Fyctia
Chapitre 7 - Adriàn - [2/2]
Il y a quelques années, nous avons essayé de franchir la barrière de la simple relation de travail et ça n’a pas été très glorieux, puis ça n’a pas duré longtemps. Nous avons passé de bons moments au lit, il ne faut pas se mentir, elle est ravissante en plus d’être brillante. Mais ça n’a pas marché. En revanche, j’ai apprécié le fait que nous avons réussi à passer outre, et que notre relation actuelle ne se soit pas dégradée à cause de cette mini « histoire ». Certains moments restent cependant assez drôles, puisqu’on s’envoie des piques magistrales comme un vieux couple, les gens nous regardent toujours bizarrement s’ils nous entendent. Mais c’est vrai qu’une fois qu’on voit l’intimité de l’autre, il est difficile de rester dans le vouvoiement et le sérieux tout le temps.
Je me lève et me dirige vers ma chambre, je sors de mon dressing un sac de voyage pas trop gros à la main. Avec leurs nouvelles règles, on ne pourra bientôt plus voyager avec des sacs mais avec seulement une boîte à chaussures, je trouve ça ridicule vu le prix des billets. C’est mon agence qui paye le déplacement donc ce n’est pas très grave dans mon cas, mais pour le commun des mortels, payer quasiment aussi cher le prix du siège que du bagage n’est pas possible. Le monde va tellement mal en ce moment, c’est déprimant. Quand j’ai quitté l’Espagne, j’ai clairement vu la différence, en France les prix flambent c’est aberrant. Ça fait déjà six mois que je suis là et je suis encore surpris parfois.
Je remplis mon sac avec tout le nécessaire, deux tenues, dont une un peu classe pour pouvoir aller au restaurant avec l’équipe si besoin, une paire de chaussures habillées. J’aurai mes baskets sur moi, une bonne paire d’Adidas Superstar blanche aux bandes noires. J’y fourre aussi des sous-vêtements et un short qui me servira pour dormir. Après avoir récupéré ma trousse de toilette et l’avoir remplie dans la salle de bain, je la jette dans le sac, et me voilà fin prêt. Je le pose près de la porte d’entrée pour ne pas l’oublier. Je décide d’aller me poser avec mon café sur le perron de ma petite maison. Aujourd’hui il fait beau et assez chaud, il doit faire dans les vingt-huit degrés au moins, j’irai sûrement me baigner tout à l’heure, car même torse nu, je commence à transpirer, je me sens tout moite. J’ai une vue mer, elle est calme, pas de vague, et puisqu’il est encore tôt, je n’entends personne de l’autre côté des clôtures qui séparent ma modeste plage privée de celle qui est accessible par tous.
La journée passe vite, je n’ai rien à faire de particulier, je n’ai pas encore eu la chance de faire de gros contrats ici. C’est normal après tout, je viens tout juste de débarquer, certains sont dans le métier depuis des années et ne percent pas. Alors, ce n’est pas parce que je débarque avec ma gueule d’ange que tout va me tomber tout cuit dans le bec. Mais ça ne fait rien, je suis un bosseur, je sais que je vais y arriver. En Espagne c’était pareil, difficile au début, puis après mon casting pour Física o Química, tout a décollé. Il suffit d’un rien, un petit truc, la bonne personne, le bon dialogue, n’importe quoi, et hop ça repart. En plus là, je suis resté un peu plus d’un mois terré chez moi en refusant plusieurs castings, je ne dois m’en prendre qu’à moi-même. Mais j’ai enterré mon frère, je n’avais clairement pas la tête à ça, j’ai le droit quand même, merde !
Après une nuit agitée, je me lève, laisse couler mon café pendant que je prends une bonne douche. J’opte pour un polo blanc avec un jean clair. Je me coiffe, m’asperge de mon parfum One Million et réajuste ma chaîne. Elle est à mon cou depuis aussi loin que je me souvienne, mon frère portait la même, un collier en or avec une croix. Ma famille étant croyante et pratiquante, on nous a baptisés et fait faire tout le tralala qui suit, mais il est vrai que comme tous les adolescents on s’en est détournés, Alejandro et moi. Et avec ce qui lui est arrivé, je dois dire que pour moi Dieu nous a abandonnés ! Je refuse de croire qu’il l’a rappelé à lui, il était quelqu’un d’exceptionnel dont le monde avait encore besoin. Alors je dois avouer, qu’entre lui et moi, c’est plutôt tendu ces derniers temps. Je ne sais pas si je lui pardonnerai un jour. Mais pour l’instant, on peut dire que je lui fais la gueule comme à un vieux pote qui m’aurait fait une crasse monumentale !
Je regarde ma montre et je me rends compte qu’il est grand temps d’y aller, une voiture doit déjà m’attendre devant chez moi, pour m’emmener à l’aéroport. Et en effet, lorsque je ferme à la va-vite ma porte, je l’aperçois au loin. Je jette mon sac sur mon épaule et me presse. À grandes enjambées, je me retrouve sur les fauteuils en cuir noir en un rien de temps. Le trajet n’est pas long et le chauffeur ne m’adresse même pas la parole, excepté pour les politesses de base.
Lorsque je monte dans l’appareil, je stresse un peu, je n’ai pourtant jamais craint de prendre l’avion. Mais depuis l’accident, je me dis que si mes parents perdent un deuxième fils, ça serait un désastre, ils ne pourraient pas s’en remettre. J’ai donc ralenti mes conneries avec la moto et je suis plus prudent. Mais je ne peux m’empêcher d’y penser. Le temps de vol est si peu important qu’il est quasiment improbable d’avoir un accident, non ? Statistiquement parlant je veux dire ? Bon j’en sais rien, je suis nul en maths, mais on va dire que oui.
♡ À suivre ♡
2 commentaires
Samantha Beltrami
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Il y a un mois
Mae.alter
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Il y a un mois