Fyctia
Connaitre son corps. 2
Je finis enfin par sortir de cette prison scolaire et rejoignis mon cheval. Je flattais son flanc tandis qu'il hennissait de plaisir, et lui offris une pomme que je créai discrètement au creux de ma main.. J'avais toujours le même sourire quand je le voyais. Le souvenir d'un père inconnu, à qui il appartenait, et l'adrénaline lorsque ses sabots foulaient le sol à la vitesse d'un triple galop pendant que je le montais.
Et ce fut exactement ce que je fis. J'aimai sentir le vent fouetter mes joues et les rosir de bonheur. Je sens mes cheveux se changer en sac de nœud en bougeant à la vitesse de l'air. Oui je sais, c'est pas bien de rouler sans casque. Mais j'aime sentir le danger autour de moi, tout comme j'aime bafouer les règles. Mais avertissement. Ne montez jamais sans casques, contrairement à moi, il se peut que vous ne soyez qu'un simple humain et donc, que vous ne soyez pas immortelle.
Dans mon cas, je sais qu'une chute ne me sera pas fatale. Au pire, je perds connaissance pendant un temps, au mieux, je connais la magie pouvant ressouder des os, ou rétablir une hémorragie. Vous, au mieux vous êtes paralysé vu la vitesse qui me fait avancer, au pire, vous perdez la vie. Sympa hein ?! Donc oui, mettez toujours un casque.
Je finis par lâcher BlackOut dans son près, devant l'imposant château qui me servait de maison. Et oui que voulez-vous. Ah, oui j'ai oublié de vous dire. En plus d'être la future prêtresse suprême, je suis aussi l'héritière d'une longue lignée de lord. En gros. Je suis riche et magique. Et là c'est le moment où vous râlez contre moi. Mais je propose ma place à qui la veut.
Pour le moment, je montai dans ma chambre et allais me glisser sous l'eau. Je profitai de ma douche, tout en m'amusant à contrôler l'eau. J'étais assise sur le marbre dont le froid contrastait avec la température du liquide, et je créai des bras aquatiques qui vennaient me laver la tête et le corps sans que j'eus besoin de faire quoi que ce soit.
Certes, normalement, une sorcière ne devait jamais utiliser ses pouvoirs à des fins personnelles. Mais bon, je ne faisais de mal à personne. Je me détendais juste sans utiliser mes muscles. L'eau. Liquide de vie avec le sang. Sans ça, on meurt. Si on le contrôle, on contrôle tout. Donc...
J'entendis frapper à la porte de mon sanctuaire et ruminai qu'on m'extrait de mes pensées.
- Quoi ?!
- C'est moi Mi Lady. Je viens vous préparez pour le bal.
- Entre Carla et s'il te plais... Tutoie moi et appelle moi par mon prénom.
Ma femme de chambre entra dans ma chambre, un immense carton dans les mains. Je la regardai faire, toujours enfoncée dans l'eau. J'aimai bien Carla, on se connaissait depuis notre plus tendre enfance. Elle était en quelque sorte comme une cousine avec qui on grandit. Enfin je suppose, je n'ai jamais eu de famille mis à part ma Grand-Mère.
- Seanmhà t'as encore réprimandé ? Questionnai-je un peu curieuse
- Oui... Et j'ai toujours peur qu'elle m'entende te parler sans le langage digne de ton rang, bouda-t-elle
- Quel rang ? Celui d'une prêtresse ou d'une femme de bonne famille qui doit se marier rapidement pour ne pas être la risée de la famille ?
- Celui d'une amie, compatit-elle.
Je souris, appuyant ma joue contre le marbre froid de la baignoire, sans bouger du massage que me prodiguait le jet d'eau. Un raclement de gorge suffit à me faire tourner la tête dans sa direction et sa manière de tenir mon peignoir de bain me fit comprendre qu'il fallait que je m'extirpe du bonheur de ce moment. Je râlai un peu, mais docile, sortis et laissai la blonde qu'était ma gouvernante, m'envelopper dans le tissus spongieux.
- Allez Coïriél. Tu t'assoies, et tu te laisses faire.
- Oui madame, ironisai-je en me soumettant à sa merci.
Je sentis les doigts agiles de la servante manipuler une serviette dans le but de me sécher les cheveux. Une brise s'éleva autour de nous et je devinai aisément qu'elle faisait fit de la magie du vent pour s'aider, ce qui eut le don de me renfrogner. Bien que ma puissance fut supérieur à celle de Clara, je me méfiai toujours lorsqu'une magicienne se servait de ses pouvoirs, même pour venir à bien de tâches plus que banal. Sûrement un instinct de défense, une intuition animale ou autre.
Pendant que Carla me bichonnait, me faisant ronronner en silence, ma porte s'ouvrit en grand sur deux jumeaux complètement hystériques.
- Bordel Coïriél ! Qu'est ce qu'il t'a prit avec l'autre tout à l'heure ?! Cria Timothé en se pointant à coté de la coiffeuse.
- Hum ?
- Sérieux ?! C'est tout ce que tu réponds à ça ?!
- Mais de quoi tu parles ?
- Du fait que t'es embrassé en inconnu il y a quelques heures peut être ? Juste avant de tomber dans les pommes ?
- Pardon ?! S'écria Carla en même temps que moi à la réponse apporter par Jimmy.
- Te rirais-tu de nous jeune femme ?!s'emporta ce dernier
-J'ai jamais fais ça sacrebleu, continuai-je. Et puis, le jour où j'embrasserai un inconnu n'est pas encore venu.
Je portai mes lèvres à la tasse de café posée devant moi et soupirai de bonheur quand le liquide amer s'enfonça dans ma gorge. Réconfortant et apaisant, voilà ce que m'apportait ce divin breuvage dont j'étais accro.
- Écoute, tu as vraiment agis bizarrement ce matin et puis...
Je n'entendis pas la fin de la phrase de mon ami. Je n'entendis plus que le cri sur-aiguë qui s'échappa de ma bouche. Une douleur. Une douleur insupportable s'empara de moi, de mon poignet plus précisément, ainsi que de ma poitrine. Mon tatouage se mit à chauffer dans ma peau, et je vis l'encre prendre possession de mon avant bras.
Dans un geste violent je me redressai, et une cage de feu aux flammes aussi noires que les ténèbres me prirent sous leurs ailes. Et je le vis dedans. Je le vis, aussi bien que je voyais mes meilleurs amis derrière la barrière magique. Il était revenu. Il revenait de mon passé.
Trenton. Et trois questions me surgirent dans mon esprit. Pourquoi maintenant ? Pourquoi je me souvenais de lui après des dizaines de siècles sans me souvenir de son visage ...
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