Fyctia
Chapitre 3
J’ai l’impression que ma tête va exploser. Je travaille sur le même dossier depuis que je suis arrivée ce matin au bureau et je ne l’ai toujours pas terminé. Franchement, démarcher une grande surface pour qu’elle accepte de vendre des yaourts au lait de chèvre , c’est épuisant. Surtout lorsque le patron de cette grande surface se met à raconter son enfance à la campagne où il aidait la fermière du coin à traire les vaches. Comment dire à ce monsieur que je n’en ai rien à cirer de ses vaches laitières et de Marguerite, la plus grosse des bêtes, qui pouvait donner jusqu’à 28 litres de lait par jour ? Tout ce que je veux, c’est qu’il accepte de mettre en rayon nos pauvres petits pots. Rien de plus. Un soupire m’échappe. Il est 18h, je peux éteindre mon ordinateur, ma journée est terminée. Enfin, pas tout à fait. Ce soir, je retourne au bar. J’ai envie de m’amuser. J’ai envie de danser, de boire, et de faire la fête. Peut-être que j’y rencontrerais l’homme de ma vie ? Cette idée me fait rire jaune. Non. Je ne veux pas tomber amoureuse. Tout ce que je veux du haut de mes 25 ans, c’est de profiter de la vie. Le carré ASAS (Amis, Soirée, Alcool, Sexe) me convient parfaitement. Les relations stables ne sont pas pour moi. Je préfère le changement, le renouveau et les nuits d’ivresse. Je préfère m’envoyer en l’air avec un mec différent chaque nuit plutôt que de retrouver le même homme tous les soirs, lui préparer son repas, écouter le récit de sa journée de travail qui sera le même tous les jours et faire l’amour machinalement avant de m’endormir pour une nouvelle journée pas si nouvelle que ça. Il me faut de la nouveauté, de la découverte, de la surprise ! À bas la routine ! J’aime cette liberté de pouvoir décider si je veux être accompagnée ou pas pour ma prochaine nuit. Et aujourd’hui, j’ai décidé que je voulais l’être. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées. C’est ma meilleure amie qui m’appelle. Je décroche tout en fermant la porte du bureau derrière moi.
-Salut !
-Evaaaa ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu ! Vous me manquez, tes histoires de fesses et toi !
-Mes histoires de fesses te manquent plus que moi, avoue-le !
-Elles n’auraient aucune valeur si ce n’était pas toi qui les vivais !
Je souris. C’est l’un des pouvoirs qu’a Eléa sur moi. Elle arrive toujours à me remonter le moral.
-Il faut que je te raconte comme j’ai remis mon patron à sa place aujourd’hui !
-Et il faut que tu me racontes toutes tes nuits de folie aussi ! J’ai dû rater beaucoup d’épisodes.
-T’as pas idée.
Je l’entends rire à l’autre bout du fil.
-Passe ce week-end à l’appart !
-On fait ça ! bisous ma belle !
Je raccroche avant qu’elle n’ait pu répondre. De l’autre côté de la rue, un homme me fait signe de la main, l’air embarrassé. Je traverse, les sourcils froncés et m’arrête à quelques mètres de lui. Son visage m’a l’air vaguement familier.
-Salut Eva.
Il connait mon prénom. Super. J’essaye d’afficher un air enjoué, mais ça ne doit pas être très convainquant car il se gratte l’arrête du nez en regardant autour de lui.
-Tu as oublié ta… enfin si tu n’étais pas parti comme une voleuse tu l’aurais sans doute récupéré mais apparemment tu n’avais pas le temps.
Mais où veut-il en venir ?
-Tu m’as dit que tu travaillais ici alors je suis passé pour te la rendre.
Pour illustrer ses propos, il sort sa main de sa poche et me tend une culotte en dentelle. Ma culotte. Celle que j’avais laissé chez l’inconnu de la veille. Un passant me frôle le bras en nous dépassant ne regardant pas où il allait. Le petit tanga noir obnubilait apparemment toute son attention. J’attrape le sous-vêtement et le fourre dans mon sac aussi vite que possible. Je me souviens de ce mec maintenant. C’est celui qui était sur les photos aimantées au frigo. C’est donc avec lui que j’ai couché cette nuit.
-Je me disais que c’était peut-être l’occasion de t’inviter à boire un verre ce soir. J’ai passé une très bonne soirée en ta compagnie.
-Non.
-Quoi ?
-Si tu veux mon avis, tu dois avoir un sacré problème pour donner une culotte comme ça en pleine rue. Tu me diras, plus rien ne m’étonne quand je vois la gueule de ton chat et de la déco de ton appartement. Un lama avec un chapeau mexicain ? Sérieusement ?
Je secoue la tête et lui tourne le dos, sidérée par l’échange que je venais d’avoir avec lui et compose un numéro sur mon téléphone.
-Pourquoi tu me rappelles ?
-Eléa rejoins moi au café en bas de chez toi, sinon je vais faire des cauchemars de lamas portant des culottes en dentelle ce soir.
14 commentaires
Birdie
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Il y a 2 ans
tisszozo
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Il y a 2 ans
Mikky Sophie
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Il y a 2 ans
tisszozo
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Il y a 2 ans