Fyctia
Chapitre 17 - Fabian
— Est-ce que tout le monde a validé son cours de cuisine? interrogé-je l’ensemble de mes collègues.
— Pour ma part, j’attends la validation de la date à Lyon, annonce Alban. Le prestataire que j’ai sélectionné est full mais il voit pour décaler son cours de l’après-midi. Il a senti que c’était une bonne aubaine.
— Et il a raison! validé-je. Si les différents ateliers fonctionnent et attirent du monde, c’est quelque chose qui pourra être réitéré. Et il y en aura pour tous les goûts.
— A combien d’inscrits sommes-nous? demande Hugo.
— Toutes les villes sont complètes hormis Rennes et Clermont-Ferrand, s’enthousiasme Valentine. C’est ouf ! En seulement une semaine.
— C’est clair. C’est un carton! s’exclame Maxime.
— Il en manque combien? poursuis Hugo.
— Un à Rennes et trois à Clermont-Ferrand.
— La deadline est mercredi. Je vais refaire un post sur les réseaux, ajoute Maxime.
— Parfait, conclus-je.
Je rejoints mon bureau et m’installe confortablement dans mon fauteuil. Je bascule la tête en arrière et me berce quelques instants. Je suis excité comme une puce. Depuis que Naïs m’a confirmé son inscription, j’ai du mal à tenir en place. Une idée germe dans mon cerveau surchauffé. Je crois avoir la solution pour me rendre sur l’atelier incognito. Je m'empresse d'informer Maxime pour valider.
— Tu as déjà posté sur les réseaux? le sondé-je.
— Dans deux minutes. Je finalise la mise en page.
— Attends. Fais seulement paraitre pour Clermont.
— Je ne comprends pas.
— C’est complet pour Rennes.
— Putain ça a été rapide!
— On peut dire ça.
— Je ne te suis pas.
— Disons que c’est moi le dernier inscrit, annoncé-je un peu gêné.
Mon pote m’observe l’air ahuri. Comme si je venais de débiter une connerie plus grosse que moi.
— Je ne vois pas ce qu’il y a de surprenant là-dedans, me défend-je. L’idée est de me faire passer pour un candidat pour pouvoir observer de l’intérieur.
— Genre patron incognito?
— Si tu veux, mais je n’ai pas besoin de me déguiser. Personne ne me connait.
— Et après tu te lances dans l'adaptation des princesses de l'amour? T'en as pas marre de pomper les émissions de télé, se moque-t-il franchement. Fais simple et profites-en pour te taper une agricultrice.
Maxime se marre et moi je me fais tout petit. Il a presque tapé dans le mille. La différence, c’est que ma démarche n’est pas de me dégoter un plan cul, mais bien de rencontrer Naïs et de confirmer mon feeling.
— N’importe quoi. Ça me permettra de cerner les différents profils et de voir comment ils réagissent, noyé-je le poisson.
— C’est pas con. Comme les autres célibataires ne se doutent de rien, ils n’auront aucune retenue pour discuter et balancer ce qu’ils pensent de l’atelier.
— Je te remercie. Les bonnes idées ne te sont pas uniquement réservées.
Mon subterfuge fonctionne. par contre, le boomerang risque de me revenir en pleine face. Le double effet KissCool. Au moins, je pourrai prendre le temps de discuter avec Naïs sans être dérangé par l’organisation. Une chose après l’autre.
**
Juché sur un tabouret dans la cuisine de Gaby, j’avale une gorgée de bière. L’amertume parfume mon palet tandis que j’apprécie la fraicheur qui coule dans ma gorge. Je ferme les yeux et savoure cet instant de détente.
— Hugo rentre à quelle heure? questionné-je Gaby.
— Il finit son cours dans vingt minutes, me répond-t-elle en regardant sa montre. Il sera là dans moins d’une heure.
— C’est cool qu’il ait repris la boxe. Ça lui permet d’évacuer la pression.
— Ouais. Et moi après j’adore jouer à l’infirmière et soigner tous ses bobos.
— Dans moins d’une heure, je suis parti. Hors de question que j’assiste à votre débauche, la taquiné-je.
— J’espère bien. Je ne donne pas dans les plans à trois.
— Je vois que ce qu’on dit est vrai.
— Et qu’est-ce qu’on dit?
— Que la grossesse rend les femmes nympho.
— Je plaide coupable.
J’adore discuter avec Gaby. Il n’y a aucun tabou. Et par-dessus tout, j’aime sa franchise. Elle ne prend pas de chemin détourné pour me dire ce qu’elle pense.
— Au fait, comment ça s’est passé avec ton frère au téléphone? m’interroge-t-elle après avoir siroté une gorgée de son virgin mojito.
— Moins catastrophique que je ne l’aurais pensé.
— C’est-à-dire?
— Il m’a raccroché au nez.
— Effectivement. Au moins, vous ne vous êtes pas engueulés.
— Tu vois vraiment le positif en toute circonstance.
— On va dire que je relativise plus tôt. Du coup, tu lâches l’affaire?
— Si je n’aimais pas autant les défis, je pense que j’aurais abandonné ouais. Mais je suis une tête de mule.
— Un âne bâté oui, se moque-t-elle. Et donc?
— J’ai rappelé une deuxième fois. Il n’a pas décroché. Une troisième fois. Et c’est Marie qui a répondu.
— Tu comptes développer à un moment donné ou je dois te torturer?
— Pour te la faire courte, on a discuté quelques minutes. Je lui ai dit que je venais prochainement dans la région et que je pensais passer les voir.
— Et elle a répondu quoi? Putain, faut vraiment te tirer les vers du nez! s’agace Gaby.
— Qu’elle était hyper contente que je fasse la démarche et qu’elle va travailler mon frère au corps pour le convaincre de me voir.
— Je ne la connais pas beaucoup mais elle a du tempérament. Elle saura trouver les mots.
— J’espère. Sur ce coup-là, j’ai besoin de son aide.
— Affaire à suivre donc.
L’affaire se déroule ce week-end comme elle dit. Et la pression monte. Doublement. Je vais enfin rencontrer Naïs et je me sens comme un enfant attendant le passage du Père Noël. J’y mets beaucoup d’espoir et d’innocence. Et d’un autre côté, je veux retrouver mon frère et la relation que nous avions autrefois. Je sais que Rome ne s’est pas faite en un jour mais je doute. Antoine est un homme fier. Plier n’est pas dans ses habitudes.
— Et ton agricultrice?
— Naïs, reprends-je Gaby.
— Ok. Naïs. Tu lui as avoué?
— Non, avoué-je. Et ce n’est pas la peine de me rechanter la chanson. Je connais les paroles. Si ça se trouve, il n’y aura aucune attirance et l’affaire sera réglée.
— C’est toi qui vois. Je…
— T’aurais prévenu, oui je sais, terminé-je sa mise en garde à sa place.
— Et si le feeling se confirme? Et que tu tombes amoureux?
— On en est loin.
— Admettons. Dans le cas contraire, as-tu envisagé que tu pourrais retourner vivre à la ferme?
Je ne l’avais pas vu venir celle-là. Gaby a vraiment le don de me pousser dans mes retranchements. Je ne m’étais même pas posé la question. Quel imbécile je fais! Quand tu dragues une agricultrice, tu dois anticiper ce genre de chose.
— As-tu songé au fait que tu reviendrais sur tes convictions, et retrouverais la vie que tu as fuie dès le bac en poche? poursuit-elle.
— Qui m’a poussé à m’inscrire sur cette fichue application? la taclé-je en manque d’arguments.
— Ne me rejette pas la faute s’il te plait. Tu dois y penser avant de t’engager plus loin avec elle. Tu n’as pas le droit de t’amuser avec ses sentiments.
Mon cerveau est complètement embrumé. Je ne sais plus quoi faire. Suis-je prêt à renouer avec la vie que j’ai quittée?
Il est encore temps de faire machine arrière.
12 commentaires
Eva Baldaras
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Il y a 3 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 3 ans
Mae-Tomblaine
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Il y a 3 ans
Azélia Charin
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Il y a 3 ans
Narélia L
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Il y a 3 ans
car_amel
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Il y a 3 ans
Azélia Charin
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Il y a 3 ans
Jess Swann
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Il y a 3 ans
Azélia Charin
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Il y a 3 ans