Fyctia
Chapitre 43 Abel, janvier
-Alors, voilà la formule accélérée. Vous pourrez passer votre permis d’ici trois mois. Cependant, n’oubliez pas de bien venir régulièrement aux cours de code. Cela vous garantira un succès quasi immédiat à l’examen.
Mr Toulange, le gérant de l’auto-école m’adresse un clin d’œil quand il remarque la beauté de la fille qui s’est inscrite le même jour que moi. J’avais jusqu’à l’an dernier rêvé de ce jour. Je m’inscrirais avec elle, nous serions en compétition pour obtenir notre permis de conduire en premier. Et un jour, je l’aurais emmenée moi-même au ciné dans la vieille 206 que mes parents m’ont acheté pour mon anniversaire. Et j’aurais vu dans ses beaux yeux bleus de la fierté, de l’émerveillement.
De l’admiration.
La fille qui adresse un sourire radieux à Mr Toulange a bien les yeux bleus et elle aussi est très jolie.
Mais elle, ce n’est pas Camille.
Cette belle fille amoureuse du pauvre idiot que je suis, c’est Manon. Elle a insisté pour s’inscrire avec moi dans la même auto-école. Son père a répondu à son caprice. Elle fête ses 18 ans la semaine prochaine et je ne lui ai toujours rien achetée. Pourtant, un cadeau attend bien sagement dans le tiroir de mon bureau mais il ne lui est pas destinée.
Je n’ai jamais osé donner son cadeau à Camille. Il s’est passé tellement de chose depuis. À aucun moment je n’ai pensé à me conduire avec elle comme un ami. Mes sentiments s’embrouillent tant quand je la regarde.
-Merci, Mr Toulange ! Je peux vous assurer que vous nous verrez aussi souvent que nécessaire ! N’est-ce pas, Abel ?
Manon se presse un peu plus contre moi après avoir récupéré son livre de code ainsi que ses mots de passe pour se connecter à la plateforme. Je lui adresse un sourire poli, me maudissant de ne plus arriver à surmonter ce mur d’incompréhension qui me sépare de mes possibles sentiments pour elle. Pour éviter de trop y penser, je me tourne vers Mr Toulange pour y récupérer mes documents.
Après lui avoir serré la main, nous nous dirigeons Manon et moi vers les rues froides du centre de Lille.
Je laisse Manon me prendre la main.
Elle porte aujourd’hui une robe en laine avec des chaussettes noires qui lui montent jusqu’aux cuisses. Je la trouve très élégante ainsi. Je ne sais pas comment elle fait pour avoir chaud car malgré sa tenue légère, les paumes de ses mains sont bouillantes.
Alors que nous progressons encore sur notre itinéraire et que les premiers lampadaires éclairent le crépuscule, Manon rompt la glace :
-Tu…tu as repensé à ce qui s’est passé à Noël ?
Je prends quelques secondes pour lui répondre, remerciant intérieurement l’obscurité complice qui masque sans doute ma rougeur de puceau.
-Oui, bien sûr, fais-je dans un souffle.
-Et ?
Je déglutis. Comment révéler à Manon que je ne souhaite pas coucher avec elle ? Que mes raisons ne sont pas une question de religion mais que tout simplement, je sais qu’elle n’est pas la bonne ?
-Je ne suis pas encore prêt. Désolé, mais ça ne se contrôle pas ce genre de chose…
Nous nous sommes arrêtés de marcher. Je n’ose affronter son regard clair qui me scrute et observe le bout de mes Converse, gêné, comme un petit garçon.
-Ça ne se contrôle pas ? répète Manon.
Je lève les yeux sur elle et remarque que son visage est voilé par un drôle d’air.
De la colère ?
Du défi ?
-Oui, m’excusé-je.
Nous restons plusieurs minutes à nous fixer. Le souffle chaud de Manon, rendu visible par les températures négatives devient rapide. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais elle me fait peur, subitement.
-Et bien, on va vérifier ça !
Elle m'attrape par le bras et m’entraine dans une ruelle déserte. Manon fait preuve d’une force dont je ne la savais pas capable. Je ne sais pas pourquoi, mais sa fougue m’amuse, cette fois.
D’un seul coup, je me retrouve plaqué contre le mur de briques rouges, typiques dans la région. Sans que je ne sache comment, Manon s’empare de mes lèvres. Je reconnais ce type de baiser, désormais. C’est celui qui est capable de me donner la fièvre. Celui qui me fait oublier mes sentiments fragiles pour elle.
Celui qui peut me faire oublier Camille quelques instants.
Sa langue dompte la mienne. Je ne maitrise rien et laisse son petit corps dominer le mien. La température élevée de ses lèvres dénote avec les miennes, transies de froid.
Et pourtant…
Mes mains s’emparent de son crane tandis que mes doigts s’enfoncent dans sa chevelure de jais. Ils viennent par la suite s'aventurer sur sa croupe parfaite. Son parfum fleuri me fait basculer dans les méandres du désir, arrachant mes principes, dévergondant ma personnalité timide. Je deviens un autre entre les mains expertes de Manon qui suspend à regret la fièvre qui liait nos lèvres.
-Mais, qu’est-ce que tu fais ? fais-je dans un souffle.
-Je te donne un avant-goût de ce que tu as manqué durant des années.
Médusé, je la laisse ouvrir mon manteau et glisser ses doigts sous mon pull. Le contact de ses doigts chauds sur ma peau glacée m’arrache un frisson délicieux. Mon cœur bat à tout rompre lorsque Manon défait à une vitesse hallucinante ma ceinture et mon pantalon. Ses mains exploratrices trouvent immédiatement ma virilité tendue. Sa découverte semble lui procurer satisfaction car elle affiche un sourire sardonique quand sa poigne vient coulisser le long de mon membre. Je jette un coup d’œil aux alentours, à la fois effrayé et excité à l’idée que l’on puisse nous apercevoir.
Mon Dieu, que m’arrive-t-il ?
Mais alors que la panique semble prendre le pas sur ma fièvre, une sensation inédite m’arrache un bêlement ridicule. Je baisse la tête pour apercevoir, à mes pieds, la chevelure sombre de Manon. Quand elle vient écarter quelques mèches qui m’empêchaient de connaitre la source de ce contact étrange, je reste estomaqué.
Les lèvres douces de Manon sont autour de moi et font scintiller sur leur passage ma virilité en émoi. Je m’appuie à deux mains contre le mur tant sa caresse est sauvage. J’ai les genoux qui tremblent, je ferme les yeux pour m’empêcher de déverser immédiatement le fruit de ma satisfaction. Je voudrais dire à Manon de se relever et de me laisser tranquille mais cette fois, je suis bien plus faible qu’à Noël.
Cette fois, ma tête et mon corps évoluent chacun de leur côté sans se consulter. Je ne veux pas que Manon arrête et mon cerveau et en train de me maudire. J’observe ma main appuyer sur son crane pour forcer sa propriétaire à augmenter la cadence et…
C’est si bon ! Mon bassin s’accorde au rythme imposé quand une dernière pression de sa langue vient me faire chavirer. De multiples étoiles viennent pétiller autour de moi alors que la bouche de Manon recueille ce que je lui donne. Je reste pantois, tremblant.
Honteux.
Manon se relève et me rhabille en un éclair. Elle effleure mes lèvres avant de me chuchoter :
-Tu l’as presque fait, maintenant. La prochaine fois, ce sera bon.
Nous nous éloignons alors que je tente de réconcilier mon corps et mon esprit qui semblent désormais se haïr.
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HaleyDavis/MoGadarr
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Il y a 7 ans
alexia340
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Forever_Books
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Ingrid Day
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Estelle Every
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Manon Kaljar
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Il y a 7 ans