Fyctia
Chapitre 9
Me voilà de nouveau devant les bureaux d’Adam, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Je viens tout juste de remonter du marché de Noël, où j’ai retrouvé Henrietta. Elle a été exaltée par mon idée et m’a aussitôt transmis les coordonnées de son fournisseur. Bonne surprise : il a accepté de me faire un prix de gros pour l’année prochaine. En attendant, Henrietta a suffisamment de stock pour couvrir la production des deux cents chaussettes prévues par Adam.
Les bureaux semblent déserts, et la réceptionniste est déjà partie. Je me retrouve donc à attendre seule, un peu bêtement, devant les portes closes. Devrais-je appeler Adam ? Son numéro de téléphone est sur la carte de visite qu’il m’a donnée, mais je n’ose pas. Je pince les lèvres. Je suis un peu en avance, j’ai peur de le déranger.
Heureusement, il sort de son bureau et m’aperçoit, ce qui écourte mon hésitation. Il m’ouvre, un large sourire aux lèvres, que je lui rends.
— Vous êtes en avance.
— Je suis ponctuelle.
— J’aime ça. Mon bureau ou la salle de réunion ?
— Comme vous voulez.
— Mon bureau, dans ce cas.
Je le suis et m’installe à la même place que ce matin. Je suis surprise de le voir s’asseoir sur le fauteuil à côté du mien, et non derrière le bureau. Mon cœur loupe un battement, comme trop souvent en sa présence. Il attrape son ordinateur portable et l’oriente pour que je puisse voir l’écran. En quelques clics, des tableurs apparaissent : projections de ventes, marges, scénarios de croissance. Je fais de mon mieux pour suivre. J’aurais préféré travailler sur la partie créative, mais il prend le temps de m’expliquer, de détailler chaque donnée, chaque hypothèse, chaque besoin. J’apprécie sa pédagogie et son calme, et je m’applique à tout comprendre.
Par moments, mon attention se dissipe. Surtout lorsque son bras frôle le mien. Chaque contact me provoque une bouffée de chaleur, mais lui reste parfaitement impassible. Concentré. Professionnel.
— Isla ?
Merde, mes pensées s’égarent une fois de plus et je n’ai rien écouté. Je me redresse un peu trop vite.
— Oui ?
Son sourire ne m’aide pas à me ressaisir. Ses yeux… ils me semblent à la fois les mêmes et différents qu’à notre première rencontre. Oui, leur teinte est profonde et prenante. Mais maintenant, je vois une lueur de douceur. Et c’est les émotions que son regard reflète qui font s’échauffer mes joues.
— Besoin d’une pause ?
— Je…
Pourquoi mentir ?
— Oui, je soupire. Désolée, ça fait juste… beaucoup d’informations.
Son sourire n’est pas moqueur, mais bienveillant. Rassurant. Encourageant. Je fronce les sourcils en entendant un bruit derrière nous.
— C’est normal, répond-il. De toute façon, Charlotte vient d’arriver. J’ai demandé à sa nounou d’apporter le dîner. Chinois, ça vous va ?
— C’est… parfait.
Il se lève et me guide jusqu’à la salle de réunion. Une jeune femme aux cheveux blonds et au sourire franc déballe des plats à l’odeur envoûtante. Charlotte se balance gaiement sur une chaise. Je les salue et m’installe face à elles. Adam fait le tour de la table pour serrer sa nièce dans ses bras. Sa tendresse est naturelle, spontanée.
Mon cœur s’emballe lorsqu’il revient près de moi pour s’asseoir. Il saisit plusieurs plats et me sert pendant que Charlotte raconte sa journée, avec l’enthousiasme propre aux enfants. Adam l’écoute vraiment et lui pose de nombreuses questions. Il s’intéresse à chaque détail, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il est le parfait parent. Le genre d’homme avec lequel je me vois tout à fait fonder une famille. Calme-toi Isla, n’importe quoi.
Charlotte est adorable. Bavarde, pétillante, et si expressive qu’elle me rappelle Grace. , tellement mignonne. Le dîner passe à une vitesse folle, bercé par sa joie et la douceur d’Adam. Je me sens bien avec eux. Je me rends compte que le temps a filé lorsque Tara, la nounou, se prépare à repartir pour coucher Charlotte.
— Dors bien ma chérie, lui dit Adam en l’embrassant tendrement, et sois sage avec Tara.
— Oui tonton. A demain !
Charlotte trottine jusqu’à moi et me surprend totalement en me prenant dans ses bras.
— Au revoir Isla, à bientôt !
Touchée, je la serre contre moi. J’adore cette enfant.
— Vous travaillez souvent tard ? je demande après leur départ.
— Plus maintenant, répond Adam en rangeant les boîtes. Plus depuis que je m’occupe de Charlotte.
Alors… ce soir est une exception. Il est resté. Il a dérogé à ses habitudes, libéré le temps qu’il réserve d’ordinaire à sa nièce. Pour mon projet. Pour moi. Une chaleur familière s’insinue dans tout mon corps, et je la repousse. Ses raisons sont professionnelles. Je l’aide à finir de ranger les restes du repas.
— Combien je vous dois ?
Il me regarde intensément.
— Rien du tout, Isla. Ça me fait plaisir.
Sa voix est basse et un frisson me parcourt. Suis-je la seule à sentir cette tension ? J’ai la sensation que même le silence vibre. Il est si… Je n’ai plus les mots pour le décrire. La seule chose dont je suis encore consciente, c’est que je le veux. Mon désir est trop fort pour que je puisse me concentrer sur quoi que ce soit d’autre.
Comme captant mon désir, Adam fait un pas dans ma direction. Je crois voir dans ses yeux la même flamme qui brûle dans tout mon corps. Alors je m’avance vers lui à mon tour, réduisant à néant la distance qui nous sépare. Nos souffles se mêlent, nos corps se frôlent, et le mien agit sans me consulter. Je pose doucement une main sur sa joue et, moins d’une seconde plus tard, nos lèvres se trouvent.
Il accueille mon baiser et pose une main dans le creux de mon dos. Sa langue effleure délicatement ma lèvre, comme me demandant l’autorisation. Je la lui donne en entrouvrant la bouche, et notre baiser s’approfondit. Nos langues se mêlent dans une danse incontrôlable qui me donne envie de plus. Mon bas-ventre se transforme en brasier ardent. Il mordille légèrement ma lèvre et un gémissement m’échappe.
Ce son semble avoir raison de lui car il resserre son bras autour de moi, me pressant contre lui, et je sens à quel point mon désir est partagé. Mes doigts s’agrippent à sa nuque et il me guide vers l’arrière sans rompre le contact, me poussant à m'asseoir sur le bureau. Je me liquéfie alors qu’il glisse un genou entre mes cuisses pour les écarter. Je me moque bien des portes vitrées alors qu'il remonte sa main sous ma jupe. Même si quelqu’un devait arriver, il serait hors de question que je l’arrête. Je brûle de sentir sa main plus haut, contre moi, en moi... Il s'approche dangereusement de ma lingerie et je mordille sa lèvre.
— Isla ?
Son ton est professionnel. Bien trop professionnel. Je cligne des yeux, et la réalité me frappe de plein fouet. Adam est à un mètre de moi, debout et m’observe. Il n’a jamais fait ce pas vers moi, et nos lèvres ne se sont jamais effleurées. Et merde. C'est quoi mon putain de problème ? Je détourne le visage pour qu'il ne me voit pas rougir. Je dois vite trouver un sujet neutre et masquer mon trouble.
— Parlez-moi de ce… match.
82 commentaires
Charlyemorand
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Il y a 2 jours
Angel Guyot
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Il y a 2 jours
Emilie Hamler
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Il y a 6 jours
Angel Guyot
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Il y a 5 jours
Akiria.s
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Il y a 6 jours
labibliothequedeflavie
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Il y a 6 jours
Angel Guyot
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Il y a 6 jours
Hello_Darling
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Il y a 6 jours
Angel Guyot
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Il y a 6 jours
Hello_Darling
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Il y a 6 jours