Fyctia
De l'extase à l'horreur (2)
L’information était lâchée.
L’officier de police Barizel observa attentivement les réactions du jeune homme.
Son visage blêmit. Ses mains se mirent à trembler. Ses yeux fixèrent le vide.
L’homme avait déjà vu défiler des centaines de suspects devant lui et il avait le don de repérer au premier regard les innocents des coupables.
À moins d’être un excellent comédien, ce dont il doutait, Liam Daudricourt était hors de cause.
Mais pour être définitivement lavé de tout soupçon, une enquête approfondie serait menée à son sujet.
Jean-Philippe Barizel toussota pour attirer l’attention du jeune homme :
— J’imagine bien le choc que vous devez ressentir à cette nouvelle mais vous comprendrez que, vu les circonstances, je sois contraint de vous poser quelques questions.
— Je…pourquoi ma mère…je ne peux pas y croire, c’est insensé. Je sais qu’elle voulait divorcer mais de là à…non ! Non, c’est impossible.
— Votre mère souhaitait divorcer ? Quand vous a-t-elle confié cette information ?
— Il…il y a deux semaines. Lorsque je leur ai parlé de la réception d’hier soir. J’ai coupé les liens avec mes parents il y a cinq ans, lorsque j’ai été admis à l’université. Nous ne nous entendions pas. Nous n’avions pas les mêmes centres d’intérêt et ils refusaient que je me lance dans de longues études supérieures.
— Pourquoi cela ?
— Jalousie. Ils n’ont que le bac et ont passé leur vie à enchaîner les petits boulots. Ils ne voulaient pas que je réussisse là où ils avaient échoué. J’ai eu de la chance, j’ai obtenu une bourse et j’ai pu m’installer dans ce petit studio qui appartient à l’université. Le loyer est correct. Je peux le payer grâce à mes divers jobs d’étudiant.
— Je vois. Votre père possédait-il des armes à feu ?
— Il ne pratique pas la chasse donc cela m’étonnerait.
— Oh, il arrive que des personnes aient à leur domicile des armes parce qu’ils souhaitent se protéger d’éventuels cambrioleurs.
— Je ne pense pas que l’on puisse ranger mes parents dans cette catégorie. Ils ne possèdent pas grand-chose et je ne me rappelle pas avoir entendu ma mère indiquer qu’elle craignait une intrusion dans sa maison. Mais, comme je ne vis plus chez eux depuis plusieurs années, si mon père a acheté l’une ou l’autre arme, je ne suis pas au courant.
— Bien. Nous allons procéder à quelques vérifications au sujet de la réception à laquelle vous avez participé. Si vous vous rappelez d’un détail qui pourrait nous éclairer sur le geste commis par votre mère, pourriez-vous me rappeler ? Voici ma carte. En attendant que nous obtenions toutes les informations à votre sujet, puis-je vous demander de me contacter si vous comptez vous rendre à l’étranger ou effectuer un long déplacement en France ?
— Je ne peux pas partir, je dois effectuer des recherches à la bibliothèque universitaire cette semaine pour mon mémoire et discuter du sujet avec l’un de mes professeurs. Je serai diplômé dans six mois.
— Bien. Hum…lorsque l’autopsie sera terminée, désirez-vous voir votre père ?
— Non. Je ne préfère pas.
— Je sais que c’est assez délicat mais en ce qui concerne les obsèques, elles ne peuvent être organisées que dans un délai de six jours à partir du moment où le « permis d’inhumer » est signé par le procureur de la République. Je dois également vous mettre en garde au sujet de la presse et des réseaux sociaux. Des témoins ont déjà posté quelques photos de la scène de crime sur Twitter. Je vous conseillerais de ne pas lire les commentaires. Ils sont assez violents. Des journalistes vont également sans doute demander à vous rencontrer pour une interview.
— Je refuserai bien entendu. Je ne veux pas qu’ils s’immiscent dans ma vie privée.
— Ils le feront, si ce n’est pas déjà fait. Attendez-vous à ce qu’un article sorte dès ce soir sur internet et demain dans la presse écrite au sujet de votre famille. Dans ce type d’affaire, les journalistes sont souvent très rapides pour dénicher des informations croustillantes.
Liam dévisagea son interlocuteur avec effarement. Ses professeurs allaient forcément apprendre la nouvelle. Quelle serait la position de l’université à son égard ? La direction considérerait elle qu’il pouvait nuire à la réputation de l’établissement ?
Quelques minutes, plus tard, le jeune homme fut consterné en constatant que plusieurs journalistes l’attendaient devant la porte de l’immeuble où il habitait. Il se fraya un passage au milieu de la meute surexcitée tout en refusant de répondre à leurs questions.
Enfin en sécurité dans son petit studio, Liam prit la pleine mesure de ce qui venait de lui tomber sur la tête.
Comment, en l’espace de quelques heures, avait-il pu passer de l’extase à l’horreur ?
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Ah je peux vous dire que Liam, avec moi, il va galérer ( pour rester polie haha).
Il n'est pas au bout de ses ennuis.
La mort de son père...ce n'est que le début !
En vrai que je trouve qu'un romantic suspens ça permet d'être encore plus sadique avec ses personnages...
21 commentaires
M.G. Margerie
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Il y a un an
Raëlfar
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Ashley_Parker
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