Fyctia
13 Décembre
Midi. Satisfaite de ma nuit, j'émerge de mon lit. Mon café coule ; bien trop lentement, et l'impatiente que je suis ne peut s'empêcher d'optimiser ce temps. J'attrape un premier croissant et mon carnet de "réflexions intérieures". Puis à même mon coin cuisine, j'essaie de rassembler des bouts d'hier soir... "Car si vous semez des graines de bonheur, Alice, et que vous prenez le temps de les observer pousser, vous en récolterez un jour des fruits à l'infini", paroles de psy.
Alors, c'est parti, débriefons. Essayons d'en tirer... Une certaine conclusion...
Je me concentre donc sur les faits, les actes, ceux qui m'ont fait toucher un bout de paradis. Et dans ma mémoire, tout démarre dans sa cage d'escaliers, avec ses lèvres qui se mettent à progresser le long de mon cou. Il y dépose de petits baisers brûlants, jusqu'au lobe de mon oreille, qu'il aspire délicieusement. À revivre la scène, il semble vouloir faire durer le plaisir, savourant chaque secondes, et je m'abandonne à sa langue experte qui, une fois entrés chez lui, se balade un peu partout...
Mon café est prêt. J'erre dans mon trente cinq mètres carrés avec ma tasse et mon carnet dans les mains. J'attends que le liquide refroidisse, lui aussi. Alors comme je l'ai appris, je laisse les émotions circuler librement dans mon corps. "Je les accueille pour mieux m'en resservir plus tard", et poursuis mon rappel mental...
Dans ma mémoire, ses dents mordillent la peau de mes épaules, de plus en plus fort, et sa bouche se retrouve tout à coup sur la mienne. Ardente et possessive. Sans que je réfléchisse, ma langue s'unit à la sienne et j'en ai le souffle coupé. Je crois que c'est là que j'ai vrillé. Et durant une bonne partie de la nuit, il ne m'a laissé aucun répit.
J'ai pris mon pied et voilà. Exercice terminé, défi validé, à moi la suite de mon petit déjeuner !
Un second croissant me tend les bras depuis le sachet. Je cède à ses yeux doux, j'en trempe un bout dans mon mug et croque en plein dedans. Un peu comme hier soir.
Que c'est kiffant ! Presque autant que Lilian...
Je crois que mon psy serait fier de moi. Pas pour avoir réussi à chopper le prof de sport de mon boulot, non. Ça, je pense qu'il s'en fout. Mais j'ai su écouter et satisfaire un besoin. Et à part que Vénus n'était pas si vierge que ça, j'ai aussi appris trois choses...
Tout d'abord, même avec de la cannelle et du sirop d'agave dedans, je n'aime pas le vin chaud. Tout comme les hommes quand ils le sont trop. C'est comme si malgré la dose d'épices, il manquait toujours le principal ingrédient...
La troisième ? Mathieu avait raison. Le dieu du tonnerre n'est rien en dehors de son gros marteau ! Quel supplice que de voir une bouche aussi sexy ne rien avoir à raconter ! Heureusement que ça, la "nouvelle moi" l'a compris bien avant qu'il ne me propose de finir la journée chez lui. Lilian, c'est le genre d'homme dont on voit direct qu'il est capable de démonter tout et n'importe quoi... Et pas que des meubles Ikea. Alors avant que l'envie ne me prenne de m'attacher à ce corps parfait, ou aux barreaux de son lit, j'ai fuis. Pareille à cendrillon un peu avant les douze coups de minuit, j'ai rhabillé mes courbes voluptueuses et avec toute la classe et l'assurance dont je dispose, je suis partie.
Ce que je retiens aussi, c'est que bien choisir ses amants, c'est important. Et pour ça, "Casanova" porte bien son surnom. Sait-on jamais, si la "nouvelle moi" assume d'être une chaudasse, je saurais maintenant où et comment la satisfaire. Pour le reste, on va dire que j'avance. Si mon cœur a encore une belle marge de progression, mon corps lui, se démerde plutôt bien.
Merci Gisèle !
Sur ce, il est maintenant l'heure d'assumer le plus gros soucis de ce matin, en dehors du fait que je n'ai plus d'autres croissants. Si hier ma mémoire à bien voulu enregistrer chaque seconde de plaisir, elle a complétement zappé le plus important !
Mon rendez vous avec Mathieu. Celui que j'étais censée avoir, avant le weekend... Avant que Thor ne tombe du ciel.
Alors je recharge mon mug en caféine et me prépare à redescendre violemment de mon nuage. Je grandis. J'affronte mes conneries...
— Direction de l'Espérance, bonjour.
Chic et sexy, sa voix dans le téléphone ravive quelques envies que je refrène sur le champ.
— Matthieu, bonjour...
— Alice ? Ça va ? Je me suis inquiété ! J'étais coincé avec une famille, tu sais les enfants de Mr Richard, mais j'ai envoyé Lilian pour te surveiller. Il t'a ramené chez toi ? Tu vas mieux ? Tu peux prendre un autre jour de congé si tu veux !
Je reconnais son débit à la kalachnikov, ses questions dans les questions, et derrière mon portable, je souris.
— Je vais bien ! Rassure-toi. Ça m'arrive des fois. Juste une sorte... de petite carence...
Maintenant comblée pour quelque temps...
— Ah ! Tant mieux !
— Mathieu, je t'appelle car je voudrais m'excuser.
— Pour ?
— Tu m'avais demandé de passer. Je peux venir cet après-midi si tu as besoin de voir quelque chose, de préparer la visite de l'ARS... Ou de finir une déco...
— N'y pense même pas. Tu es en weekend. Alors profite. En plus, ce n'était pas du tout pour ça. Rien d'important d'ailleurs. Oublie. Sors. Dors. Vis. J'espère que c'est ce que tu as prévu ? Hein ? Tu es dans quel quartier toi ? Pardon, tu n'es pas obligé de me répondre. On se voit lundi, ok ?
— D'accord. Oui. Je ne suis pas vraiment dans Paris, je tente de répondre à toutes ses questions. J'espère juste qu'à cause de moi, tu n'as pas raté ton défi...
— Je... Un peu, mais ce n'est pas grave. Je me rattraperai lundi aussi. Si tu acceptes de le relever avec moi. Évidemment.
— Je crois que je te dois bien ça ! Vas-y, dis-moi ! Que je m'y prépare !
Je l'entends sourire à son tour, et l'imagine dans une chemise bien ajustée. Une blanche, ou une bleue. Ce sont celles qui font le mieux ressortir ses yeux. Il est encore trop tôt mais je visualise aussi les premiers boutons, ceux qu'il desserre en fin de journée, nous laissant fantasmer avec Margot sur les secrets qui se cachent en dessous.
— Tu n'es obligée de rien, hein ? Tu me le dis si je vais trop loin ! Non parce que...
— Mathieu, balance !
— Et bien... Attends, laisse-moi fermer la porte. Voilà. Est-ce que tu accepterais... Est-ce que tu accepterais qu'on se donne rendez-vous dans un bar ?
Mon souffle se fige. Le temps s'arrête. Et les paillettes reviennent danser avec les lucioles derrière mes yeux.
— Est-ce qu'on ferait comme si... Comme si on était... j'ose à peine formuler.
— ...Deux inconnus qui se plaisent beaucoup trop ?
Putain...
— Et on passerait les heures qui suivent à faire ce que je veux ?
— Ce que tu veux, me promet-il.
— Alors j'accepte d'être ta témoin de défi !
— Même si en fait, Alice, ce n'est plus vraiment un défi ?
Mon cœur suspend ses battements puis il repart pleine balle et rate plusieurs tours. Depuis deux semaines, ma vie est comme une boîte de chocolats. À chaque jour sa surprise, à chaque jour, son parfum...
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Natia Kowalski
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Mayana Mayana
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Debbie Chapiro
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Mayana Mayana
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Ady Regan
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Soäl
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Mayana Mayana
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