garache Candid Poison Chapitre 4 (part.1)

Chapitre 4 (part.1)

– Levez-vous ! Le train à atteint son terminus !, s’affole Cassius en nous secouant, un par un.


Ses mots résonnent en moi comme une menace, alors je me lève sur le champ, et constate qu’en effet le train est arrêté. Dehors, c’est le brouhaha : de lourdes machines semblent décharger les cargaisons transportées par les wagons. J’entends des gens parler et s’afférer. Immédiatement, je saisis que nous ne devons pas traîner. J’aide Cassius à réveiller les plus engourdis du groupe, puis remballe promptement mes affaires et celles de Vardan.


– Il faut qu’on file, dis-je lorsque tout le monde semble sortir du sommeil. S’ils nous chopent ici, on va avoir des ennuis.


Je n’ai aucune idée de l’heure, toutefois je doute que le jour soit levé, car aucun rayon de Soleil ne transperce les parois du wagon. Ce doit être l’aube, ce qui peut nous laisser la chance de nous faufiler plus discrètement qu’en plein jour. J’ai l’impression qu’il fait plus chaud que les matins précédents, mais c’est peut-être le stress qui me procure toutes sortes de sensations.


D’un geste relativement contrôlé, et, on l’espère, discret, Saudade active la manivelle et ouvre la porte coulissante. J’ai visé juste : le Soleil n’est pas tout à fait levé, le ciel encore est teinté de nuées violines. Enfin, je n’en distingue qu’une mince partie, car la majorité du paysage est hachée par de nombreux gratte-ciels, qui semblent tous plus hauts les uns que les autres.


– Woah.


Aucun d’entre nous ne s’attendaient à une telle vue. Nous avions jusqu’alors uniquement traversé des milieux champêtres. La ville, c’est quelque chose dont nous avons beaucoup parlé avec nos parents : c’est là que la plupart d’entre eux habitaient, avant le Mal. Ils nous l’ont décrit comme un lieu cosmopolite, où tout est fait de grandeur et de possibilités. Pour nous, c’est un objet de fascination, une sorte d’oasis à laquelle nous n’aurions jamais dû avoir accès. Mais c’est aussi une grande source de crainte. En effet, c’est dans les grandes villes comme celle-ci que s’est développé le Mal. La proximité des gens a considérablement réduit le temps de propagation des symptômes. Ensuite, comme nous l’ont expliqué nos parents, ce fut le chaos.


Cette vue m’évoque autant d’excitation que de peur. La ville est probablement le terrain le plus dangereux auquel nous pourrions être confrontés. Moi qui croyais que plus personne n’avait survécu en dehors du bunker, puisque c’est ce qu’ont toujours supposé nos parents... Nous avons bien croisé quelques inconnus lors de notre périple, notamment dans la première gare. Mais je pensais que eux aussi, fuyaient les grandes villes, réputées comme dangereuses. Visiblement, je me suis trompée, et de nombreuses personnes peuplent encore les lieux. En gage de preuve, la ville est éclairée, et les hommes de la gare déchargent probablement des provisions.

Ce dernier point me ramène à la réalité.


– Et par où on s’échappent, exactement ?, demande désespérément Olga après avoir examiné les lieux.


Le champ de rail est beaucoup plus étalé que tous ceux que nous avons vus auparavant, mais aussi plus fourni en wagons. Il me paraît impossible de tous les dénombrer.


– Je pense qu’on peut zigzaguer entre les wagons tout en restant discret, répondis-je avec une petite voix.


– Ensuite, on trouve l’échelle qui permet de grimper sur le quai, termine Cassius. Toujours dans la discrétion.


– Ça veut dire que l’on va traverser la gare ?, s’inquiète Olga, qui, de toute évidence, flippe autant que moi.


– C’est ce que ça veut dire, oui, répond empressement Saudade. Je passe devant.


Soudain, il saute du wagon. J’admire sa détermination, qui redonne un élan de courage à l’ensemble du groupe. L’adrénaline me gagne, lorsqu’à mon tour, je franchis le cap.

Comme prévu, nous ne traînons pas : les hommes que nous entendions plus tôt et leurs voiturettes ne sont qu’à quelques wagons de nous. Ils effectuent leur tâche mécaniquement, éclairés par les phares de leurs véhicules. Saudade nous implore de rester silencieux en posant un doigt sur ses lèvres, puis s’élance sur les rails jusqu’à atteindre le prochain train à l’arrêt. Ainsi, nous nous rapprochons peu à peu des quais : avant chaque traversée, nous vérifions que la voie est libre, puis courrons. Cela nous prend un peu de temps, et mon cœur s’accélère à chaque fois que c’est à mon tour de franchir les rails. Je me maudis lorsque je fais trop de bruit, ou quand ma gourde et ma lampe torche s’entrechoquent dans mon sac.


Nous arrivons jusqu’à l’échelle, et c’est probablement l’étape la plus stressante. Nous sommes exposés à la vue de n’importe qui au moment de grimper. Lorsque je pose enfin mes bottines sur le sol ferme du quai, je ressens une sensation d'achèvement, et le sang cesse de pulser contre mes tempes.


Je suis portée par le flot des événements lorsque nous pénétrons dans la gare. Mon premier réflexe est de vérifier l’heure, indiquée sur l’une des nombreuses horloges. Il est 5h34 du matin.

Je suis abasourdie : là, des centaines de personnes, qui se déplacent avec des valises, sans sembler se soucier de quoique ce soit si ce n’est d’être en retard. Des centaines de personnes, rien que dans cette gare, qui ne semblent pas se soucier de nous, ni d’une quelconque Mal rôdant dans les parages. Notre allure tranche avec les leurs : ces gens sont bien habillés, ont l’air en bonne santé… Rien ne laisse à penser qu’une tragédie s’est abattue sur eux une vingtaine d’années plus tôt. J’ai l’impression d’être mis face à une mascarade, à une parfaite utopie qui me fout les jetons.


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4 commentaires

Cécile Marsan

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Il y a un an

Ah punaise ! Les gens ont donc survécu dehors !!!! C'est fou ! Pourquoi restent ils dans un bunker alors ?

garache

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Il y a un an

J’ai trop hâte de tout dévoiler ahah

Jakae chappinj

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Il y a un an

C'est vraiment très intriguant ce dernier paragraphe, hâte de lire la suite pour en apprendre davantage 😊

garache

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Il y a un an

merciiii ça me fait très plaisir <3
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