Fyctia

Evergreen Whitford.

Je relève les yeux vers elle. Ses ondulations d’un châtain aux nuances de chocolat recouvrent son doux visage à la peau pâle. Ses iris émeraude sont plongés dans un amas de larmes qui floute sa vue.

Assise sur le lit, elle sanglote et pose sa tête dans les bras de sa grand-mère, pour y trouver du réconfort. La femme qui l’accompagne, porte une tenue très formelle aux plis lisses, jusqu’à un chignon dont aucunes mèches n’en dépassent. Seule l’inquiétude qui étire ses traits dénote de ce profil parfait.

— Evergreen, c’est joli comme prénom. Il commence comme le mien.

Je sens que j’attire l’attention de ma toute nouvelle patiente. Je décide donc de m’asseoir sur le fond du lit et de continuer tout en prenant connaissance du dossier médical.

— Je m’appelle Evangeline, comme l’étoile dans…

Son doux visage se redresse pour fixer celui de sa grand-mère.

— La princesse et la grenouille, murmure-t-elle ébahie.

Mes lèvres s’étirent et je pose le dossier à côté de moi, après en avoir pris connaissance.

— Oui, comme la Princesse et la Grenouille, c’est mon dessin animé préféré, avoué-je la moue rêveuse qui lui génère une première esquisse d’un sourire.

— Tu as une drôle façon de parler, lance-t-elle dans une sincérité attendrissante.

Sa grand-mère et moi, nous s’esclaffons de concert, et je suis satisfaite de voir que ses lamentations tendent à diminuer.

— Oui, tu n’as pas tort.

Je me lève et fais mine de vérifier que personne n’est autour de nous, d’un signe de main, je lui demande de s’approcher.

Je réduis l’espace et me penche à son oreille :

— C’est parce que je viens de France, chuchoté-je comme si je venais de lui confier le plus gros de mes secrets.

Elle s’écarte, les yeux écarquillés et la bouche ouverte.

— T’habite à la Tour Eiffel ?

Je m’amuse de son étonnement, et la vois s’adresser de nouveau à la femme à ses côtés.

— Tu crois que papa pourrait m’y emmener un jour ?

— On en reparlera avec lui mon cœur, lui répond-elle d’une caresse maternelle.

Discrètement, je repère le cathéter* à son bras ainsi que le pansement qui recouvre son coude. Je laisse ma main m’en approcher avec douceur et lui offre un regard rassurant.

— Tu peux me laisser voir ? Juste avec les yeux ! Je ne touche pas ! annoncé-je en levant les bras en l’air comme pour prouver mes propos.

Elle jette un bref coup d’œil à sa grand-mère qui hoche la tête pour la conforter dans l’idée de me laisser l’approcher. Je la vois s’avancer prudemment avec un petit sourire. Je vérifie l’état du bras, et le fonctionnement de la perfusion en route dont je règle le débit sur la pompe.

— Alors, si tu m’expliquais ce que tu viens faire ici ? demandé-je en m’adressant volontairement à Evergreen.

— J’ai mal juste là, commence-t-elle en pointant du doigt son coude. Et je crois que j’ai de la fièvre aussi, c’est ça mamie ?

Et avant même que sa grand-mère ne puisse lui répondre, elle reprend :

— Mais je suis guérie, l’infirmière en bas, elle m’a donné un médicament, il a fait partir la fièvre. Je peux rentrer à la maison ? Mon papa il va beaucoup s’inquiéter !

Je remarque le visage de celle qui l’accompagne s’affaisser en une moue attristée.

— Evy chérie, il faut attendre de voir ce que vont dire les docteurs, ton papa est en chemin. Tu pourras le rassurer, d’accord ?

Cette fois, aucune réponse ne lui vient, et sa mine triste reprend possession de son doux visage. Dans un geste naturel, j’attrape sa main et la serre dans ma paume.

— Tu sais Evy, il y a un petit microbe qui se trouve juste ici, expliqué-je en indiquant le pansement. Et ce petit microbe, c’est lui qui te fait mal, et qui provoque de la fièvre. Pour le faire partir, il faut qu’on passe des médicaments dans ce tuyau.

Mes doigts glissent le long de la tubulure* et descendent jusqu’au cathéter.

— Des fois, il faut quelques jours pour que tout rentre dans l’ordre. Mais si je peux te confier un secret, je m’approche de nouveau près de son oreille avant de prononcer : On va faire une super équipe pour le combattre, deux Evy ensemble, ça ne peut que fonctionner !

Elle écarquille ses petites prunelles vert sapin, et un grand sourire illumine son visage.

Une sonnerie de téléphone nous interrompt et la grand-mère s’excuse avant de vérifier l’identité de l’appelant.

— C’est ton papa ! Je peux me permettre de décrocher ? demande-t-elle.

J’acquiesce, et profite de ce moment avec la petite pour lui montrer mon poignet.

— Regarde ici, c’est l’étoile Evangeline. Quand ton coude sera guéri, je te dessinerai la même étoile, lui proposé-je.

Elle hoche la tête avec enthousiasme et fixe le tatouage qui décore ma peau.

— Papa arrive ! déclare sa grand-mère en raccrochant.

Je souris et entame la prise des paramètres vitaux avec l’accord de ma première patiente anglaise, dont le sourire a remplacé les pleurs et les sanglots de son arrivée.

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*La tubulure est un tuyau en plastique, très fin et souple, qui permet de relier une poche de perfusion à un cathéter.

*Le cathéter est un tube souple, de longueur variable et mince, pouvant être introduit dans un vaisseau (artère, veine) et permettant l'injection d’un liquide.

Hello ♥

Alors ce chapitre ? Vous aimez ? L'entrée de la petite Evergreen est enfin arrivée ! On l'aime tellement ! Et papa ne devrez plus tarder....

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Bonne lecture pour la suite ♥

Elona & Marina

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