CarlaHay Cul-sec et chantilly ! Vend. 11 déc. - Salomé - 2/2

Vend. 11 déc. - Salomé - 2/2

    Sacré James ! Sur ce coup-là, il m’a bien eu. Après son côté arrogant, hautain, challenger, il me montre qu’il peut aussi être attentionné. Bien que je sois ravie qu’il ait fait l’effort de me tenir informée, je ne crois pas que Roy Van Daat soit le féroce homme politique qu’il pense être. Mes recherches m’ont appris qu’après des études en sciences politiques réussies, il a fait toute sa carrière à Bruges. Lorsqu’on a un avenir si prometteur, c’est presque incompréhensible de ne pas devenir député national ou européen. Je le soupçonne d’être peu téméraire, et malgré les mises en garde de James, c’est assez confiante que je me dirige vers le bureau de Richard qui se tient les bras croisés à l’entrée de celui-ci. J'ai bien peur que la pause de Liz doive attendre. 


En arrivant à la hauteur de mon patron, je n'ai pas le droit à ses blagues pourries habituelles, il s'écarte pour me laisser m'asseoir sur la chaise en velours qui se trouve face à son bureau. Une fois assise, je le vois fermer la porte pour finalement s'installer en face de moi. Munie de mon carnet de notes et de mon quatre couleurs favori, j'attends qu'il me donne des instructions. 


— Alors Richard, pour quelle raison avez-vous besoin de moi ? 

— Sur quoi travailles-tu actuellement ? 

— Je finalise le reportage mensuel sur la soupe populaire, il devrait être en ligne ce soir ! 

— Mauvaise réponse… 


À cet instant précis, je me rends compte que le visage fermé que m'offre mon patron n'a rien à voir avec son habituel côté bougon dont il a le secret. C'est impossible qu'il soit au courant de l'enquête que je mène sur Van Daat. Bien que j'aie en tête les avertissements de James, je ne peux pas croire que le maire soit assez bête pour vouloir interférer dans les publications d'un média. 


— Je ne vois pas où vous voulez en venir… 

— Salomé, tu me prends pour quel genre de débutant ? Tu n'es pas la première apprentie journaliste que je recrute à Bruges Média, je peux t'assurer que j'en ai vu des personnes comme toi qui cherchent l'article de rêve, celui capable de faire décoller une carrière. 


Oups, c'est officiel, je suis vraiment dans la merde. 


— Maintenant, je veux que tu me donnes toutes les infos que tu as récoltées sinon tu peux récupérer tes affaires ! 

— Qui vous a prévenu ? je demande, perplexe. 

— Tu penses être en mesure de poser des questions ? Salomé, je ne le répéterai pas, je veux savoir ce que tu as sur le maire.


Si en commençant cette enquête, on m'avait dit que je finirais dans ce bureau, obligée de tout déballer comme si j'étais moi-même l'accusée, je n'y aurais pas cru. Résignée, je commence à expliquer à Richard ce qui m'a poussée à me lancer dans cette enquête : les chiffres étonnants de la mairie, tous les journalistes qui ont étrangement arrêté cette enquête, les choix du maire qui contredisent les engagements notés dans les comptes rendus des conseils municipaux... Alors que je continue mon récit, je fais attention à ne pas mentionner le nom de James ou de quelle manière j'ai pu entrer en conférence de presse. Je vais éviter de lui donner des raisons de me renvoyer. 


— Donc pour le moment, tu as des suppositions, des conjectures, mais rien de concret. 

— Richard, vous savez que sur certaines enquêtes les preuves peuvent être longues à obtenir, mais ça ne veut pas dire que la mienne n'est pas solide. Les bilans de notes de frais du maire sont vraiment étranges, surtout quand on regarde la vantardise de Madame Van Daat sur les réseaux sociaux. 

— Je te demande d'arrêter cette enquête. Tu n'as rien de suffisamment concret pour que je te laisse continuer cette investigation. 

— Vous ne pouvez pas faire ça… Mon dossier est beaucoup plus prometteur que vous ne le pensez… Vous vous rendez compte ? Il détourne peut-être l'argent alloué à des enfants précaires pour satisfaire sa femme, on ne peut pas laisser faire ça ! 

— Tu es payée pour faire des micros trottoirs, pas pour faire la justicière !  Donc quand je te demande d'arrêter de creuser, tu le fais ! Je ne pourrais pas te garder dans nos effectifs si tu n'exécutes pas mes ordres. Me suis-je bien fait comprendre ? 


Bien droite dans ce siège, j'ai l'impression qu'il vient de me gifler. J'aimerais le convaincre, déballer tous mes arguments, mais la confiance engrangée cette dernière semaine semble s'être évaporée. Vidée, je ne me sens pas capable de prendre un tel risque. Je suis venue ici pour que ma carrière décolle, mais si je suis renvoyée, que me reste-t-il ? J'imagine déjà les mots qu'utiliserait ma mère pour me rappeler que je n'aurais jamais dû partir en Belgique. Regardant mon patron dans les yeux, j'acquiesce en silence. C'est déjà assez dur de jeter à la poubelle tout ce que j'ai pu faire depuis dix jours, je n'ai pas en plus la force de le dire à voix haute. 


— Je vais retourner à mon poste, j'ai un reportage à publier… 

— Une dernière question ! Qui est votre informateur ? 

— Je n'en ai pas. Tout ce que je vous ai présenté, je l'ai trouvé toute seule ! je lui réponds avec un sursaut de fierté. 


Il me prend vraiment pour une débutante ou quoi ? Jamais je ne lui aurais parlé de mon accord avec James, mais après tout, cette enquête je ne la dois à personne, je suis la seule à m'être battue pour constituer ce dossier. 


— J'espère que je n'aurais pas besoin de te remettre en garde, Salomé… me dit-il alors que j'ouvre la porte pour rejoindre mon bureau. 


Je n'ai même pas la force de lui répondre. En dix minutes, j'ai l'impression qu'on m'a arraché toute ma combativité. Au creux de mon ventre, je sens le dégoût qui s'empare de moi. Comment ai-je pu penser que j'étais capable d'un tel exploit ? Ça m'apprendra à croire en cette connerie de magie de Noël et de  miracles de décembre ! Je me suis fait avoir comme une novice, et désormais, je ne sais même pas si Richard m'accordera un jour l'opportunité que j'attends depuis des mois.


Alors que j'avance vers mon poste, je repense à cette conversation téléphonique avec James. Est-ce qu'il est impliqué dans tout ça ? Bien que j'aimerais croire que le maire m'a fait taire comme il l'a fait avec tous ces autres journalistes, une petite voix me dit que maintenant James Peeters n'a plus à se battre pour se débarrasser de moi. Finalement, je l'ai peut-être sous-estimé, et il vient de gagner la partie pendant que j'étais perturbée par ce rapprochement inattendu sur la glace. Je pensais être une combattante solide, je pensais pouvoir prouver à Greg que j'avais eu raison de le quitter pour suivre ma voie, pourtant tout vient de s'effondrer. Mes espoirs, mes rêves sont en cendre, et je ne crois pas avoir les ressources nécessaires pour me relever. 



Tu as aimé ce chapitre ?

5 commentaires

Caro Handon

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Il y a 4 ans

Allez hop hop hop, la suite 😇😘

CarlaHay

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Il y a 4 ans

Merci Caro pour ton passage !

Laura Callens

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Il y a 4 ans

La bagaaaarre

CarlaHay

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Il y a 4 ans

graaaaaave

Michbonj

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Il y a 4 ans

Liké et partagé 30 chapitres, pas un petit passage chez moi. Je connais la musique:tu n’es pas obligée, tu n’as pas le temps. J'écris des conneries etc. Quel dommage moi, j’adore l’entraide et le partage. Et même les pires comportements ne me feront pas changer. Bon courage pour la suite. Je te lis quand même parce que j’aime bien.
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