Fyctia

Trevor

Lentement, je lui retire son arme dangereuse, puis la pause sur la table basse.

— Je peux aller lui parler si tu veux, suggéré-je.

Il soupire avec ironie.

— Elle ne te dira rien, ça, j'en suis quasi sûr.

C'est tout à fait vrai.

— Et si ce merdier ne t'était pas tombé dessus par rapport à Helena, tu aurais pu carrément lui demander. Elle par contre, elle n'aurait eu aucune hésitation à te l’annoncer. S'il y a bien une chose à laquelle elle est prête à tout, c'est arrangé un coup pour sa meilleure amie.

Ce merdier. Le mot est bien trop faible. C’est cet accident qui est le point de départ culminant. Si je n'avais pas détourné mon attention sur elle, quelques secondes, pour l'admirer, comme je le faisais bien trop souvent, j'aurais pu anticiper ce véhicule qui arrivait bien trop rapidement en grillant le stop. J'aurais déporté la voiture dans une petite glissade, et rien de grave ne se serait passé ; sauf pour l'homme qui aurait à coup sûr fini dans le champ devant lui. J'aurais aussi pu freiner sec, et au vu de la vitesse, nous n'aurions jamais pu le percuter. Mais j'aurais beau me revivre cette fameuse nuit fatidique en boucle dans ma tête, rien ne pourra être changé et ce qui est fait est fait. Je continuerai également à lui être détestable, jusqu'à ce que l'année se termine et que nos chemins se séparent définitivement.

— Et toi, alors, m’engage-t-il pour dériver sur un autre point. Quel sera ton prochain coup tordu ?

— Tu sais que tu ne vas pas échapper longtemps au sujet : Maxine ?

— Ouais, mais on s’en tape là, râle-t-il. Je veux connaître ta prochaine vengeance.

J'observe à nouveau la concerner et l'admire rire face aux paroles que lui lance Chad. Je me demande pourquoi il n’est déjà pas en train de chauffer la première venue. Avec la sororité présente, il s’embête à distraire Helena. Je ne perçois rien de ma position, néanmoins, le spectacle qu'elle m'offre me suffit bien assez pour qu'une idée pop dans mon esprit.

— Je vais tester sa jalousie, déclaré-je avec amusement.

Dori arque un sourcil.

— Je te signale que t’as foiré ton coup avec Clarisse, me rappelle-t-il en me pointant la demoiselle de son index.

Mon ami me sous-estime beaucoup trop. Elle a beau être en train de chauffer un mec, il me sera tout de même simple de la reprendre. Les filles vénales n'ont rien de différent les unes aux autres.

— Admire le spectacle et apprend, jeune padawan.

Je rejoins de ce pas ma cible puis lui tends la main. Je n’ai pas besoin de prononcer le moindre mot pour qu’elle saisisse mes sous-entendus, et qu’elle se lève en abdiquant ses ongles sur ma paume. Je pose ensuite mes lèvres contre les siennes à la vue de tous. Je l’embrasse langoureusement, mes doigts glissés contre sa joue. Son goût est aussi infâme que je l’avais imaginé. Elle ne me fait ni bander, ni ressentir une quelconque euphorie dans le bas de mon ventre. Autant embrasser ma grand-mère, ça me dégoûterait de la même façon. Ma complice, qui ne le sait pas encore, ne perd pas de temps pour faufiler ses mains sous mon t-shirt en approfondissant notre baiser de sa langue qui franchit la barrière. Je n’ai pas besoin de le voir, pour juger qu’Helena me scrute déjà. Je peux sentir son regard posé au-dessus de mon épaule.

— Et si l’on allait dans ma chambre, Clarisse ? lui dis-je en m’écartant.

Elle se mord la lèvre inférieure et acquiesce en silence. J’entrelace nos doigts, puis l’entraîne à l’intérieur en passant devant ma victime. Sans en perdre une miette, et avec une arrogance qui l’agace, je ne manque pas de lui gratifier d’un clin d’œil.