Fyctia

Léo et sa bande n’avaient pas traîné. Noël, une trêve ? Juste l’occasion de faire de nombreux repérages en vue des prochains cambriolages qu’ils rêvaient de commettre.

Le temps d’un week-end en amoureux, le vingt-deux et vingt-trois décembre, Léo avait emmené Marielle à Deauville.

Une escapade en voiture loin du tumulte parisien, une surprise bien orchestrée, parfaite pour évacuer le stress et penser à autre chose qu’aux fêtes.

Léo lui avait demandé de préparer une petite valise avec une tenue de soirée.

Il n’oubliait pas que Marielle aimait l’élégance, les galas, les soirées festives, certes un peu superficielles. Mais il se prêtait au jeu à l’occasion, par amour pour elle.

Marielle adorait l’idée d’une virée tous les deux, pour profiter l’un de l’autre, dans un décor bucolique, classe, où ils pourraient apprécier le calme et la mer.

L’hôtel le Royal amenait un peu de splendeur dans leur vie très simple. Une chambre immense, la vue imprenable sur la Manche, le service à l’étage par un personnel tiré à quatre épingles ravirent leurs yeux. Ils trouvèrent tout à leur goût, même si cela leur coûta une fortune.

Léo avait payé avec une liasse de billets. En toute simplicité.

Elle voulait dîner au Casino de Deauville. Pourquoi pas ? Après tout, cela faisait partie du complexe, un endroit incontournable, fréquenté par de nombreuses stars.

Il essayait toujours de se soustraire à ce genre de sauterie « m’as-tu vu », mais pour lui faire plaisir, que ne ferait-il pas ?

Il sembla même apprécier l’effervescence qui régnait dans la salle de jeu, qui l’attira aussitôt.

Son esprit compétiteur ne le quittait pas. Il passa la soirée à jouer à la roulette au casino.

Un brin passive, détendue, elle sirotait une coupe de champagne, assise à ses côtés, étonnée par tant de passion pour ce jeu de hasard. Ils étaient entourés de personnes avides du gain, leurs yeux brillaient, leurs mains tremblaient. Certains inséraient des pièces, encore des pièces, attendaient le verdict, la main sur la bouche, tout près de vivre leur rêve : être millionnaire grâce à un coup de chance.

Marielle s'ennuyait un peu, observait tous ces gens, dont la moyenne d’âge frôlait les cinquante ans, elle si droite, élégante dans sa robe de soirée rose pâle, ses escarpins brillants aux pieds et son chignon parfait d'où ne dépassait aucune mèche.

Le dimanche soir arriva très vite. Ils rentrèrent tranquillement, dans le calme de la nuit, deux heures trente de route au cours desquelles ils évoquèrent le long du trajet tous les fastes qu’ils avaient pu admirer, le lit moelleux, leurs corps enlacés entourés d’un décor royal. Le matelas avait gardé le souvenir de leur nuit torride, encore plus intense que dans leur petit appartement.

Son ventre ressentait soudain une tension inhabituelle, l’angoisse la reprenait à nouveau. Le petit séjour si joyeux qu’ils avaient vécus serait-il le dernier ?

Un coup de fil à minuit lui confirma ses doutes.

Léo avait rendez-vous mercredi dans les Hauts-de-Seine pour un braquage.

— À Nanterre ?

— Oui, un bijoutier, dans un quartier calme, avec une grande avenue pour fuir plus vite. Le mec est seul dans sa boutique. Il vend des bijoux qu’on pourra facilement écouler. C’est sans risque. À six heures devant chez toi, mercredi.

— OK, j’y serai. À mercredi, Tony.

Il raccrocha, se tourna vers Marielle, emplie de tristesse, la mine sombre.

— Ne t’inquiète pas, ton homme est fort, mes potes ont tout organisé, comme d’habitude, tout ira bien. Mercredi soir, on ira au resto.

Il la prit dans ses bras, caressa son dos, embrassa son cou, l’entraîna dans leur chambre.

Ils roulèrent sur le lit. Il la déshabilla lentement.

Pendant ces heures où l’amour prenait toute la place, elle oublia dans les bras de son homme les soucis et son avenir incertain.

Sur son avant-bras, on distinguait un tatouage qu’elle adorait : un puma toutes griffes dehors prêt à se jeter sur un cerf.