Sebastien Carré Comment J'Ai Épousé mon Commandant d'unité Jours 126 à 186 - 2

Jours 126 à 186 - 2

— Vincent, ça va ?


Allongé sur le dos, recouvert de sang et respirant difficilement, Vincent fixait son ami avec calme.


— Prends nos deux ceintures et fais-moi un garrot à la cuisse et un autre au bras. Ensuite, comprime ma plaie au torse après avoir mis ton tee-shirt sous le trou dans mon dos et rentré mes boyaux dans mon bide… Mais avant, s’il te plaît, appelle les secours…


Sa voix tremblait, et il semblait épuisé. Arthur passa l’appel, puis revint lui enlever son gilet de combat et lui fit les deux garrots. Après quoi il enleva son propre gilet, sa veste et son tee-shirt, et continua à suivre les instructions de son coéquipier.


— Tu vas t’en tirer, pas vrai ?


Redressant la tête pour regarder son ventre, Vincent répondit.


— Je ne suis pas vétérinaire… Mais ça a l’air mal barré…


— Non, ne dis pas ça…


— Je n’ai même pas mal… C’est ça, le plus dérangeant…


Les yeux rouges, Arthur répondit.


— Ne dis pas des trucs morbides, mais parle-moi, OK ? Que je sois sûr que tu restes conscient…


— Pour dire quoi ? Les seules idées qui me viennent à l’esprit sont morbides…


Arthur commença à pleurer. Il laissa passer quelques secondes avant de continuer.


— OK… Alors, écoute, si jamais tu devais mourir…


Un sourire fatigué sur son visage blême, Vincent le coupa.


— J’ai déjà rédigé un testament… Je ne te laisse rien, désolé…


— Ce n’est pas ça… Je veux ta bénédiction…


— Je ne suis pas curé… Et puis on dit les derniers sacrements, et c’est moi qui en ai besoin…


— Je sors avec ta sœur…


— Antinéa ?


— Ben... Oui… Pas Magalie…


— Depuis quand ?


— Le repas chez vous…


Vincent tendit prestement son bras valide et attrapa son ami par le cou avant de le tirer à lui.


— Tu peux être sûr que je vais m’en tirer, juste pour te casser la gueule en sortant de l’hôpital…


Relâchant sa prise, son bras retomba mollement au sol.


— Bah, mon vieux, pour un mourant, t’as une sacrée vivacité…


Le visage malheureux, il reprit.


— Ça veut dire que tu es contre ?


Un sourire fatigué et triste aux lèvres, Vincent répondit.


— Je ne pouvais pas rêver de meilleur beau frère, abruti. Elle aura besoin de toi dans les jours à venir…


— Merci…


Les secours commencèrent à arriver, tandis que le Sergent revenait à lui. Plusieurs équipes de secours s’occupaient des blessés légers causés par les tirs de Vincent, tandis qu’une demi-douzaine de pompiers s’affairait autour du soldat qui, toujours conscient, ne voyait plus que des formes floues autour de lui.


Mégane arriva quand son compagnon était évacué. En le voyant couvert de sang et de pansements sur le brancard, le visage lacéré par les éclats de céramique et affublé d’un masque à oxygène, percé de perfusions et la tête ballottante à chaque secousse, elle courut vers lui en hurlant. Vincent tourna la tête vers elle quand il sentit leurs mains se toucher, et lui sourit. Elle était le seul visage distinct au milieu des formes floues. Il lui murmura qu’elle ressemblait à un ange et qu’il s’en tirerait, tandis qu’Arthur venait arracher la jeune femme à l’ambulance, la gardant dans ses bras et essayant de lui apporter du réconfort. Leurs cris de lamentations montèrent à l’unisson quand l’ambulance démarra, gyrophares allumés et sirène hurlante dans la nuit.


Le lendemain matin, quand Mégane appela le père de Vincent, celui-ci comprit immédiatement. L’affaire avait déjà été relayée par les médias, et même si l’identité du soldat était restée inconnue, son régiment, lui, avait été cité. Devant le silence de la jeune femme, Marcel ne put qu’accepter ce qui s’était passé, et espérer que son fils s’en sortirait. Eugénie, quant à elle, s’évanouit quand son époux lui annonça la terrible nouvelle.

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2 commentaires

Beth Holland

-

Il y a 5 ans

Je suis désespoir 😰

Sebastien Carré

-

Il y a 5 ans

Allez, il est encore en vie
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