Pauline Rêve Cherche tendresse sans lendemain Chapitre 10 - Gabriel

Chapitre 10 - Gabriel

Un bruit de klaxon m’extirpe de mon sommeil. J’ouvre les yeux et les referme aussitôt, ébloui par les rayons du soleil. Je n'ai pas entendu l'alarme de mon réveil. Je suis désorienté, je ne me réveille pas dans mon lit. C’est toujours déroutant ces premières secondes, lorsqu’on se rend compte que l’on n'est pas chez soi.

Les draps sont blancs et sentent la lessive. Une coiffeuse trône à coté de la fenêtre, des produits de maquillage y sont méticuleusement rangés par type, plusieurs parfums de luxe décorent une petite étagère. Ce n’est clairement pas ma chambre. Pas assez de désordre, de fringues au sol et bien trop blanc.


Je m’étire doucement, le souvenir du roller-date revenant rapidement à moi à la douleur que je ressens au niveau du coccyx. Il fallait bien que je sacrifie une partie de mon corps pour amortir notre chute ! Je souris à ce souvenir. On est jamais trop « vieux » pour s’amuser.

En compagnie d’Olivia, j’avais passé une super soirée. Je n’avais pas la moindre envie qu’elle se termine. Bien que cette jeune femme soit assez mystérieuse, elle avait montré un réel intérêt à me connaître. Olivia semblait particulièrement intriguée par mes choix « sentimentaux ». Son écoute paraissait innocente, avide d’informations, mais une flamme dansait dans son regard. Tournée vers moi, elle jouait avec le pendentif qu’elle avait autour de son cou, laissant paraître la tension, son impatience d’en savoir plus.

J’avais hâte qu’elle balaie mes doutes. Son langage corporel m’avait confirmé que l’attractivité était réciproque, mais j’espérais qu’elle ne soit pas à la recherche du prince charmant. Bien que nous grandissions, bien que nous apprenions des déceptions amoureuses, nos coeurs espèrent toujours une histoire sans défaut, féérique, avec de grandes déclarations, le genou à terre et la bague sertie de diamants. J’ai décidé de tirer un train sur ces fables.

Mes pensées sont interrompues par un soupir. Ses épaules sont dénudées, elle me fait dos. Elle remonte le drap pour se couvrir.

Cela sonne le signal de mon départ. Je me glisse hors du lit, en faisant le moins de bruit possible pour ne pas la réveiller. Je ramasse un par un mes vêtements au sol, mes chaussures et me rhabille dans la petite salle de bain attenante. Je prendrais une douche en rentrant, je n’ai pas envie de m’éterniser. Je regrette déjà cette nuit.

Je revois le sourire d’Olivia, j’entends son rire, je sens encore la chaleur de sa main dans la mienne… J’asperge mon visage d’eau froide pour m’aider à sortir de cet état « groggy ».

Je m’apprête à ouvrir la porte de l’appartement quand je me rends compte que je n’ai pas mon téléphone. Je ne le vois pas dans la salle de bain, ni dans l’entrée. Alors que je tâte mes poches irrémédiablement vides, j’entends sa voix derrière moi :

— C'est ça que tu cherches ?

Elle est toute en jambes, un tee-shirt enfilé négligemment. Elle s’approche de moi pour me donner mon téléphone et me déposer un baiser sur les lèvres.

— À la prochaine Gab !

— Merci Fanny.


Je dévale les escaliers de son immeuble en me sermonnant : il n’y aura plus de prochaine fois ! Mes pas avancent automatiquement en direction de chez moi. J’en ai pour 20 minutes de marche, ce sera amplement suffisant pour me faire une belle leçon de moral.

Quel tocard ! Je vends un Gabriel gentleman, qui traite les femmes avec respect, avec un guide de conduite qu’il suit à la lettre. Que dalle ! Lorsque Olivia m’avait laissé en plan la veille, j’avais rapidement évacué ma frustration en envoyant un texto à Fanny pour « prendre de ses nouvelles ». Je n'ai donc aucune décence.

Il y a quelques mois, nous avions passé une nuit très agréable ensemble. Mais les règles étaient claires dès le départ, il n’y aurait qu’une nuit. Pourtant Fanny avait tenté de reprendre contact avec moi à plusieurs reprises. Elle trouvait toujours un prétexte : les coordonnées de mon ami immobilier, les bonnes adresses de Manchester où j’ai fait mon Erasmus… Je n’avais jamais nourri ses espérances jusqu’à hier soir.

Il avait été simple de lui proposer de boire un dernier verre chez elle, après nos soirées respectives. J’avais déconné. Elle était très belle, sensuelle, mais ce n’est pas avec elle que j’aurais voulu passer ma nuit.

Il faudra bien que j’accepte mon échec. Olivia s’était volatilisée juste après avoir écouté l’énoncé de mes règles. Elle s’était rendue dans un premier temps aux toilettes, me laissant seul et sans réponse pendant au moins cinq minutes. Puis, elle était revenue téléphone à l’oreille m’indiquant qu’elle devait partir, parce que sa colocataire avait perdu ses clés et qu’elle était à la rue.

J’avais eu juste le temps de lui demander si elle avait besoin d’aide ou si elle souhaitait que je la raccompagne. Elle avait déposé froidement un billet sur la table annonçant que c’était pour elle. La température était aussi vite descendue qu’elle n’était montée.

J’aurais préféré qu’elle soit franche avec moi, qu’elle me dise que ça ne l’intéressait pas plutôt qu’elle disparaisse avec de fausses excuses. J’accepte que certaines femmes ne soient pas adeptes des coups d’un soir ou que j’ai à mettre un ola quand je sens qu’elles espèrent plus. Je ne suis pas infaillible, Fanny est passée à travers les mailles du filet. Mais je n’avais pas encore eu le coup de l’excuse bidon.

J’avais évacué ma frustration n’importe comment… Je n’allais sûrement plus revoir Olivia et cette idée ne me lâchait pas.

Je pris mon téléphone pour vider mon sac. Alex décroche directement :

— Oui ?

— J’ai fait de la merde mec…

Autant confesser tout directement. De toute façon, je ne peux rien lui cacher. Pas de mauvaise vanne sur ses origines russes et une possible appartenance au KGB. Non, il me lit juste comme un livre ouvert.

— Laisse-moi deviner : t’es tombé amoureux ou tu as revu Fanny ?

— T’es con ! Fanny, oui…

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4 commentaires

NELI JO

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Il y a 2 ans

À jour 😜

Pauline Rêve

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Il y a 2 ans

Merci 😊

Sarah B

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Il y a 2 ans

A jour !

Pauline Rêve

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Il y a 2 ans

Merci Sarah !
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