Fyctia

— Non ! Non, mon cœur ! Ne mets pas les produits ménagers au-dessus des sous-vêtements !

— Qu’est-ce que ça peut faire, Aline ? L’important est que nous n’oublions rien pour les vacances.

Mathieu, je l’aime. Mais son manque d’organisation parfois m’agace.

— Tu devrais me laisser ranger nos affaires Mat’, ou je crains que mes tanguas ne décolorent à la javel.

— Raison de plus pour ne plus porter de lingerie ma chérie.

Les mains de mon homme s’aventurent dessous mon maillot marine.

— Je t’en prie, Mat’, l’avion décolle dans deux heures, nous devons nous hâter pour ne pas le rater.

Nous n’en sommes pas à notre premier voyage, mais le quatrième. Cette fois nous partons pour les Caraïbes.

De façon générale, nous sommes un couple solide. Jamais de rupture par le passé. Mais après le décès de notre meilleur ami, notre relation a souffert d’une distance épuisante. J’espère vraiment que ce voyage nous permettra de nous rapprocher pour de bon. J’y crois avec autant de force qu’il est possible d’en avoir.

— Où as-tu rangé les ciseaux ma belle ?

— Pour ?

— L’étiquette de mon short me gratte, je déteste cela.

Je lui indique de l’index où se trouve l’objet. Moi je compte nos maillots. Soudain, un stress m’envahit. Le genre qui vous surprend, vous tenaille les tripes sans prévenir. De nature anxieuse, un rien me fait paniquer.

— T’es toute pâle d’un coup, me dit Mat’ sur un ton monocorde.

— Allume la télé, je tiens à vérifier la météo. La chaîne mondiale, s’il te plaît.

Crotte de bique. Je fixe l’écran, bouche bée.

— Quoi ? La pluie t’inquiète ?

— Mat’ ! Ils annoncent une tempête.

Mon ami pouffe de rire considérant mes ressentis comme exagérés. Il y a des choses pour lesquelles nous ne serons jamais alignés.

— Vois le positif. Retire les bikinis en trop et l’auto bronzant et nous partirons plus légers.

— Mat’, sérieux, nos vacances sont compromises. Si la pluie perdure autant de temps comme annoncé, adieu nos résolutions.

— Aline, mon amour pour toi ne tient pas au nombre de jours que le soleil a décidé de briller. Mon cœur ne cessera jamais de t’aimer, quelle que soit la saison, et je compte bien traverser cette foutue tempête avec toi.

Comment ne pas sombrer dans ses bras ?

— J’avais si hâte que nous partagions de nouveau ses moments intimes. Nous nous sommes éloignés ces derniers mois. Mathieu, je t’aime tellement.

— Je te promets que pendant ce séjour qu’il pleuve ou non tu seras ma reine. Tes désirs seront des ordres.

— Idem.

Notre couple est parfait. Honnêteté, passion et fidélité. Je me sens la femme la plus chanceuse du monde.

— Si tu préfères, on reporte nos vacances. Nous avons payé une assurance pour l’annulation en cas de souci de dernière minute, non ?

— Oui en cas de décès, perte de travail ou maladie entraînant une incapacité à voyager. Ce qui sous-entend l’obligation de détenir un arrêt du médecin au minimum.

— Alors prête à affronter les gouttes infernales des caraïbes ?

— Oui ! Nous n’allons pas les laisser gâcher nos vacances !

Mathieu empoigne avec fermeté deux valises, je le suis avec la troisième. Je dois rester positive. Espérons que le vent emporte tout ce qui parait néfaste sur son passage et nous donne que le plus agréable.

Nous sortons de l'appartement, Mathieu lâche les valises à terre, se retourne vers moi. Obsédé par quoi? Mes yeux ? Mes seins ? Ma bouche ? Non! Ma joue. Il se met à me lécher. Sa langue rugueuse passe aussi sur mon oreille.

— Miaou ! fait mon petit chaton Mathieu lorsque j'ouvre les yeux.

Je déteste quand mes rêves paraissent être ce qu'ils sont vraiment.

Juste un rêve !

Crotte de bique !