Azélia Charin Country Love 2.0 Chapitre 2 - Naïs

Chapitre 2 - Naïs

Le soleil se lève sur nos champs de blé. Une couleur rouge orangée balaie le ciel comme si Hélios et son chariot de feu venait d’y faire un tour. J’aime ces moments où le temps semble suspendu. Apaisée par le va et vient régulier de ma balançoire, j’observe la nature qui m’entoure. La douce musique diffusée par mes écouteurs termine de me réveiller.

Depuis quelques mois, la cours de ma vie a relativement changé. J’ai dû quitter ma vie citadine pour rejoindre l’exploitation familiale. Je n’ai pas hésité une seule seconde pour venir en aide à ceux que j’aime.

Mes journées démarrent donc à l’aube. Après un rapide café, je commence par me rendre au moulin afin d’y récupérer le nombre de sacs de farine nécessaires pour la fabrication du jour. Je les dispose un à un sur la palette puis charge cette dernière à l’aide d’un transpalette. A bord de mon fenwick, je prends la direction du laboratoire, et effectue la manutention en sens inverse.

Je secoue mes gants en les frappant l’un contre l’autre. Le bruit indispose mon fidèle compagnon qui se prélasse devant l’immense fenêtre. Hercule s’étire toutes griffes dehors puis court jouer avec la poussière qui s’est échappée. Les particules fines créent un ballet gracieux dans le rai de lumière. Je suis toujours émerveillée d’observer mon chat s’amuser d’un rien. Sa vie ne souffre d’aucune contrainte, si ce n’est celles que je lui impose.

Je viens d’entreposer plusieurs sacs de farine dans le coin gauche de la pièce. Le temps de reprendre mon souffle, je contemple la vue sur l’exploitation. Des dizaines d’hectares de cultures de céréales me font face. Le travail d’une vie. Celle de mon père, du sien avant lui et de mon frère. Au souvenir de Massime, une larme vient perler au coin de mes yeux.

Pas trop le temps de faire la nature morte. Un dur labeur m’attend. Je dois lancer la fabrication des pâtes au blé dur. Alors, d’un pas rapide, je me dirige vers le vestiaire pour revêtir mes habits de lumière. Vêtue d’une combinaison intégrale, de sur-chaussures et d’une charlotte, je suis fin prête pour la fashion week. Je lance ma playlist et mime un défilé haute couture jusqu’à la machine. Au passage, j’en profite pour attraper un sac de quinze kilos de farine. Ma démarche devient moins sexy et chaotique.

— Allez, fini de faire la belle des podiums ! J’ai d’autres chats à fouetter, me motivé-je.

Mon petit animal de compagnie se carapate prenant mon expression comme une menace.

— Mais non, Hercule ! Reviens !

Qu’il est con ce chat.

Je verse la farine dans la cuve et y ajoute la quantité d’eau nécessaire, ainsi que les œufs. J’active la programmation et le pétrin fait le reste. Pendant ce temps-là, je positionne le moule en cuivre qui me permettra d’obtenir les pâtes en forme de coquillage. Le laboratoire est presque entièrement automatisé, ce qui me facilite la tâche. Ne me reste que la manutention. Les premières pâtes commencent à tomber sur la plaque de plastique blanche. J’en goûte une pour vérifier la consistance et le goût. L’élasticité est bonne et je reconnais bien la saveur du blé. Mon palais est devenu aiguisé au fil des mois. Les tablettes se remplissent les unes à la suite des autres et je les empile sur un rac. Une fois que celui-ci est plein, j’enchaine avec un suivant et ainsi de suite. Je travaille à la chaîne et ne vois pas le temps défiler.

— Bonjour ma fille ! annonce joyeusement ma mère en arrivant. Je t’ai apporté du café bien chaud.

— Merci Maman. Une petite pause me fera du bien.

Je retire mes gants et vais la rejoindre pour l’enlacer.

— Je vais être encore pleine de poussière, se moque-t-elle gentiment.

— Tu ne peux pas dire non à mes câlins, la serré-je plus fort en ricanant.

Assise sur le tas de sacs de farine, ma mère me tend une tasse de café fumant. La nicotine est ma came. Depuis que je me lève aux aurores, si je n'ai pas ma dose, je ne tiens pas la cadence. J'hume le nectar brun et soupire de bien-être.

— Le repas sera prêt pour 13 heures, me précise ma mère. Tu penses que tu seras quitte ?

— J'ai encore une tournée à faire et ensuite je mettrai les racs dans la salle de séchage. Tu peux compter sur moi !

— Je te dis à tout à l'heure ma fille.

— A tout à l'heure maman. Et merci pour le café.

Elle s'en va en me soufflant un baiser. Depuis le drame, elle est aux petits soins pour mon frère Milo et moi. Elle nous surveille comme le lait sur le feu. Ses journées sont rythmées entre s'occuper de ma petite nièce Madeleine et préparer les repas pour les ouvriers et nous. Tant qu'elle est occupée, elle ne pense pas.

Quant à mon père, il s'est refermé sur lui-même. Il ne se pardonne pas ce qu'il s'est passé. Telle une ombre, il ère sur l'exploitation et travaille comme un forçat alors que l'heure de la retraite a sonné depuis quelques années déjà.

13 heures. Je retire ma tenue de travail, me lave les mains puis rejoins notre grande cuisine. Une immense table en chêne trône au centre de la pièce. De chaque côté est disposé un banc sur lequel quatre bons gaillards peuvent s'installer. Et au bout, une chaise, la place du patriarche. Les effluves d'une bonne viande en sauce vient me chatouiller les narines. Ma mère est un fin cordon bleu. Au menu, une blanquette de dinde accompagné de riz.

Tout le monde s'installe : mon père, ma mère, mon frère Milo, ma belle-sœur Solenn, Madeleine, les trois ouvriers et moi. Le repas se passe dans une ambiance bon enfant. Ma nièce a cinq ans et n'a de cesse de faire le pitre à table. Comme nous lui cédons absolument tout, elle sait nous amadouer à coups de moue boudeuse, de yeux de Chat Potté ou de sourires malicieux. Un diablotin au visage d'ange.

— Tout s'est passé comme tu voulais ce matin ? m'interroge mon frère.

— Nickel ! Comme sur des roulettes. J'ai bien avancé et aurais terminé avant 16 heures. Je pourrai aller aider Solenn à la boutique ensuite.

— Tu vas t'épuiser à la tâche, s'inquiète Milo.

— Ne t'en fais pas pour moi. Je suis une costaud ! plaisanté-je pour le rassurer.

C'est vrai que je ne mets pas de temps à m'endormir le soir. A peine la tête posée sur l'oreiller que : 1, 2, 3, sommeil ! Je ne compte pas mes heures et mets tout en œuvre pour que nous sortions la tête de l'eau. Grâce à mon master en agroalimentaire, j'ai eu les idées afin de nous diversifier et éviter la banqueroute. Et avec l'aide de la famille et des proches, nous commençons à voir le bout du tunnel.

Au moment de quitter la table, ma nièce s'accroche à ma jambe.

— Je peux venir avec toi Tata Nana ? me supplie Madeleine.

— Je t'ai déjà expliqué qu'au laboratoire, tu ne pouvais pas venir avec moi. Mais promis, quand j'ai terminé, je viens te chercher et tu viendras jouer à la marchande avec moi à la boutique.

— Chouette ! s'extasie-t-elle en partant en sautillant.

Libérée, délivrée, je reprends le chemin du labo. Une vibration se fait sentir dans la poche arrière de mon jean. Je sors mon smartphone et ouvre la notification.

" RDV ce soir au Bar du Palais. Et pas de faux plan ! Lolotte"


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78

78 commentaires

Cin_dy

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Il y a 3 ans

Je trouve que la partie dans laquelle tu décris le travail de Naïs est un peu trop détaillée.. J'ai eu du mal à accrocher. Pour le reste, nous faisons connaissance avec ton héroïne dans une ambiance un brin poétique 🙂

Azélia Charin

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Il y a 3 ans

Ok je note

Noémie H.

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Il y a 3 ans

Ce serait bien d’aérer un peu ton texte et de le diviser en paragraphe, ça faciliterait la lecture 😉

Emygane

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Il y a 3 ans

Deuxième bon chapitre ! On et dépayse et on part à la campagne avec Nais et ça c’est vraiment chouette 🥳

Azélia Charin

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Il y a 3 ans

Merci beaucoup !!

Mae-Tomblaine

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Il y a 3 ans

Notre héroïne ne manque pas de motivation et d'entrain, ça donne envie! 😄

Guyanelle

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Il y a 3 ans

Oh, quel joli chapitre d'entrée pour ton héroïne! Entre douceur et concessions, on la découvre dans son univers, et celui de sa famille: c'est un régal. Le soleil se lève sur le chapitre comme sur sa journée avec une poésie qui me touche énormément. Ce cadre bucolique se profile comme le lieu idéal pour une histoire douce et authentique. Hâte de découvrir la suite!

Azélia Charin

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Il y a 3 ans

Avoue ! Tu veux me faire pleurer 😢

Guyanelle

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Il y a 3 ans

même pas ^^ juste te dire ce qui me plaît déjà et que je me dois de souligner! ;-)

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 ans

Très bon chapitre de présentation. La vie de Naïs n'est pas de tout repos mais elle semble heureuse, entourée de personnes qui l'aiment et faisant un métier qui lui plait. Décidément, beaucoup de personnes mettent des chats dans leurs histoires, moi compris. Quand au rendez-vous du soir, hâte de découvrir la jeune femme en dehors de son exploitation.
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