi aussi, et pourtant nous y voilà pour rencontrer le roi responsable de la mort de nos parents…
– Nous aurons notre revanche ici, nous mettrons fin à nos problèmes avec le roi. Nous mettrons fin à cette guerre qui dure depuis bien plus longtemps qu’elle ne le devrait.
– Oui, nous le devons à papa et maman.
Les deux sœurs se regardèrent et un accord silencieux entre elles fut scellé. Leurs mains s’entremêlèrent se soutenant mutuellement.
Les deux fillettes rentrèrent dans le château qui était tout aussi somptueux que l’extérieur. Elles avancèrent, donnant leurs manteaux aux domestiques et se rendant à l’escalier drapé d’un tapis rouge. Tout paraissait magnifique, mais pas pour autant dégoulinant de luxures et richesses. Bientôt les deux filles atteignirent les dernières marches, apercevant le tableau sur le mur d’en face. Il était gigantesque, entouré d’un cadre doré. Sur celui-ci trônait un portrait de leur famille adoré, heureuse et rayonnante. Les deux filles furent émues en le voyant, ayant presque oublié son existence. Elles s’approchèrent, touchant du bout des doigts la vieille peinture.
– Je ne me souvenais pas de cette peinture.
– C’est normal tu étais petite, moi je m’en souviens un peu, mais je ne savais plus qu’il était exposé ici.
– Les domestiques en ont pris grand soin, ça se voit.
– Oui, ils aimaient beaucoup papa et maman. Ils ont toujours été gentils et c’était surtout de bons souverains.
– Et tu l’es aussi Erika, répliqua Astrid en posant sa main sur l’épaule de sa sœur.
– Merci.
– Je pense qu’il faudrait aller dormir un peu, après tout le voyage à été long.
– Et nous devons être en pleine forme pour accueillir le roi dans quelques jours.
– Je vais juste aller voir Haria et puis je monte aussi, tu peux y allais en avance.
– Ne tarde pas trop sinon tu n’auras pas le temps de manger avant le service du déjeuner.
– Oui, ça va ne t’en fait pas. Après tout, j’ai déjà dormi dans la voiture.
– Ce n’est pas faux..
Les deux filles rigolèrent, Erika montant à sa chambre et Astrid descendant pour trouver sa copine.
Astrid était sortie du palais. Tout le monde s’affairait pour monter les quelques bagages des deux altesses, mais aussi pour gérer les chevaux et mettre en place la protection et la surveillance du palais. Elle cherchait du regard parmi les personnes actives quand soudain sa vue devint noire.
– Cherches-tu quelqu’un ?
– Non, non… Pas particulièrement, répondit Astrid en saisissant les deux mains qui lui cachaient la vue.
– Menteuse ! Je t’ai vu !
La princesse se tourna alors embrassant sa petite amie par surprise, plaçant ses bras autour de son cou.
– Je l’avoue, il est possible que je cherchais quelqu’un…
– Et qui cherchiez-vous, altesse ?
– On m’a dit qu’une des lieutenants avait quitté son poste, je me devais de corriger cela.
– Et donc tu ne me cherchais pas moi ?
– C’est possible, aurais-tu quitté ton poste ?
– Oui, mais uniquement parce que la princesse me l’a demandé…
– Hariara !! Les gardes ont besoin de tes ordres !!
– J’arrive !! Bon sang, ils ne savent pas se gérer seul. Je vais devoir y retourner.
– Bien, dans ce cas ma mission est accomplie, ria Astrid. On se voit tout à l’heure ?
– Bien sûr. À tout à l’heure.
Tout sourire, la jeune fille regagna le palais, contente d’avoir pu parler avec Haria, qu’elle n’avait pu voir depuis la veille. Ces échanges la regonflaient toujours à bloc et la fatigue accumulée par le voyage avait presque totalement disparu.
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