Fyctia
Confiance en elle
En fin de soirée, Marianne se connecte sur les réseaux sociaux pour découvrir les réactions suite à son intervention il y a quelques heures. Elle ne se fait pas d’illusion et sait bien que les insultes ne vont pas cesser du jour au lendemain mais espère que, pour la première fois, elle découvrira des messages positifs. Comme elle s’y attendait malheureusement, les premiers messages la déçoivent fortement.
Mes parents regardent La chaine info en boucle. Maintenant ils disent que la blondasse a raison. SOS j’ai envie de me pendre.
Voir Marianne faire son intéressante pendant une demie-heure à la télé est proprement écœurant.
Tu te prends pour une héroïne féministe sale gamine ?
Je comprend le désespoir du père, cette fille a tout de la garce manipulatrice et je suis prêt à parier que sa mère est pareille.
Mais, au fil du temps, elle arrive à trouver les messages positifs attendus. Toujours provenant de femmes engagées dans les combats féministes.
Marianne Jonquier de Frissac dérange parce qu’elle ose s’élever publiquement contre la brutalité masculine.
Le courage de cette ado qui vient de fêter ses 16 ans est magnifique, elle est un exemple pour celles et ceux qui souffrent.
Enfin les oppresseurs ne vont pas être les seuls à avoir la parole. On ne se tait pas.
Rapidement, au cours de la soirée, le On ne se tait pas devient un cri de ralliement sur les réseaux sociaux et des dizaines de voix, féminines mais aussi masculines, s’élèvent pour dénoncer la brutalité d’un père, d’une mère ou d’un conjoint. Ces dizaines de voix pourraient bientôt devenir des centaines ou des milliers qui témoigneront sur la toile. Visiblement, il n’y a pas que chez les Jonquier de Frissac que la période du confinement a été propice à un emballement des tensions familiales. Marianne est particulièrement émue par certains témoignages d’adolescents qui parlent d’un frère ou d’une sœur plus jeune, qui souffrent des tensions et de la violence. Valentin n’a peut être pas souffert physiquement, comme Clotilde. Mais, psychologiquement, il est peut être celui qui a été le plus affecté par la situation. Il n’y avait qu’à voir ses larmes tout à l’heure lorsqu’il a vu son père à la télé.
Un peu avant minuit, alors que ses yeux commencent à somnoler, elle sourit en voyant apparaitre le nom de Diego sur son portable. Un message de soutien de son ancien amoureux serait parfait pour achever cette journée riche en émotions.
Je viens de faire un tour sur les réseaux sociaux et ai eu la surprise de voir que tu étais devenue une véritable star. Tu as su provoquer une magnifique vague de témoignages. Je préfère tellement voir des messages de soutien pour toi et ta mère plutôt que les conneries d’Enzo. Tiens bon Querida, t’es la plus forte.
Je suis la plus forte, se dit Marianne en s’endormant après avoir envoyé un message de remerciement à Diego. Je ne me contente pas d’encaisser quand on m’attaque mais sais riposter et même protéger les miens. C’est en se rêvant avec une cape de super héroïne que Marianne s’endort et, de sa vie, elle ne s’est jamais sentie aussi forte.
À son réveil, vers huit heures du matin, l’adolescente est accueillie par sa tante Viviane tout sourire qui lui annonce qu’elle ne lui a pas manqué du tout parce qu’elle la voit, régulièrement à la télé depuis deux heures. Visiblement des extraits de l’interview de la veille sont rediffusés pour enfoncer le coup. En jetant un œil à son portable, Marianne peut constater que le #On ne se tait pas n’a pas faibli durant la nuit, bien au contraire. C’est même devenu un véritable raz de marée sur les réseaux sociaux. Elle éclate même de rire en lisant certains commentaires de garçons de son âge qui pensaient que toutes les féministes étaient vieilles, moches, poilues et agressives. Et bien, qu’ils le veuillent ou non, la version jeune et blonde aux yeux bleus de la féministe existe.
Il faut que je redescende un peu sur terre, se dit soudain Marianne, parce que si je suis canon en plus d’être puissante je vais finir par avoir les chevilles qui enflent. Mais, pour le moment, elle a juste envie d’éprouver sa nouvelle force face au punching ball.
Montant au grenier se tient face au sac de frappe après avoir enfilé ses gants et, ferme sur ses appuis, elle commence à envoyer les coups. Elle n’est plus du tout la victime désespérée de l’avant-veille qui tapait désespérément pour faire passer son mal être. À présent, ni son père, ni Enzo, ni les connards des réseaux sociaux ne lui font peur. Quant à Amélie Grangier, elle aimerait bien une explication musclée entre femmes avec elle pour lui fair comprendre que ce qu’elle a fait était honteux. Mais il vaut mieux réserver les coups au punching ball. Le visage décidé, comme si elle montait sur le ring et faisait face à l’adversaire, Marianne commence à alterner les directs et les crochets. Les gestes ne sont certainement pas les bons mais l’état d’esprit de l’adolescente est véritablement celui d’une guerrière. Elle en a d’ailleurs besoin car elle sait que le combat à distance avec son père ne fait que commencer.
Justement, quand elle pense à son géniteur, il appelle sur son portable. Les dernières paroles échangées entre eux se sont conclues par une claque retentissante alors elle se demande si c’est une bonne chose de lui parler. D’autant plus que les trois jours passés n’ont pas apaisé les tensions, bien au contraire. Elle décide pourtant de le rappeler puisque, le temps de se défaire des gants de boxe, elle a raté la première communication. Ce sera leur première confrontation directe mais elle s’y sent tout à fait prête.
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stéphanie LAGALLE
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Eva Boh
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Gottesmann Pascal
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