Fyctia

— Veuillez regagner vos sièges et attacher vos ceintures, nous allons traverser une zone de turbulence, dit l’hôtesse de l'air. Mon voisin pelliculeux se réveille alors en sursaut essuyant sa salive avec le revers de sa main.

— J'adore les turbulences ! Me lance t-il tout à coup très enjoué.

— Moi, pas du tout, j'en ai très peur au contraire. Et si l'avion se crachait ? Ce serait horrible de mourir ainsi, lui répondis-je en me cramponnant de toutes mes forces à mon siège lorsque je rebondis à cause d'une secousse. Le hamster prend alors possession de mon esprit, il le contrôle et me plonge dans un état d'angoisse, je dois l'observer et respirer pour reprendre le contrôle. Cet hamster est décidément constamment présent.

— Ne soyez pas si pessimiste, au contraire, amusons nous de ces turbulences puisque nous ne pouvons pas les changer ! Donnez moi votre main si vous avez peur, tente t-il avec un regard mi pervers, mi amusé.

— Non, non merci, je préfère me cramponner à l'accoudoir mais c'est gentil de proposer, répondis-je gênée. Ma voix intérieure me crie de lâcher le riz mais je le serre de toutes les forces dans ma main.

— Je vais occuper votre esprit pour vous déstresser et vous raconter des histoires insolites sur les avions, c'est mon dada !

Savez-vous que l'avion atterrit de façon toujours plus brutale en temps pluvieux ?

Sans attendre ma répondre, il s'empresse de répondre tout heureux : C'est pour éviter l’aquaplaning ! Incroyable n'est-ce pas ?

Mais pas plus incroyable que la suivante : le pilote et le co-pilote ne mangent jamais la même chose lors d'un long courrier. Pourquoi ? Non, ne répondez pas ! Se presse t-il de se répondre à lui-même, excité par sa question : pour éviter l'intoxication alimentaire ensemble ! C'est incroyable, n'est-ce pas ?

— Mais pas plus incroyable que la prochaine j'imagine.

— Exactement ce que j'allais répondre, me dit-il ému.

Mince, j'aurais mieux fait de me taire, mon sarcasme l'a touché.

— Si vous trouvez la réponse, vous êtes faites pour moi, vous allez me faire plier le genou me dit-il des étoiles dans les yeux et sur le crâne.

Oh non, le lourd...

— Qu'est-ce que le mile hight club ?

— Aaaaah ! Crié-je en me sentant aspirer par un trou d'air. Alors, qu'est ce qu'est ? Demandé-je pour me changer les idées et ne pas me faire happer par l'angoisse.

— Donc vous ne connaissez pas la réponse, c'est dommage... Je pensais qu'on partageait quelque chose là. Alors le mile hight club, c'est le club des 10.000.

— C'est à dire ?

— Je savais que votre curiosité serait piquée ! Se réjouit-il en applaudissant.

— C'est le club de ceux qui ont fait l'amour à 10.000 mètres d'altitude dans les toilettes. C'est assez peu connu des français, ce sont les britanniques qui ont mis un nom sur ce secret de polichinelle. Moi j'adore prendre l'avion, pas forcément pour la destination mais juste pour être en vol, c'est pour ça que je pars en Australie, le temps de vol est très long, c'est un régal !

Je suis devenu un expert en mile hight club ! Je vais vous délivrer mon secret. Il faut tout d'abord faire une bonne sieste pour être en forme. Ensuite, il faut rapprocher sa tête de sa voisine pour établir un premier contact.

Mon dieu, ce voisin me fait plus flipper que le trou d'air que nous venons de passer !

Il faut attendre que l'avion ait atteint son altitude de croisière et que le signe de ceinture de sécurité soit éteint. Il faut toujours garder un œil sur les toilettes et attendre que les passagers dorment ou regardent un film.

Quand l’hôtesse de l'air est de l'autre côté du couloir : le passage est libre ! Et là, l'excitation est à son comble ! Crie t-il en s'applaudissant à nouveau. L'un des deux partenaires ou « voisins », me lance t-il avec un clin d’œil salace en mimant les guillemets avec ses doigts, doit garder la place au chaud.

Et une fois à l'intérieur, il faut être rapide ! Comment le dire poliment... réfléchit-il en se tenant le menton.

— Non non c'est bon, vous pouvez arrêter votre histoire, j'en ai assez entendu et je en suis pas intéressée, coupé-je brusquement.

— Dommage, vous n'allez pas connaître le côté le plus croustillant de l'histoire ! Dit-il en se frottant les mains.

— Je m'en accommoderai, je vous assure.

— Mince alors, vous ne semblez pas intéressée. Hôtesse de l'air ? Crie t-il en levant la main. J'aimerais changer de place si possible.

Mon dieu, cet homme est complètement barré. Au moins, il aura eu le mérite de me changer les idées. Le voyant ceinture de sécurité s’éteint enfin et mon voisin change de place, à côté d'une jolie femme blonde, il va donc tenter sa chance ailleurs.

Désormais tranquille, je ferme les yeux et tombe dans les bras de Morphée jusqu'à mon réveil en Australie.