CarlaHay Cul-sec et chantilly ! Lundi 7 décembre - James - 1/2

Lundi 7 décembre - James - 1/2

James


— Alors ce week-end, Monsieur le patineur ? m'interpelle Sacha, tandis que j'arrive au bureau essoufflé.

— Si j'enlève le harcèlement de Salomé Roussel, un week-end des plus banals !

— Madame Requin Blanc était de la partie ? Dans ce cas, je crois que tu as des choses à me raconter au contraire !

— Va nous prendre deux cafés et tu sauras tout !

— Vendu !


Le voyant s'éclipser de notre bureau, je pose mon caban bleu marine sur le porte-manteau avant de démarrer mon ordinateur professionnel. Dans quel état vais-je trouver ma boîte mail ? Deux minutes plus tard, une notification à trois chiffres répond à ma question. 116 mails m’attendent dont 62 de la part de Salomé Roussel. Soixante-deux, putain ! Bon ok, elle ne bluffait pas hier. Il va peut-être falloir que j’arrête de prendre cette femme à la légère, elle est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Maintenant, voyons voir si ce matraquage en valait la peine !


— Attends, c’est quoi ce bordel ? s’écrie une voix derrière moi.


En me retournant, je vois les yeux interloqués de Sacha qui scrutent mon écran.


— Ça ? C’est la petite journaliste qui ne peut plus se passer de moi !

— Je ne savais pas que les psychopathes harceleuses c’était ta came ! se moque-t-il.

— Elle est immensément chiante à me tanner pour pouvoir interviewer Roy, mais je me marre bien à la faire mijoter.

— T’as trouvé un nouveau passe-temps alors ?

— On peut dire ça comme ça.


Bien que je puisse saluer Salomé pour son effort, je mets ses mails de côté afin de me concentrer sur les cinquante-quatre restants. Je les trie rapidement pour pouvoir faire un résumé de mon week-end à mon ami. Sacha, lui, semble en avoir bien plus profité que moi. Une once de jalousie me gagne, il est vrai que j’aurais aimé décompresser en faisant la fête avec lui, néanmoins un peu sagesse ne fait pas de mal. Je fais tellement d’heures en ce moment qu’il n’aurait vraiment pas été raisonnable que je l’accompagne faire la tournée des bars. Vu mon état de fatigue, l’alcool m’aurait couché à 23 h 00, quelle vie ! Ce n’est pas comme si ma mère avait décidé, en plus de mes deux emplois, de me donner des tâches à accomplir pour le Noël familial.

Après ma prestation sur la glace, comme tous les ans, j’ai rejoint ma famille réunie au grand complet autour de barquettes de frites et de bières gelées. L’expression “l’exception qui confirme la règle” n’existe pas chez les Peeters, il n’y a jamais d’excuse valable pour contourner une tradition. Nous étions tous ensemble pour rire, organiser le réveillon du 24, et surtout pour manger les uns avec les autres. C’est la version officielle qui met plus ou moins tout le monde d’accord, notre oncle Léonard ne vient que pour boire. Si je passe en ce moment beaucoup de temps avec ma sœur Rose, je ne peux pas en dire autant de mes parents et de mon autre sœur Romy qui habite à une cinquantaine de kilomètres de Bruges. Profiter d’être avec eux reste ma seule motivation. Toutefois l’amusement qu’a pu provoquer Salomé Roussel hier a vite été éloigné par les directives millimétrées de ma mère. Je me retrouve donc à devoir aller chercher un sapin de Noël le week-end prochain avec mes neveux, ainsi qu’à acheter le vin pour le repas. Ce mois de décembre s’apparente de plus en plus à un film de Matt Damon.


— Bon, c’est quoi le programme du jour, James ? me demande Sacha alors que j’essaie de liquider ma boîte mail.

— A priori c’est calme, donc je vais déjà essayer vider cette boite mail, mais tu peux faire un point avec les community managers pour voir s’ils n’ont rien pour nous !

— Allez, on fait comme ça ! s’exclame-t-il en sortant de notre bureau. Si jamais la petite journaliste t’a envoyé des photos de ses petites fesses par mail pour te convaincre de lui donner cette interview, pense à moi !

— Dans tes rêves, Sacha !


Ça m’étonnerait fort que Salomé ait été si généreuse envers moi. Elle préfèrerait sûrement me séquestrer jusqu’à ce que je lui balance je ne sais quel scoop. En parcourant ses mails, je remarque qu’elle ne m’a pas seulement inondé de demandes identiques. Je parcours quelques articles qui traitent de l’impact psychologique des fêtes, puis d’autres sur la difficulté de sortir de la précarité. Salomé est maline, je ne peux pas le lui enlever. En faisant ça, elle joue sur la corde sensible pour que je me rallie à sa cause, sauf qu’il n’est pas question de camp, j’aimerais que tout soit beau, et rose, mais ce n’est pas le cas. C’est peut-être facile pour elle de chercher un bouc émissaire, mais je n’ai rien à lui offrir. Défilant le reste de ses envois, je ne peux m’empêcher de sourire.

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