Fyctia
Chapitre 4.2
En rentrant chez moi, je trouvai la voiture de ma mère déjà garée dans l’allée de garage. Elle rentrait tôt, aujourd’hui. Comme toujours dans ces cas-là, elle était dans son bureau en train de travailler sur un manuscrit.
Son boulot de correctrice lui laissait pas mal de liberté quant à l’endroit où elle travaillait. Parfois elle restait à domicile et, d’autres fois, à la maison d’édition qui l’embauchait. Du moment qu’elle faisait bien son boulot, son patron se fichait de l’endroit où elle le faisait. Il n’avait jamais eu à se plaindre, jusqu’à présent.
-Coucou, maman, dis-je en entrant dans la pièce.
-Bonsoir mon ché… Oh mon dieu, mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?! dit-elle en se tournant vers moi.
Elle se leva pour venir m’examiner de plus prêt.
-Tu t’es battu ? me demanda-t-elle.
-Mais non, maman. C’est rien, je me suis cogné à l’entraînement de basket. J’ai passé un peu de temps à l’infirmerie mais tout va bien.
Je lui expliquai plus en détail ce qui s’était passé. Je fis la grimace lorsqu’elle appuya sur ma bosse.
-Je n’en reviens pas ! s’exclama-t-elle. On ne m’a même pas appelée pour me dire ce qui t’était arrivé. Dans ce genre de situation on prévient les parents, c’est la base. A quoi ça sert qu’on leur donne nos numéros chaque début d’année si personne n’est capable de s’en servir ?
-Maman, calme-toi. Ils ont dû oublier, c’est tout.
-Oublier, tu parles… Ils oublient de prévenir quand tu te retrouves à l'infirmerie mais quand il s’agit d’appeler pour dire que tu es dans le bureau du principal pour une bêtise, là ils n’hésitent pas. Imagine que tu te sois fait un traumatisme crânien ! Je peux te dire qu’ils vont m’entendre, à ton lycée. Je vais appeler l’administration dès demain pour leur dire ma façon de penser. Pour l’instant je t’emmène à l’hôpital. Je veux m’assurer que tu vas bien.
Je levai les yeux au ciel. Ma mère et son côté surprotecteur… Il me fallut un peu de temps et de patience pour la dissuader de nous conduire aux urgences. Ce ne fut pas sans mal, elle était vraiment têtue, mais je réussis finalement à la calmer et elle accepta de rester à la maison, à condition que je la prévienne immédiatement si jamais je ne me sentais pas bien. J’étais certain qu’elle allait me veiller toute la nuit pour être sûre que je n’avais rien de grave.
Par contre, elle ne changea pas d’avis concernant le lycée. Je plaignais déjà l’administration qui allait s’en prendre plein les dents. Je lui demandai quand même d’y aller doucement et de ne pas trop s’énerver. Elle me promis de rester courtoise mais que « la prochaine fois que ce genre de chose se produit, ils n’oublieraient certainement pas de la prévenir ».
Elle me regarda ensuite en secouant la tête.
-N’empêche, dit-elle, à peine de retour au lycée que tu trouves déjà le moyen de te faire mal. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?
-M’envelopper dans du papier bulle pour t’assurer que je ne me casse rien ?
C’était ce qu’elle me disait tout le temps quand j’étais petit. A l’époque, j’avais tendance à me blesser souvent à force de jouer les casse-cou.
-Ne me tente pas, me dit-elle. Tu aurais l’air fin si tu débarquais au lycée comme ça.
-Encore faudrait-il que tu puisses m’attraper et m’enrouler dedans.
-Ne me sous-estime pas.
Loin de moi cette idée. Ma mère avait beau faire une tête de moins que moi, elle était coriace.
-Tu es certain que tout va bien ? me demanda-t-elle en redevenant sérieuse.
-Je vais bien. Je peux même m’occuper de préparer le dîner, si tu veux.
-Non, non, non. Toi, tu montes te reposer un peu pendant que je m’en charge. Je t’appellerai quand ce sera prêt.
-Mais…
-Pas de mais, Monsieur le cascadeur. Allez, file.
Elle me poussa jusqu’à ce qu’on atteigne les escaliers et je capitulai. Elle serait bien capable de me chasser de la cuisine si j’osai y mettre les pied pour lui donner un coup de main. Alors je montai dans ma chambre et m’allongeai sur mon lit, fermant les yeux un moment, le temps qu’elle me rappelle.
Je redescendis environ une demi-heure plus tard.
Je ne fus pas très bavard. Mon mal de tête était revenu et je sentais mon nez me titiller. Je ne me rappelais plus qui m’avait lancé le ballon, mais le gars n’y était pas allé de main morte. Une chance que je n’ai rien de cassé.
Ma mère me donna une poche de glace après le dîner pour faire dégonfler un peu ma bosse. Le froid me fit du bien, même s’il n’atténua pas vraiment la migraine. J’aurais bien aimé reprendre le l’aspirine mais c’était trop tôt par rapport au dernier cachet que j’avais pris.
J’aidai ma mère à faire la vaisselle – j’avais finalement réussi à la faire céder pour qu’elle me laisse lui donner un coup de main.
Après ça, je montai dans ma chambre et essayai de faire mes devoirs. J’avais un peu de mal à me concentrer, mais ce n’était pas seulement à cause de mon mal de tête. Chaque fois que j’avais le malheur de laisser mon esprit vagabonder un peu, je repensais au rêve que j’avais fait quand j’étais à l’infirmerie. Je me rappelais chaque détails, et je revivais la dernier scène en boucle, celle où j’entendais cet affreux rugissement. J’avais l’impression qu’il raisonnait dans mes oreilles.
Et pourquoi est-ce que j’avais encore rêvé de Hayden ? Ça devenait carrément de l’obsession.
Je secouai la tête. Tout ça était ridicule. Ce n’était qu’un stupide rêve flippant, rien de plus. Il fallait que j’arrête de me prendre la tête pour rien.
En regardant mon réveil, je constatai qu’il était prêt de vingt-deux heures. J’étais resté perdu dans mes pensées aussi longtemps ? Possible.
J’allai dire bonne nuit à ma mère et, après m’être déshabillé et avoir enfilé un boxer pour la nuit, je m’allongeai sur mon lit. Juste avant de fermer les yeux, je regardai le pendentif accroché autour de mon cou et le fis tourner entre mes doigts, le temps de plonger dans un profond sommeil.
4 commentaires
Amphitrite
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Il y a 3 ans
Imos
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Il y a 3 ans