Pjustine Coeurs en équilibre Instant volé, monde bouleversé

Instant volé, monde bouleversé

La nuit a été courte. Après le départ d'Edward, je suis restée de longues minutes appuyée contre la porte d'entrée. Le cœur encore battant, les lèvres encore tièdes du souvenir de son baiser. Ce n'était pas juste un bisou, c'était une tempête, douce et brûlante à la fois. Son sourire, son regard, le timbre de sa voix résonnaient en moi. Quand enfin je me suis décidée à monter dans ma chambre, je me suis allongée dans le noir, scrutant le plafond comme si j'y trouverais des réponses. Les ombres dansaient au plafond et chaque fois que je fermais les yeux, ses lèvres revenaient se poser sur les miennes. Elles éveillaient en moi une chaleur qui refusait de s'apaiser.


Était-ce un simple moment volé ? Une promesse pour l'avenir ? Je n'avais aucune réponse. Et pourtant, l'incertitude me troublait autant qu'elle me séduisait.


En me redressant ce matin, j'ai l'impression de flirter entre rêve et réalité. Ai-je réellement dormi ? Je n'en suis pas sûre. Mes pensées ont tourné en boucle toute la nuit. Sa main qui se pose sur la mienne, son regard intense, ses mots murmurés. Chaque détail semblait plus réel que jamais. Les bruits familiers de la maison me ramènent sur terre : les pas de mamie Elizabeth dans la cuisine, le cliquetis des tasses, le murmure de la cafetière. Une part de moi voudrait rester cachée sous la couverture.


Je descends enfin, pieds nus, attirée par l'odeur du café chaud. Ma grand-mère est là, dans sa robe de chambre rose bonbon. Elle tartine du beurre sur une tranche de pain grillé. Elle lève les yeux vers moi et son sourire s'élargit immédiatement.


- Eh bien, ma poupette, tu es bien matinale aujourd'hui, dit-elle en me tendant une tasse fumante.


Je hausse les épaules et m'assoie, un sourire forcé aux lèvres. La chaleur de la tasse entre mes mains me ramène à l'instant présent.


- Je n'ai pas beaucoup dormi.


Elizabeth fronce les sourcils et s'installe en face de moi. Ses yeux clairs et malicieux me détaillent sans retenue.


- Pas beaucoup dormi... ou pas dormi du tout ? demande-t-elle avec un sourire en coin.


Je détourne les yeux et joue distraitement avec la cuillère dans ma tasse.


- Juste... des choses en tête, réponds-je, vaguement et espérant détourner la conversation.


Mais elle n'est pas dupe. Ses doigts tambourinent doucement sur la table et elle continue de m'observer avec un intérêt grandissant.


- Oh, ça, je n'en doute pas. Ce sont des « choses » qui te font sourire bêtement ou bien des « choses » qui te donnent envie de te cacher sous ton oreiller ?


Je laisse échapper un rire malgré moi. Comment fait-elle toujours pour lire en moi comme dans un livre ouvert ?


- Ce n'est rien de tout ça, mamie. Tu t'imagines des trucs.


Elle secoue la tête, faussement déçue et attrape un nouveau morceau de pain grillé.


- Ah, vraiment ? Alors explique-moi pourquoi tu as cet air-là. On dirait une jeune fille amoureuse.


Le mot tombe comme un couperet. Mon cœur rate un battement. Le rouge me monte aux joues, comme trop souvent ces derniers temps.


- Mamie ! m'exclamé-je, prise au dépourvu par sa remarque.


Elle éclate de rire et lève les mains en signe de reddition.


- Bien, bien, j'arrête. Mais tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ?


Je hoche la tête, même si je sais qu'il est hors de question que je lui parle de ce baiser. Pas maintenant. Pas alors que je ne sais même pas ce qu'il signifie pour moi. C'est un secret encore trop précieux pour être partagé.


Elizabeth, dans sa sagesse infinie, ne me presse pas. Elle change de sujet, l'air cette fois faussement désinvolte.


- Et ce dîner chez ton amie Charlotte, alors ? Ça s'est bien passé ?


Je hausse les épaules et hésite sur ce que je peux partager.


- Oui, c'était... intéressant, dis-je finalement.


Mamie arque un sourcil, sceptique.


- Intéressant ? Avec Charlotte, je suppose que ça veut dire beaucoup de sous-entendus et une bonne dose d'hypocrisie.


Ma grand-mère n'a jamais été fan de Charlotte et elle ne s'en cache pas.


- Elle a été... égale à elle-même, admets-je.


Elizabeth hoche la tête d'un air entendu comme si elle s'y attendait.


- Égale à elle-même... C'est-à-dire, toujours prête à impressionner avec son grand sens du spectacle ?


Les souvenirs de la veille s'imposent à moi. La maison immaculée de Charlotte, ses gestes soigneusement orchestrés et surtout Edward à mes côtés. Élément que je m'abstiens bien de lui révéler. L'idée même de dire à haute voix que Edward Johnson m'a accompagnée et que nous avons joué les faux couples semble inconcevable.


- Et avec Edward ?


C'est une sorcière ? Comment fait-elle pour être aussi intuitive ?


- Edward, euh... non avec Edward rien de plus, balbutié-je.


Elizabeth éclate de rire, un rire franc et chaleureux.


- Rien de plus ? Ma pauvre enfant, tu es incapable de mentir. Regarde-toi, on dirait une tomate mûre.


Je tente de cacher mon visage dans ma tasse de café mais c'est inutile. Mamie a déjà tout compris. Elle pose une main réconfortante sur la mienne.


- Ne t'inquiète pas, ma chérie. Je ne suis pas là pour te juger. Mais promets-moi une chose : quoi qu'il arrive, ne laisse pas la peur décider pour toi. Tu es une grande fille, Amélia. Tu sauras quoi faire.


Je hoche la tête, touchée par ses mots. Elizabeth se lève, ramasse sa tasse vide et se dirige vers l'évier. Elle quitte la pièce et je reste seule à table, le regard perdu et ressassant encore et encore les événements de la veille. La chaleur de ses lèvres, la profondeur de son regard et cette question : où s'arrête le jeu ?


Je ne sais pas combien de temps je reste là, immobile. Mais la vibration soudaine de mon téléphone sur la table me fait sursauter. Je le prends et vois un message de Margaret.


Margaret - 07:18

Mia, appelle-moi tout de suite. C'est urgent !!!!!


Je fronce les sourcils et ouvre le message. Un lien accompagne ses mots. Mon cœur s'emballe alors que je clique dessus. Une page s'ouvre et mon estomac se noue instantanément.


Des photos. De Edward et moi.


La première nous montre sortant de la maison de Charlotte, l'air détendu. La suivante est bien pire : une image floue mais reconnaissable de nous dans la voiture, ses lèvres qui effleurent les miennes à travers la vitre.


Edward Johnson et une mystérieuse inconnue : la romance secrète dévoilée ?


Le titre clignote sous les photos, accompagné de commentaires qui affluent déjà sous l'article. Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend.

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9 commentaires

Estelle Miccoli

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Il y a 4 mois

À jour ^^!

lorrely

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Il y a 4 mois

À jour 🌟

AetherOnIce

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Il y a 4 mois

Oups, ils se sont pas débarrassés des fouineurs au final >w<

Pjustine

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Il y a 4 mois

mmmh non... 😢

Oswine

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Il y a 4 mois

Débloquée ! 😍 J'adore haha

Pjustine

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Il y a 4 mois

Merciii beaucoup !
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