France_L Aveuglément toi Chapitre VII - Damien

Chapitre VII - Damien

Je me crispais sur l’animal. Mon dieu, que c’était haut ! Je ne savais pas où me tenir alors je m’agrippais aux lanières qui étaient entre mes doigts.

— Détend-toi Damien, murmura Cécile en posant sa main sur ma jambe.

Son toucher m’électrocuta et je frémis.

— Désolée, je suis électrique en ce moment. Un trop plein d’électricité statique je pense, marmonna-t-elle en dégageant sa main.

Je hochais la tête, nullement convaincu par son excuse.

— Ne t’agrippe pas aux rênes, d’accord ? Tu peux même les laisser tomber si tu préfères. Dans un premier temps nous marcherons ensemble en longe. Michelle fera avancer Raquette en cercle autour d’elle pendant que je serai près de toi, jusqu’à ce que tu te sens à l’aise.

Elle prit mes doigts qu’elle détendit puis les posa sur une lanière accrochée à la selle.

— Ici, tu peux tirer autant que tu veux, tu ne risques pas de faire mal à Raquette. Prends une longue inspiration Damien et détends tes muscles. Tu vas avoir plus mal aux épaules qu’aux cuisses demain, ria-t-elle en caressant de nouveau ma jambe.

J’essayais de cacher mon trouble, mais au vu du rire de Cécile, je n’avais pas réussi.

— Tu es prêt Damien ? demanda Madame Caudmet

— Euh…. Je crois, soufflai-je alors que je ne l’étais pas du tout.

— Tout va bien se passer, t’inquiète pas ! Je serais à côté de toi et si tu ne le sens pas, on arrête direct ok ?

Je hochais la tête en me passant la langue sur mes lèvres pour les humidifier. J’avais peur, pire j’étais terrorisé, mais la voix de Cécile me rassurait et me poussait à me dépasser. Le cheval avança d’un pas et je me raidis. Je sentais son ventre se gonflait quand il respirait, le balancement de son corps à chaque pas qu’il faisait. Mon dos partit en arrière et je laissais échapper un couinement aigu. Cela me récolta une claque sur la jambe.

— Pas de cri ! me gronda Cécile.

Je ne pus répondre, ma respiration se bloqua dans ma poitrine et je me mis à trembler de tous mes membres. Des larmes m’échappèrent, je ne pouvais finalement pas faire plaisir à mes parents en montant à cheval.

C’était au-dessus de mes forces.

— Ok, on s’arrête là pour aujourd’hui. Cécile, aide-le à descendre. Damien, je suis fière de toi, c’est très bien ! Tu as réussi à prendre sur toi pour dépasser ta peur. La prochaine fois, tu réussiras à monter plus longtemps.

Le cheval s’arrêta et Cécile m’enleva les pieds des étriers avant de m’ordonner de me coucher sur le cou de ma monture, enfin l’encolure, ce que je fis en tremblant.

— C’est très bien. Tu as pris une bouteille d’eau ? Il faut boire après monté à cheval.

Je secouais la tête et je l’entendis soupirer. Une fois les pieds à terre, je dû m’appuyer sur la jeune fille pour ne pas tomber. Elle me guida et je frissonnais en sentant le souffle du cheval derrière moi.

— Voilà, c’est bien. Assis-toi là en m’attendant, je vais désangler Raquette et je t’apporte de l’eau. Essaye de respirer comme la dernière fois avec ton père, ok ?

Je ne répondis pas, mais je m’appliquais pour faire ce qu’elle disait. Je fermais les paupières et me concentrais sur son odeur qui flottait encore près de moi. Je faisais tout pour ne pas penser à ce qu’il venait de se passer. Je l’entendis rouspéter au loin, dans le calme des écuries et je pense que les animaux n’étaient plus dans les boxes. Les sabots de Raquette s’éloignèrent et je crus une seconde que Cécile m’avait abandonné. C’était la première fois que je me retrouvais seul, sans Jackpot et sans mes parents.

— Damien ?

Je sursautais ; je ne l’avais pas entendu revenir. Elle prit ma main pour me mettre un gobelet dedans et je me désaltérais avec le liquide glacial. Cela me fit du bien.

— Merci. Qu’est-ce qu’il y a ? demandai-je après l’avoir entendu ouvrir la bouche plusieurs fois.

— Je n’en ai pas encore parlé à Michelle, mais je pense que l’éthologie pourrait t’aider.

Je fronçais les sourcils.

— Qu’est-ce que c’est ?

— C’est l’étude scientifique du cheval. On a déformé ce mot pour l’adapter à ce qu’on fait, on devrait davantage se nommer des éducateurs qu’autre chose parce qu’on n’étudie pas le cheval. On apprend à l’écouter, à le comprendre et à lui faire comprendre ce qu’on veut en douceur. Ça n’aide pas seulement le cheval à progresser, ça aide également l’être humain dans son comportement.

Elle s’arrêta une seconde pour déglutir avant de reprendre.

— Tu as peur des chevaux parce que tu ne leur fais pas confiance, mais surtout parce que tu ne te fais pas confiance et que tu n’es pas épanoui dans ton environnement.

— C’est faux ! m’exclamai-je en la coupant et je me tus à mon tour quand elle me claqua l’arrière du crâne.

Je me retins de grogner, elle n’avait pas le droit de me frapper comme ça.

— Pas de cri !

Je marmonnais un « désolé » à peine audible.

— Bien. Comme je le disais, tu n’es pas épanoui donc tu refuses d’accorder ta confiance parce que tu as peur et je pense que l’éthologie peut t’aider à sortir ce qui se cache à l’intérieur, elle tapota mon torse à l’endroit de mon cœur, et qui ne demande qu’à sortir.

Je ne répondis pas dans un premier temps, réfléchissant à ce qu’elle venait de dire.

— Tu sais, entre ce que tu penses et ce qui est vrai, il y a une large marge. Tu peux te voiler la face, mais ce qui est vrai reste vrai. Tu n’arrives pas à être heureux. Tant que tu n’arriveras pas à sortir de cet engrenage qui te maintien sous les flots, tu ne pourrais pas être toi-même et faire ce qui te plaît.

— Tu pourrais m’aider toi ? lâchais-je dans un souffle sans réfléchir, la tête penchée en arrière.

Elle ne répondit pas et Michelle arriva à cet instant avec ma mère. Il était déjà onze heures ? L’heure était passé tellement vite. Cécile m’aida à me redresser.

— N’oublie pas ce que je t’ai dit Damien. Michelle je pense que l’éthologie peut aider Damien à lui faire gagner de la confiance en lui. Qu’est-ce que tu en penses ?

— Je pense que je devrais te laisser faire les cours avec lui, seule, même si tu n’es pas agréée monitrice. Madame de Montargie…

— Montargie, Madame Caudmet, le « de » est une particule et ne se prononce pas quand on appelle une personne par son nom de famille, l’interrompit ma mère d’une voix sèche.

Ce qu’elle m’insupportait quand elle agissait de la sorte.

— Euh... oui, donc Madame Montargie, si Damien prend les cours avec la même personne cela pourrait lui être bénéfice. Il prendrait davantage confiance en la personne qui le fait progresser que dans deux personnes qui changent régulièrement.

— C’est dangereux, le fait que cette jeune fille ne soit pas agréée ?

— Du tout Madame, répondit Cécile d’un ton tellement assuré que cela ne me disait qui vaille.

J’ignorai pourquoi, mais j’étais certaine qu’elle mentait.

— Dans ce cas je n’y vois pas d’inconvénient. Damien, il faut que nous partions tout de suite sinon nous allons être en retard.

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5 commentaires

Flora Armonie

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Il y a 7 ans

J’aime tellement comment tu décris le milieu.

CaroMélu

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Il y a 7 ans

Cécile qui souffle le chaud et le froid... je me demande si elle le fait consciemment ou si ses moments de "gentillesse" lui échappent. ;-)

GwenouilleBouh

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Il y a 7 ans

J'aimerais comprendre ce qui se passe ds la famille de Damien car on sent qu'il se passe un truc sans trop comprendre. Rhaaa curiosité, quand tu nous tiens !

France_L

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Il y a 7 ans

Oui, je le connais très bien et c'est tellement grisant d'écrire sur ce sujet que ça en devient facile :) merci pour tes votes ♥

paul geister

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Il y a 7 ans

ton univers est vraiment bien decrit on sent que tu maitrise cet univers
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