Fyctia
Chapitre 10
Les paupières encore à demi collées, je pousse un soupire lascif en m'étirant. J'ai chaud, je suis encore fatiguée et j'ai mal au dos. En plus, j'ai l'impression que le lit est moins grand qu'à l'accoutumée. Instinctivement, je repousse à deux mains ce qui me gêne et c'est un grognement qui me répond.
J'ouvre un oeil, tire sur la couette pour voir celui qui se cache en dessous et lui dit, en lui donnant un petit coup de pied dans le tibia:
- Qu'est-ce que tu fais encore là ? Je croyais que tu ne t'attardais jamais chez tes conquêtes.
- Mes conquêtes ? se moque Ethan en se redressant sur les coudes, exposant son torse musclé à mon regard gourmand.
Il m'adresse un sourire taquin, comme à son habitude, tandis que je laisse courir mes doigts sur ses abdominaux. Ce qui lui arrache un petit gloussement, loin d'être très masculin, mais terriblement adorable. Bon sang, il me fait fondre.
- T'as quelle âge exactement ? T'es sûre qu'il y a pas une grand-mère cachée là-dessous...
Du bout des doigts, il soulève le t-shirt que j'ai enfilé pour dormir, puis, après avoir examiné mon corps nu un instant, il me fait basculer sur le côté et mord ma fesse. Je râle pour la forme mais finis par glousser quand sa langue s'attarde sur ma chair.
Satisfait de m'avoir arraché un rire, il sort du lit et lève les bras au ciel pour détendre son dos, m'offrant une vue plutôt sympathique sur son postérieur, sur lequel il colle une fessée avant de se pencher pour ramasser ses vêtements au sol. Une fois qu'il a enfilé son caleçon, il attrape un oreiller qu'il me jette à la tête.
- Et si tu m'offrais un café ? Au lieu de me mater comme une dévergondée.
- Comme si tu ne savais pas où ça se trouve.
Depuis le rendez-vous surprise organisé par Élise, dimanche dernier, Ethan et moi nous sommes vus tous les jours, ou presque, mais c'est la première fois que je le retrouve dans le lit à côté de moi.
En règle générale, je le surprend dans la cuisine ou la salle de bain, alors qu'il est sur le point de partir, et tous les matins il me réclame son petit-déjeuner. D'habitude, je me plie de bonne grâce, mais aujourd'hui c'est le dernier jour avant la fin du week-end, et même si j'ai l'intention de m'entraîner, je compte bien dormir un peu avant.
Ethan rit en m'entendant grogner dans mon coussin, puis il se dirige vers la cuisine. Les yeux fermés, je tends l'oreille et le bruit des couverts qu'il brasse dans le tiroir, le ronronnement de la cafetière finissent de me réveiller, moi et mon estomac qui crie famine. Je pourrais me lever pour le rejoindre et déjeuner avec lui, mais mon corps me semble peser une tonne et finalement Ethan revient déjà dans la chambre. Il dépose une tasse sur ma table de nuit et un baiser dans mes cheveux avant de me tendre son poing pour que je le cogne avec le mien.
C'est bizarre, mais c'est la manière qu'il a choisi pour me dire au revoir.
Un peu comme s'il avait décidé qu'un baiser sur les lèvres était trop romantique et une tape dans la main pas assez. Je crois que c'est sa façon de rester intime tout en gardant une distance de sécurité, pour être sûr que je ne m'attache pas. Aucun soucis à se faire de ce côté là, j'ai beau apprécier tous ces moments passés en compagnie d'Ethan, mon avis n'a pas changé à ce sujet. JE.NE.PEUX.PAS.LAISSER.ENTRER.UN.HOMME.DANS.MA.VIE.
D'autant que le concours n'est plus qu'à une semaine, et que ces nuits de débauche, aussi plaisantes soient-elles, commencent à me fatiguer. Si je veux avoir une chance de gagner ma place de sujet, Ethan et moi allons devoir réduire la fréquence à laquelle nous nous voyons, peut-être même arrêter pendant un temps.
Bien que je n'en ai aucune envie.
Depuis l'encadrement de la porte de ma chambre, Ethan m'observe sans dire un mot. Sentant son regard peser sur moi, je me tourne pour lui demander ce qui lui arrive - sans parler - il sourit d'une manière un peu troublée, puis se ressaisit et me dit:
- Désolé, je profitais encore un peu de la vue. Allez, je dois filer. On se voit demain ?
Je m'assois au bord du lit, attrape la tasse de café encore fumant et offre un regard en coin à celui qui attend ma réponse sans dire un mot.
- En fait, je crois qu'il vaut mieux qu'on évite.
- Quelques jours seulement, je m'empresse d'ajouter.
Les bras toujours croisés, Ethan acquiesce d'un mouvement de tête, l'air désinvolte.
- Ok, pas de problème. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver.
Il m'adresse un dernier clin d’œil avant de quitter la pièce, puis mon appartement. Et une fois que je me retrouve seule, je ne sais plus quoi penser. Je crois que je suis un peu déçue qu'il ait accepté de ne plus me voir pour un temps incertain sans poser de question ou exprimer le moindre regret.
Je sais pourtant que ce type d'émotion n'a pas sa place dans notre "relation" - quelle qu'elle puisse être - mais il n'empêche que cette sensation étrange dans mon estomac est belle et bien présente.
Pour éviter de trop y penser, je décide de me concentrer sur mon objectif et les moyens de l'atteindre. Je suis si prêt du but qu'il serait dommage de tout gâcher maintenant, alors qu'il ne me reste qu'une dizaine de jours à tenir. Enfin, jusqu'à l'année prochaine et le prochain concours, qui lui me permettra de devenir première danseuse, si tout se passe bien.
Après avoir enfilé ma tenue d'entraînement, avalé un bol de muesli et noté les calories dans mon petit cahier, j'effectue quelques échauffements et me dirige vers l'opéra, le cœur toujours un peu lourd.
Je suis à la barre depuis une heure, peut-être plus, peut-être moins, je ne sais pas, j'ai perdu la notion du temps. Rien de ce que je vois ou fais ne m'apparaît satisfaisant. Si bien qu'après un énième enchaînement raté, je perds pieds. J'ai le souffle court et le cœur qui bat à tout rompre alors que je m'éloigne à reculons du miroir qui me nargue et me renvoie mon incompétence au visage.
A force de reculer, je percute Alliyah, une quadrille qui me retient et m'empêche de tomber. Elle commence par rire de ma maladresse, puis se renfrogne en voyant mon air paniqué.
- Adèle ? Tu vas bien ?
J'essaye de cacher mon malaise par un petit rire gêné, qui ne suffit pas à effacer l'inquiétude qui peint ses traits.
- Ce n'est rien. Je stresse à cause du concours, c'est tout.
Son visage s'illumine, comme si elle était rassurée, alors que nous ne sommes pas particulièrement proche, puis elle reprend sa place à la barre. Par le biais du miroir, elle m'adresse un sourire taquin et me dit :
- Je croyais que c'était à cause du garçon qui t'attendait au pied des marches de l'Opéra, l'autre jour. C'est ton petit-ami ?
Un peu surprise, je mets quelques secondes à lui répondre:
- Ethan ? Oh non, c'est juste un... copain.
Alliyah acquiesce en silence avant de reprendre ses échauffements, le sourire aux lèvres. Tandis que je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie en repensant à la manière soulagée dont elle a accueillit le fait qu'Ethan et moi ne sommes pas ensembles.
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Coeurs d'encre
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Zalla
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Beth Holland
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Il y a 5 ans
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Il y a 5 ans