Lily Riding C'est MA maison ! Chapitre 6 - Nick 2/2

Chapitre 6 - Nick 2/2

Il se fait tard lorsque j’entre dans le penthouse silencieux de mes parents. Ordre paternel : toujours revenir au nid faire son rapport. Quelle que soit mon heure d’arrivée, il m’attend dans son bureau, ici ou au siège du groupe.

— Nikolas ! s’exclame ma mère en me voyant.


Elle me rejoint et me fait une bise à sa façon, bruyante, mais sans me toucher. Son parfum m’entoure et me monte un peu à la tête. Malgré l’heure tardive, aucun cheveu ne s’échappe de son chignon serré, son maquillage est impeccable et son tailleur toujours correctement ajusté, comme si elle allait partir dans quelques minutes.


— Maman. Comment vas-tu ?

— Très bien. Et toi ? Ton voyage s’est bien passé ?

— Plutôt bien, merci.


Sans oublier la surprise à la clé de ce voyage. Caleb…

On se reconcentre, ce n’est pas le moment de penser à ça.

— Père est là ?

— Dans son bureau.


Je grimpe l’escalier qui me mène à la grande pièce qu’occupe mon père pour travailler. Plusieurs bibliothèques remplies, armoire fermant à clé pour ranger ses dossiers, bureau en verre où trône son ordinateur, fauteuils en cuir, canapé, tapis persan. Le parfait cliché du riche homme d’affaires comme on le trouve dans la plupart des films. Même le bar assorti des meilleurs whiskeys ne manque pas à l’appel.

— Père.


Il lève les yeux de son écran pour les poser sur moi. Son regard me sonde, comme si d’un simple coup d’œil, il pouvait deviner ce que j’ai dans la tête. Lorsque son sourire carnassier refait surface, j’en déduis qu’il est satisfait de ce qu’il voit.

— Alors, cette visite dans le Vermont ?

— Boueuse.


Aucune réaction. Ce n’est pas une information intéressante pour lui.

— J’ai rencontré Cale… monsieur Caldwell. Comme on pouvait s’y attendre, il a refusé.

— Bien. Quand y retournes-tu ?

— Dans une semaine. La graine aura bien germé d’ici là.

— Parfait, tout se passe comme prévu.

Je suis fier de toi ? Je te fais confiance ? Bon travail ?

Évidemment que non…

— Ne perds pas trop de temps avec ce dossier, poursuit-il. Laisse l’argent agir tout seul. Personne n’y résiste.


Comme j’en ai l’exemple depuis que j’ai l’âge de comprendre. Mon père, et le groupe SUN à travers lui, brise chaque barrière, surmonte chaque difficulté, grâce à un compte en banque bien fourni. Il a toujours mis le prix pour transformer un non en oui. Terrain, immeuble, entreprise. Il veut, il achète. Charge au groupe ensuite de faire prospérer ces nouvelles acquisitions. Même si certaines n’ont pas eu tout le succès escompté, l’entreprise a les reins suffisamment solides pour encaisser quelques échecs. Tant qu’ils sont occasionnels, ce que notre bilan comptable prouve d’ailleurs. Ainsi que ce penthouse à l’entrée de Central Park.


Alors, dans ces conditions, comment ne pas suivre les idées lancées par mon père ? Les actionnaires sont tous convaincus de son flair et rares sont ceux qui contestent un projet.

— Bien sûr.


Il hoche la tête, satisfait que je valide la moindre de ses paroles. Quand il se reconcentre sur son écran, c’est le signe que mon rapport est terminé.

Des questions sur ce que j’ai vu ? Sur l’impression que m’a faite Caleb, sa ferme ? Ce que j’ai pensé du Vermont ? Comment mon voyage s’est passé ?

Pour quoi faire ? Ces données sont inutiles pour ce qu’il a à l’esprit. Une simple perte de temps.


Je ne demande pas mon reste et retourne dans le salon où ma mère est également plongée dans son ordinateur.


— Qu’est-ce que tu fais ?

— Je cherche un local pour le prochain gala de charité.

— Pour quelle cause cette fois ?

— L’ouverture de bibliothèques dans les quartiers populaires. Beaucoup d’enfants n’en ont pas à proximité. Les pauvres… ils n’ont rien d’autre à faire que de traîner dans leur quartier. C’est comme ça qu’ils entrent dans des gangs. Tu te rends compte.

— Hmm.


Je ne suis pas sûre que les bibliothèques règleront la délinquance chez les jeunes, mais soit, pourquoi pas. Si ça lui fait plaisir, et que ça renforce l’image du groupe et de son implication auprès de la population, qui suis-je pour la contredire ?


— Je te laisse te concentrer. Je vais dormir ici, il est trop tard pour rentrer chez moi. Bonne nuit.


Retrouver mon appartement, vide depuis six mois, ne m’intéresse pas trop. J’ai encore du mal à me réadapter à une vie solitaire…

J’embrasse ma mère sur le front puis me dirige vers la cuisine pour prendre une bouteille d’eau avant d’aller me coucher.

— Comme tu veux. Bonne nuit, Nikolas.


Elle m’envoie un baiser de loin puis se replonge sur son écran. Qui se ressemble s’assemble, il paraît. Alors mes parents sont faits l’un pour l’autre. Toujours occupés à travailler.


Avant de m’allonger dans mon lit, une bonne douche chaude s’impose. Histoire de me débarrasser de cette odeur persistante d’animaux et de fumier.

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5 commentaires

Elisha Lowann / Myrtille Lalau

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Il y a 2 ans

Coup de pouce ☺️

ccrosyln

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Il y a 2 ans

à jour :)

Gottesmann Pascal

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Il y a 2 ans

La façon de faire des affaires du père me gène toujours autant. Il pourrait tout renverser pour arriver à ses fins. L'idée des bibliothèques est tout à fait louable mais je suppose que c'est plutôt un moyen de s'acheter une bonne conscience qu'autre chose.

Sarah Portmann

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Il y a 2 ans

👍👍👍👍🤗🤗

Lily Riding

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Il y a 2 ans

😘😘😘😘
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