emie.m.d_ Contre vent et marées Chapitre 33 (2/2)

Chapitre 33 (2/2)

J’essaye de trouver quelqu’un que je connais, quelqu’un qui s’amuse réellement, mais personne en vue. La lumière m’aveugle un peu, passant de rouge à rose, puis bleu et jaune. Les spots de laser essayent de rendre un peu plus techno la soirée, mais je trouve que ce n’est pas trop le délire de leur playlist.


En fait, j’ai l’impression de m’être préparée pour repartir aussitôt. Je pensais passer un bon moment avec tout le monde en dansant sur n’importe quoi, mais les seules personnes que je connais restent fixées sur leurs portables…


Un dernier coup d’œil, espérant secrètement de voir les cheveux noirs de Baptiste, mais aucune moustache en vue. Depuis que nous sommes rentrés, j’avoue qu’il s’est fait si discret que je ne l’ai pas croisé une seule fois. Je commence presque à regretter de l’avoir éloigné de moi, mais c’est pour mon bien. Je dois gagner.


Je soupire puis décide de partir. Peut-être que rester avec Lola devant un film sera une meilleure soirée, au final. Et puis au moins, on sera en forme pour demain. Car la compétition est loin d’être finie.


À l’extérieur, l’air est plus lourd que dans la journée, passant de grosse tempête à calme olympien. Quelques personnes se baladent en discutant tranquillement, mais le camping reste relativement silencieux. Je sors mon téléphone pour voir un message audio de Charline. Mon amie a demandé comment c’est passée mon premier jour alors je lui ai tout raconté de A à Z. Je sais que la partie sur la blonde va la révolter au point qu’elle serait capable de se pointer demain, mais je m’en fous. Les secrets nous ont trop fait de mal pour qu’on se mente encore.


Je clique dessus, prête à entendre ce qu’elle me dit mai surtout bien curieuse.



« Charline : Pardon ? J’ai bien compris ce que tu viens de me dire là ? C’est qui cette connasse qui se permet de te traiter comme ça ! J’espère que tu as demandé une protestation Amélie, ou que tu envisages de le faire parce que là, pas possible. Non mais en vrai j’hallucine. T’as déjà reçu des remarques dégueulasses avec moi, mais là j’ai l’impression d’être impuissante si loin de toi. Parles-en à quelqu’un s’il-te-plaît, comme ça si elle va trop loin on pourra lui péter ses dents ! Et ne dit pas non, tu aurais dit la même chose si j’avais été dans ton cas. Enfin bref, défonce tout ce que tu peux pour demain, tu as toutes tes chances de gagner Amélie. Ne te décourage pas et prends tout ce qu’on te donne comme opportunité. »



Le premier message s’arrête, j’appuie sur le deuxième.



« Charline : Punaise, ça a coupé ! Je disais que tu es à un national, tu es là pour gagner et aller aux championnats du monde. Je serai toi, j’utiliserai les protestations à bloc contre cette morue. Pense à toi avant les autres ma belle, je suis à fond derrière toi. Non, on est tous à fond derrière toi. Je dois te laisser, je suis un peu fatiguée j’ai passé la journée à la gendarmerie alors… bref. On parlera de ça en face à face. Gros bisous sur tes jolies fesses et bonne soirée. Je t’aime. »



- Je t’aime aussi, je murmure toute seule en arrivant devant mon bungalow.


Peut-être qu’elle a raison après tout, peut-être que je devrais protester et arrêter d’ignorer. Le problème, c’est que ça a toujours été ça ma solution pour les attaques sur le physique. Soit je confronte selon les situations, soit j’ignore. En pleine compétition, confronter est trop dangereux alors ignorer s’avère être la meilleure solution à mes yeux, mais j’ai tort, je pense. Je ne sais pas.


J’entre dans le bungalow en laissant mes chaussures à l’entrée puis toque doucement avant d’entrer dans notre chambre. Lola est assise sur son lit, un ordinateur face à elle et le paquet de chocolat ouvert sur le côté.


- Tout va bien ? Elle me demande en fronçant les sourcils.


- Oui oui, je pensais m’amuser mais en fait ils sont tous sur leur téléphone en train de draguer.


- Je te l’avais dit.


- Je sais.


Je me débarrasse de mon jean pour mettre un bas de pyjama mais garde mon haut. Après tout, c’est un bandeau noir qui pourra me servir de pyjama pour la nuit avec la chaleur qu’il fait.


- Lola ?


- Oui Amélie ?


- Je peux te déranger deux minutes ? Je sais que tu regardes un film mais promis je vais te laisser tranquille, je suis fatiguée de toute façon.


- Mais bien sûr, en plus il n'est pas si ouf que ça. Le mec surnomme la meuf « pigeon », encore une adaptation foireuse. Tiens.


Elle me tend le paquet que je lui ai offert et je pioche un chocolat plein de caramel. Il fond sur ma langue et me remonte directement le moral. C’est dingue comment la nourriture peut nous faire changer d’état en une bouchée.


- En fait…


Je commence à lui raconter ce qu’il s’est passé pendant qu’elle pleurait toutes les larmes de son corps sur l’eau. Je lui fais part de chaque parole, de chaque mot qu’a employé la blonde à mon égard et tant pis si je m’emporte en lui racontant mon histoire. Lola m’écoute d’une oreille attentive sans m’interrompre, jusqu’à ce qu’elle cherche à en savoir plus sur la situation ou les choses que j’ai pu omettre. Pendant une bonne heure, jusqu’à ce que le sommeil nous emporte, on discute de ma situation et du harcèlement en général qu’elle a vécu au collège. Du haut de ses quinze ans, son point de vue sur la situation m’éclaire quand même plus que je ne le pensais.


Quand je finis par me coucher, les paroles de la jeune fille tournent en boucle dans ma tête pour que mon cerveau décortique chacune de ses paroles.


Mais elle a raison. Charline aussi. Je ne dois pas me laisser faire.


Demain, je ne laisserai plus rien passer.


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