Fyctia

Evangeline

Mes talons s’enfoncent dans la neige qui recouvre l’asphalte du parking de l’hôpital. La neige ? Non, plutôt la bouillasse qui s’est formée et qui ruine le cuir de mes toutes nouvelles bottines. Bordel, je déteste l’hiver !

Les mains dans les poches pour les maintenir au chaud, je déverrouille ma citadine pour y rentrer et soupire lorsque je remarque le givre qui recouvre le pare-brise. Est-ce que je vous ai déjà dit que je détestais l’hiver ?

Comme à mon habitude, je m’enferme dans la voiture et allume le moteur avant d’enclencher le dégivrage automatique. Hors de question que je gratte après douze heures de garde ! Emmitouflée dans ma grosse écharpe, je me saisis de mon iPhone et fais défiler ma liste de contacts.

[Je suis dans ma voiture, j’arrive bientôt.]

Les trois petits points qui clignotent me confirment qu’Elena est déjà en train de me répondre.

[Ne traîne pas, les valises ne se feront pas seules !]

Je souris alors que la chaleur commence seulement à emplir l’habitacle. Le givre fond lentement, et je jette un rapide coup d’œil sur l’extérieur.

Les décorations des fêtes de fin d’année habillent le parvis de l’hôpital, la pelouse, habituellement d’un vert flamboyant, est désormais recouverte d’un tapis blanc sans saveur. Mes lèvres se retroussent et je ferme les paupières un court instant en m’imaginant me prélasser dans un transat au bord de la mer. Je tape finalement une réponse rapide.

[Je suis là dans une heure, plateau télé devant l’élection de Miss France ?!]

J’enclenche mes essuie-glaces pour faire disparaître la fine couche d’eau gelée restante, et attache ma ceinture. Mon lieu de travail se trouve à une vingtaine de minutes de mon appartement, mais avec Elena, mon amie d’enfance, nous partageons le même palier.

Bien que nous ayons emprunté des chemins différents à la suite de l’obtention de notre baccalauréat, dans deux voies professionnelles aux antipodes l’une de l’autre : agent de probation pour elle et infirmière puéricultrice pour moi. Ouais, association amicale improbable.

Nous voilà, du haut de nos vingt-cinq ans, incapables de passer une semaine l’une sans l’autre.

Benjamin, son fiancé — mais également un ancien détenu duquel elle est tombée amoureuse —, ne voit pas d’un bon œil nos vacances improvisées.

Je visualise encore mon amie, ses longs cheveux d’un brun cuivré retombant sur ses épaules, étendre les bras en prononçant « Noël sous les tropiques » sous son regard intrigué.

Il aura fallu des heures de négociations pour qu’il concède enfin à laisser son petit bout de femme partir un mois complet dans les îles Baléares avec sa meilleure amie. Je suis certaine qu’elle a su trouver les mots pour le convaincre, elle a toujours su faire preuve de persuasion.

J’attache mes cheveux en un chignon flou, et claque la porte de mon appartement, douchée et vêtue de mon pyjama en polaire ainsi que de mes chaussettes en moumoute favorites.

J’ouvre sans frapper et salue Sphynx, le chat de la race Sphynx — oui, oui, elle ne s’est clairement pas foulée pour lui trouver un nom. Il se frotte contre mes jambes et j’en profite pour caresser sa peau découverte de poils en l’interrogeant :

— Coucou toi, où est ta maîtresse ? Son miaulement semble me répondre, et la voix de mon amie résonne au même instant, depuis le salon.

— Te voilà enfin !

Je me dirige vers elle et l’observe s’occuper des derniers détails de notre soirée improvisée.

— J’ai eu une journée compliquée au boulot, j’ai encore les bip-bips dans la tête, je mérite une bonne nuit de sommeil ! déclaré-je en m’affalant sur son canapé.

La douce odeur des bougies à la cannelle, posées sur le rebord des fenêtres, embaume la pièce, et je souris lorsqu’elle me pose sur la table une assiette spéciale Noël, confectionnée spécialement pour moi. Du pain d’épice, des sablés en forme d’étoile, des bonhommes de neige recouverts de chocolat et de vermicelles.

— Il est temps que l’on prenne nos vacances, si tu veux mon avis, me corrige-t-elle.

Je souris en réalisant que notre départ approche à grands pas. Si Elena adore l’ambiance de cette période de l’année, ce n’est pas mon cas. Mais c’est sans hésiter qu'elle a accepté ma proposition, totalement insensée, de nous enfuir loin de la France, direction les Baléares. Au revoir la Bretagne, au revoir la neige, au revoir le froid, je rêve d’un Noël au soleil, entourée de cocotiers ! Un environnement idéal pour me faire apprécier un tant soit peu ces fêtes.

— Si tu savais comme je me languis de me prélasser au chaud ! Loin des interminables alarmes de ces foutus scopes ! ronchonné-je tout en massant mes tempes dans un geste circulaire.

— Et loin du froid, de la météo hivernale et de l’ambiance festive que tu détestes alors que c’est le moment de l’année que j’attends le plus, reprend Elena en riant avant d’ouvrir les cartons qui trônent sur la table. Ils contiennent deux pizzas déjà découpées de façon à avoir pour chacune de nous, une moitié hawaïenne et mes éternels morceaux d’ananas, et une autre au chèvre recouverte de miel.

— On bitch sur les miss et on prépare nos valises ? proposé-je. Elle acquiesce, le sourire aux lèvres et allume la télé.

Après avoir pris un malin plaisir à critiquer le défilé et les tenues de ces filles au physique de rêve — que nous n’aurons jamais —, nous voilà cette fois chez moi, au beau milieu de ma chambre, entourées de vêtements.

— Tout ce que je retiens, c’est que bientôt, je porterai un bikini aussi sexy que celui de Miss Provence, déclaré-je en posant contre ma poitrine le maillot de bain acheté spécialement pour ces vacances.

— Tant que tu ne portes pas la même robe que Miss Lorraine, je valide ! Trois jours, Evy ! Dans trois petits jours ! s’extasie mon amie en rangeant, dans un pli parfait, les affaires qui partiront avec elle durant ce séjour.

— Oui, j’ai tellement hâte ! Il me reste encore une garde demain à l’hôpital, et le départ sera tout proche !

Je tire sur la fermeture éclair de ma valise et fronce les sourcils lorsque je comprends que la fermer va s'avérer être une tâche compliquée.

— Viens par là, grogné-je en m’asseyant dessus dans un dernier espoir.

Elena s’esclaffe et tente à son tour tandis que j’écrase de tout mon poids les habits qui débordent. Heureusement pour moi, je suis exemptée de transporter écharpes, manteau et autres accoutrements d’hiver bien trop imposants ! Nous clôturons rapidement nos bagages et j’embrasse Elena avant de rejoindre mon lit, le sourire aux lèvres et des rêves ensoleillés plein la tête.

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Hello Par ici ♥

Alors ce début de chapitre ? Vous aimez ? C'est 100 % franchy ^^ On espère qu'Evangeline saura vous faire rire avec sa douceur et sa maladresse ! En attendant direction la deuxième partie de ce chapitre 1 !

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