Fyctia

Dans un des couloir du palais, un homme d'une trentaine d'années fait les cent pas devant deux gardes impassibles surveillant deux grandes portes. Les sourcils froncés, les yeux emplis de peur, l'homme se ronge les ongles, ne tenant pas en place. Derrière les portes, une femme crie et à chaque hurlement, l'homme ne peux s'empêcher de frémir. Chacun est une réelle souffrance pour lui.

Peu à peu, les cris diminuent, bientôt remplacé par un doux gazouillis incompréhensible. L'homme se précipite devant la porte regardant fébrilement la poignée. Elle bougea et une femme apparut et sourit.

— Sire, vous pouvez entrer. Son Altesse se repose.

Il ne se le fit pas dire deux fois et entre précipitamment dans la pièce. Sur les murs, des tableaux où l'on peut voir les noms et les portraits des anciens rois et reines sont accrochés. Au milieu de la pièce, un lit à baldaquin est installé, et dessus, un femme en train d'allaiter un nouveau-né.

— Oh, milles mercis au Dragon ! s'exclame l'homme en venant s'asseoir sur le lit aux côtés de son épouse.

— C'est une petite fille, chuchote la reine. Nami sera son nom. En langage ancien, cela signifie vague.

— Nami, murmure le roi, des étoiles dans les yeux. Nami...

À ce moment-là, les lumières s'éteignent brusquement, les rideaux se soulèvent par un vent invisible, du gel apparait sur les fenêtres. La reine serre la petite Nami dans ses bras, inquiète. Aux côtés de la mère, la femme qui l'a aidé à accoucher, une Atlante Rose, tente de calmer la petite qui pleure. Le roi, quant à lui, se lève et fait le tour de la pièce, tentant de trouver l'origine de ce problème. Les gardes, sentant que quelque chose ne va pas, entrent en vitesse dans la chambre, armés, prêts à protéger leurs souverains.

— Au nom de Sa Majesté le Roi des Atlantes, montrez vous intrus ! clama un garde.

Les deux allumèrent une boule de couleur dans leurs mains, l'une bleue, l'autre jaune.

Les portes claquent, la pièce se refroidit de plus en plus et Nami ne fait plus aucun bruit.

— Poema ! Pourquoi Nami ne pleure-t-elle plus ? Est-elle morte ! Oh, par le dragon, faites quelque chose ! Que se passe-t-il donc ? s'affole la reine.

— Madame, calmez vous. Votre fille est en vie, mais plus vous vous affolerez, plus elle sentira que quelque chose ne va pas et pleurera, la calma Poema en lui passant une main sur le front. Ce doit être une fenêtre mal fermée, rien de plus.

Les gardes, toujours en alerte, s'approchent des fenêtres mais signifièrent d'un signe de tête qu'aucune n'est ouverte.

Soudainement, elles volent en éclats, les gardes sont projetés à l'autre bout de la pièce. Trois personnes encapuchonnées s'avancent vers le lit. Les deux gardes se relèvent et court se poster entre la reine et les intrus.

Le plus grand ricane et sortit une main de sous sa cape. Devant la couleur qui l'entoure, un des gardes tenta d'aller chercher de l'aide, mais la personne serra le poing et l'homme s'écrasa au sol en hurlant de douleur.

— Votre Altesse, dit-il en s'inclinant. Je vois que vous avez une descendance.

— Ne t'avise pas à la toucher, ni même à t'approcher, Arcanum. Tu es banni du royaume, les gardes royaux ne vont pas tarder à arriver pour t'enfermer aux cachots ! dit le roi en serrant les dents

— Très bien, mais j'en aurais fini avant.

Malgré l'interdiction, il s'approcha quand même de la reine affolée, sans que personne ne lui oppose de résistance. Que peuvent ils faire contre l'Atlante Noir ?

Arcanum s'assit au bord du lit et prit le bébé dans ses bras.

— Un si petit ange. Une petite princesse. De quelle couleur seras tu, hein ? Noir comme moi ? Ou Blanc et Gris, comme mes adeptes ? murmure Arcanum.

À côté de lui, la reine laisse échapper un gémissement de peur.

— C'est sûr que tu seras puissante, ma petite. Je ne peux te laisser ici et tes parents le comprendront.

Alors qu'il se levait pour partir, le courant d'air glacial revint, et le Monochrome se tourna vers ses acolytes.

— Fatal, c'est bon, tu peux arrêter, dit-il d'une voix glaciale.

— Maître, ce n'est pas moi, cette fois-ci, répondit il hésitant.

Les portes claquent et une fumée violette s'élève du corps de Nami. Alors que la reine tentait de récupérer son enfant, les yeux de la petite s'ouvrirent. Ils étaient noir de jais, il n'y avait plus aucune trace de lumière dans son regard. Une voix rocailleuse sortit de sa gorge :

— Quand l'argent naîtra

La Lumière se sera

Quand l'or naîtra

Le Noir se sera

Temps de douleur et de mal

Une femelle, un mâle

Voie tracé depuis des millénaires

Sauver ou détruire la Terre

Poussière à décrypter

Feuilles de thé

Chemin à suivre

Tâche à poursuivre

Quand l'obscurité attaquera

La vraie magie dévoiler le devra

Lumière et Noire s'allieront

Ou les Mondes périront

Quand l'argent naîtra

Lumière deviendra

Quand l'or naîtra

Noir deviendra

Le silence se fait dans la petite pièce, tout le monde regardent Nami. L'acolyte d'Arcanum qui n'avait pas encore ouvert la bouche murmura :

— Une prophétie. La princesse doit faire l'objet de la prophétie.

Le Noir relève la tête vers son camarade et, malgré la capuche qui lui cache le visage, il sourit.

Bien décidé à emmener l'enfant avec lui, L'Atlante s'élança vers la fenêtre et sauta dans le vide, emportant l'enfant avec lui.

La reine hurla et implora qu'on lui ramène sa fille.

Partout dans le royaume, les soldats sont mobilisés pour rattraper Arcanum.

Dans la chambre, la reine est en larmes dans les bras de son mari.

— Ils ont pris notre fille. Pauvre Nami.

Finalement, épuisée par l'accouchement et les évènements, la mère s'endormit.

— Sire, Madame ! Nous avons rattrapé Arcanum dans son repaire. Il a réussi à s'enfuir, mais nous avons récupéré la princesse, ainsi qu'un petit garçon de deux ans qu'ils ont dû oublier sur place dans leur précipitation, dit un garde en tendant l'enfant. Que devons nous faire du petit ?

— Confiez le nous. Je l'élèverai comme mon fils, murmura la reine. Sa couleur a-t-elle été révélée ?

— Pas encore, Madame. Doit-on vous apporter l'enfant ?

— Oui. Faites le venir. Il deviendra le frère de Nami, il servira le bien. Oh ! Et, je vous en prie, que la prophétie n'atteignent les oreilles de personne, ajouta la reine, toujours sur le même ton.

— Il sera fait comme vous le souhaitez, dit le garde avant de reculer vers la porte.

— Comment s'appelle le petit ? demanda le roi.

— Kael, Monseigneur.