Fyctia

— Uhé, on est dans un lycée. Tout le monde peut accéder à cet endroit, il s’agit sûrement d’un élève qui déjeune ici comme nous, ou se balade. Ne sois pas parano.

Il a raison. Ses mots me rassurent. Je suis vraiment à fleur de peau avec tout ce qui m’arrive en ce moment à tel point que j’en deviens déraisonnable.

— Oui, tu as raison. Je suis très fatiguée en ce moment, que ça me joue des tours, me justifié-je à mi-sourire.

— Tu ne dors pas bien ?

— Ah ça ! Si tu savais. Je ne fais que des cauchemars. Ça me réveille et ça perturbe énormément mes phases de sommeil, révélé-je d’une mine contrite.

Il m’observe et m’analyse.

— Je vois.

— Bon, ce n’est pas ça, mais j’ai un devoir à faire moi. Je vais à la bibliothèque. Je te remercie pour ce repas. Ça m'a fait hyper plaisir !

Je le prends dans mes bras. Son corps se fige sur le coup, mais peu à peu ses muscles se détendent et il m’enlace à son tour.

— Attend Uhé ! Je devais t’aider. Laisse-moi le temps de tout ranger et j’arrive.

Il commence à tout ranger dans le panier.

— Non, mais t’inquiètes Jakob. Je vais essayer de me débrouiller toute seule.

— Mais….

Il est complètement déboussolé et me fait de la peine.

— Bon, tu sais quoi ? Je vais travailler à la bibliothèque, mais si tu veux ce soir, on travaillera ensemble ? Là, je vais faire mes recherches et si j’ai besoin d’aide, je viendrais vers toi, d'accord ?

Il opine du chef et je me dirige vers la bibliothèque.

Arrivée à destination, j’observe la pièce et hume l’air. Ça peut paraître chelou, mais j’adore l’odeur des livres. Il y a des fresques au plafond qui attirent mon regard. Elle représente une scène avec des dieux, des anges et l’Olympe.

Je me décide à me diriger vers le rayon histoire pour avoir des livres sur la mythologie.

Si on combine, mon cauchemar, la créature que j’ai vue et les voix que j'entends. Je ne vois qu’une seule solution : la mythologie grecque. Le lycée est inspiré par ça, c’est obligé qu’il y ait des livres, abordant ces thématiques.

J’ouvre un livre sur les dieux et déesses grecs. Je fais défiler les pages, jusqu’à m'arrêter sur Poseidon.

J’apprends que Poseidon est le Dieu des mers, de la navigation, des tempêtes et des tremblements de terre. Il a un palais au fond des mers, lieu où il régnait grâce à son trident forgé par des cyclopes. Il a toujours été avide des royaumes terrestres qu’il souhaite conquérir. Il a le pouvoir d’engendrer des créatures malfaisantes.

Bah, dis donc, ce n’est pas la joie tout ça. C’est assez étrange l’histoire quand on y pense. J’ai beau écumer différents livres, cela ne m’aide pas vraiment à répondre à mes questions.

Rhhaa ça me saoule.

Plus je me renseigne et moins ça m’aide.

Je regarde ma montre et je me rends compte que la pause-déjeuner est bientôt terminée. Je range le livre à sa place et je vais vite aller chercher mes affaires pour les cours de l'après-midi.

En allant vers ma salle de classe, les bras chargés par mes bouquins de cours, je n’ai pas la tête à l’école. Je suis accaparée par mon passé et comment mener à bien ce devoir sur ma famille.

Soudain, je me prends une masse en pleine tête qui me fait trébucher et mes affaires volent dans tous les sens jusqu'à atterrir par terre. Me voilà dans de beaux draps.

— Regarde un peu où est-ce que tu marches la nouvelle.

J’entends d’autres personnes glousser.

Je relève la tête et j'aperçois une magnifique blonde élancée, avec un physique de mannequin. Elle me toise et son groupe de copines rigolent.

— C’est bien toi qui est collée aux basques de mon Jakob ? C’est dingue tu ne lui laisses aucun répit, vous êtes ensemble aux inter-cours, et en plus de ça, tu lui organises un petit repas en tête-à-tête. Ma pauvre ! Tu es pire qu’un vieux chewing-gum, constamment glué à lui, peste-t-elle.

J’essaie d’assimiler toutes les informations. Je ne comprends strictement rien à ce qu’elle me raconte. En-tout-cas, je n’étais pas folle, il y avait bien quelqu'un qui nous observait durant notre pique-nique. La blonde continue sa diatribe :

— Si tu crois qu’une personne comme lui va tomber amoureux de toi, tu te mets le doigt dans l'œil. Tu sais qu’il est seulement gentil avec toi, car son oncle donne beaucoup de fond à l’école. Sans eux, tu ne serais même pas là, seulement dans ton école publique merdique. Tu n’es qu’une moins-que-rien. Les Chester ont juste pitié de toi.

J’encaisse les coups, ses mots sont comme des uppercuts. Qui est cette personne ? Je ne l’avais jamais vu auparavant. J’ouvre la bouche, mais rien n’en sort.

J’entends des pas au loin qui avancent vers moi. Une chevelure rousse de lionne se met devant moi, c’est Kate. Elle s’adresse à ma persécutrice :

— Aliénor, tu n'es vraiment qu’une garce. Toi et tes brebis galeuses, vous n’avez pas d’autres chats à fouetter ? Ou je ne sais pas étudier pour vous rendre un peu plus intelligente et respectueuse. Dégagez de là ! crache-t-elle avec un regard foudroyant.

La blonde n’a pas peur aux yeux, et répond :

— Ou sinon quoi ? répond la belle blonde. Je suis une future princesse, rien ne peut me faire peur. Toi, tu n’es qu’une marquise. Rien de plus. De la petite noblesse, répond-elle dédaigneusement en faisant un geste de dégoût.

Kate, haute comme trois pommes, mais n’a peur de rien. Elle s’avance avec fougue, la princesse prend peur et recule.

— Tu n’as rien d’une princesse. Tu es aussi froide et perfide. Tu n’es qu’une petite fille pourrie gâtée et qui prend de haut tout le monde.

Aliénor grimace et aller rétorquer, mais un surveillant arrive :

— Qu’est-ce qui se passe ici ? Pourquoi y a-t-il un tel attroupement ?

Aliénor change du tout au tout.

— Rien, Monsieur. La nouvelle est tombée et je suis venue l’aider.

La peste blonde s’abaisse et se rapproche de moi. Nos visages sont à quelques centimètres l’un de l’autre :

— Arrête de t’approcher de MON Jakob, c’est clair ? Sinon je ferais de ta vie un enfer.

— Très bien. Reculez tous, intervient le surveillant.

Aliénor analyse la situation et profite de cette occasion pour me repousser encore et ma tête frappe contre le sol. Ma vision se brouille.

J’entends des voix au loin :

— Uhé, ça va ? Oh réponds moi.

Mais je suis complètement sonnée, par le venin des paroles d’Anna. Elle n’a pas tort sur un point. Comment se fait-il que je vive chez le Comte et pas quelqu'un d’autre ? C’est vrai ça pourquoi il n’y a pas d’autres enfants que moi. Les Chester, ont-ils quelque chose à voir là-dedans ? Sont-ils reliés à mon passé ou je ne sais quoi ?

Le mystère prend de plus en plus d’ampleur…