Fyctia

Son train entrait en gare quand Marc sortit du souterrain sur le quai : heureusement qu’il avait résisté à l’envie de passer quelques minutes de plus avec Carine !

Cette fille lui plaisait, physiquement déjà bien sûr, elle était plutôt bien faite, avec des rondeurs comme il aime et où il aime, mais aussi il appréciait, sans avoir beaucoup eu le temps d’échanger, son intelligence, son sens de l’humour qu’il avait détecté lors de leur discussion au café, et sa façon de montrer son désir tout en restant dans la retenue, ...enfin, elle avait un peu lâché sur la retenue lorsqu’elle avait défait sa chemise, il est vrai, mais son geste était si naturel, si doux, si évident qu’il n’avait pas été ni surpris ni choqué, mais envoûté par la tendresse qu’elle y exprimait.

Et heureusement qu’elle avait d’elle-même mis le holà à cette étreinte sinon il se serait laissé aller, il ne voyait plus l’heure, il aurait raté ce dernier train qui le ramenait chez lui, où, il le savait, il allait revivre cette rencontre et s’attarder sur les instants les plus marquants, inoubliables, trop fugitifs, déjà passés…

Il se fit à dîner par automatisme, ne resta pas longtemps devant la télé, l’héroïne à l’écran prenant à chaque apparition le visage de Carine, il n’arrivait pas à suivre l’histoire qui pourtant l’intéressait mais Carine prenait toute la place dans son esprit, et bien sûr ce ne fut pas mieux une fois les lumières éteintes dans la solitude de son lit.

Il n’y était pas seul, en fait, car Carine habitait toujours ses pensées, il revivait ce premier regard qu’il avait reçu au parc, cette chaleur mélangée à cette retenue qu’il avait ressentie en lui prenant les mains, ils avaient dégusté cet instant où leurs souffles se mélangeaient, mais n’avaient pas résisté au besoin de se prendre dans les bras, et il revivait ce contact chaud, unique, qui l’avait empli de bonheur.

Cette pensée le fit aussitôt basculer vers le moment où, dans une nouvelle étreinte, elle avait osé (oui, osé, ce mot était magnifique, à la hauteur de son geste, chargé de promesse de douceur charnelle), elle avait osé s’attaquer aux boutons de sa chemise, il avait l’impression de s’offrir et cette sensation était pleine et entière.

Il sentait à présent le contact de ses lèvres sur sa peau, sa tête blottie contre son torse, il la serrait dans ses bras en n’osant pas, lui, se mettre à déboutonner quoi que ce fut de ses vêtements à elle, par envie de faire durer cette douceur d’une part mais aussi car il ne voulait pas passer pour un profiteur qui s’engouffrait dans une faille qui les mènerait trop vite à ce qu’il ressentait alors comme une faute.

Revivre cette chaleur et ce désir lui emplissait la tête, et il se rendit compte que ces pensées avaient un autre effet, pas surprenant et plutôt rassurant : une érection lui était venue au fil des images qu’il se repassait, et il en construit rapidement d’autres qui lui donnèrent envie de basculer vers ce qu’il ressentait comme une dérive incorrecte de ce lien qu’il vivait avec Carine, pas vraiment déplacée car il était évident que le désir charnel et sexuel était né entre eux et qu’il l’assouviraient ensemble tous deux certainement rapidement, probablement dès demain, d’ailleurs : cet empressement de se retrouver et ce rendez-vous pris si naturellement promettaient un avenir intense, mais il se sentait coupable de cette envie de plaisir solitaire dont elle ne profiterait pas, bien qu’elle en serait l’objet central et exclusif s’il poursuivait sur le chemin que sa main, descendue vers l’objet dressé, commençait à emprunter…