Gottesmann Pascal Bien sous tous rapports Rassurer Clotilde

Rassurer Clotilde


Délaissant ses malades pour une heure, Stanislas arrive et voyant l’état de sa sœur, il se dit que l’heure est grave. Heureusement, il connait la solution radicale. Si celle ci ne réussit pas c’est vraiment sans espoir. Prenant son téléphone, le médecin appelle son vieil ami le prêtre de Lisognan.


— Bonjour docteur Pellegrin, dit-il de sa voix rocailleuse au fort accent toulousain. C’est gentil de prendre le temps d’appeler tes patients en bonne santé. Comment tu vas Stanislas ?


— Ça va très bien merci. Mais ce n’est pas le patient que j’appelle, je sais bien qu’aucun virus ne peut t’atteindre tellement tu es solide. Essaye juste de faire un peu d’exercice malgré le confinement. En fait, je veux parler au père Roger.


— Le père Roger vous écoute mon fils, avez vous besoin du secours du seigneur dans ces temps troublés.


— Pas moi, ma sœur Clotilde. Tu dois être au courant qu’elle est venue se réfugier chez moi avec ses enfants.


— Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas le savoir. J’ai même vu l’interview de ta nièce hier soir à la télé. Quel courage et quelle dignité chez une si jeune femme.


— Marianne m’étonne autant que toi mais si elle parle à la place de sa mère c’est parce que celle ci n’est pas capable de le faire. Et, contrairement à moi que tu n’as pas vraiment l’habitude de me voir à l’église, c’est une catholique fervente et pratiquante.


— Et elle a besoin du secours de la religion pour aller mieux ? T’as bien fait de m’appeler Stanislas.


— Je savais que je pouvais compter sur toi Roger, je te la passe tout de suite.


Stanislas se rend dans le salon et s’approche du canapé où Clotilde essaie de somnoler et, touchant délicatement son épaule, il la réveille avant de lui tendre le téléphone.


— Tiens, dit-il, d’une voix rassurante, c’est pour toi.


— Qui c’est ? demande t’elle d’une voix vaseuse. Pas Lionel au moins.


— Si c’était Lionel tu crois que je te le passerai ? De toute façon tu m’aurais déjà entendu l’insulter.


Clotilde met le téléphone à son oreille et murmure un Allo.


— Bonjour ma fille, je suis le père Roger, le prêtre de Lisognan.


— Bonjour mon père, il ne fallait pas que Stanislas vous dérange pour moi. Vous avez sans doute bien assez à faire avec vos fidèles.


— Puisque vous avez rejoint Lisognan vous faites partie de mes fidèles. Et le Christ nous a bien appris à ne jamais laisser notre prochain dans le besoin, d’où qu’il vienne.


— J’ai l’impression d’avoir été un peu abandonnée par Dieu ces derniers temps. Il m’a protégé pendant toute notre fuite qui s’est déroulée sans accroc mais depuis je suis seule.


— Je vous rassure Clotilde, l’éternel garde toujours un œil sur vous. Regardez la force de caractère de votre enfant et la pugnacité avec laquelle elle se bat pour faire triompher la vérité.


— Oui, c’est Marianne qui a la force que je devrais avoir. Je me sens faible mon père.


— Vous ne l’êtes pourtant pas ma fille. Quand on a subi ce que vous avez subi il est normal d’être affecté. Et puis n’allez pas imaginer que vous avez mal fait de quitter la maison familiale parce que c’est faux.


— Pourtant j’ai l’impression que toutes les épreuves que je subis et fais subir à mes proches sont envoyées par Dieu pour me punir d’avoir quitté mon foyer. Mon époux n’est quand même pas le diable que je sache.


— Celui qui était votre époux et reste le père de vos enfants n’est pas le diable mais, d’après ce que je sais de ce qu’il a fait, a certainement été inspiré par lui. Dans le sacrement du mariage, les époux se promettent amour mutuel, respect et protection. Est ce qu’il vous respectait et vous protégeait quand il se montrait brutal avec vous ?


— Non, mais il n’était régulièrement violent que depuis un mois, c’est une mauvaise passe.


— Vous imagineriez vous frapper quotidiennement votre mari ou vos enfants pendant tout un mois sous prétexte que c’est le confinement. Ne lui cherchez pas d’excuses Clotilde parce qu’il n’en a pas. Et je peux vous garantir que votre fille et vous finirez par triompher parce que votre cause est juste et sainte.


— Ma fille…elle va partir porter plainte chez les gendarmes pour la deuxième fois en trois jours parce que des voyous l’ont agressée et ont essayé de la violer.


— Et pensez vous que ces jeunes imbéciles ont été, eux aussi, envoyés par le Seigneur pour vous mettre à l’épreuve ?


— Mais non mon père, pas du tout. Ces vauriens n’ont rien à voir avec Dieu.


— Votre époux non plus dans ce cas. Et ne dites pas que vous le connaissiez. Vous pensiez le connaitre. L’homme mauvais arrive à dissimuler ses vices un certain temps mais ceux ci finissent toujours par refaire surface.


— Au bout de vingt années il était temps. Merci pour votre soutien mon père. Vos paroles m’ont fait le plus grand bien.


— C’était le but ma fille. Je vais prier pour vous ainsi que pour vos enfants.


— N’oubliez pas Viviane et Stanislas, ajoute Clotilde. Sans mon frère et ma belle-sœur je ne sais pas ce qu’on serait devenus.


Le père Roger raccroche et Clotilde reste pensive un moment. Même si les problèmes demeurent toujours cette conversation lui a apporté l’énergie nécessaire pour faire face. Elle aimerait dire leurs quatre vérités à Lionel ainsi qu’à cette journaliste et même corriger les jeunes voyous qui s’en sont pris à sa fille. Au moment de rendre le téléphone à son frère elle ne sait quoi dire pour lui exprimer sa gratitude mais les yeux sont assez éloquents. Stanislas aimerait la serrer dans ses bras et lui dire que tout va aller pour le mieux mais il se souvient que, en ces temps de pandémie, il faut plus que jamais rester prudent. Il doit d’ailleurs repartir parce que ses malades l’attendent.

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6 commentaires

Seb Verdier (Hooper)

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Il y a 4 jours

Petit like pour cette dernière ligne droite avant la fin du concours ;)

Leo Degal

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Il y a 4 jours

Stanislas a bien compris quel était le levier à utiliser pour soulager Clotilde, et le père Roger s'est montré à la hauteur.

Gottesmann Pascal

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Il y a 3 jours

Oui. Il savait que son ami prêtre trouverait les mots.

NohGoa

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Il y a 5 jours

Like express, pas le temps de commenter, désolée

Marie Andree

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Il y a 5 jours

Stanislas a eu un bon réflexe ! J'espère que Clotilde va doucement remonter la pente à présent... Mais Lionel m'inquiète quand même...

Gottesmann Pascal

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Il y a 5 jours

Stanislas est un frère très aimant qui fait tout pour sa petite sœur.
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