France_L Aveuglément toi Chapitre IV - Cécile

Chapitre IV - Cécile

Je grinçais des dents, je ne voulais surtout pas être la béquille de cet imbécile qui pensait pouvoir défier le destin en se jouant de lui. Avant de pouvoir objecter contre ça, Michelle me congédia de la main en me disant qu’elle ne m’attendrait pas si j’étais en retard.

Je me tournais en changeant mon chargement de bras et me dirigeais à grandes enjambées vers les stabulations. Je jurais dans ma barbe à son encontre et déposais mes affaires avec fracas, effrayant les deux poneys qui se trouvaient là.

— Qu’est-ce qui se passe Cécile ? questionna Sarah en brossant la crinière de Pamplemouss.

— Il se passe que j’accompagnerai le non-voyant pour son premier rendez-vous alors que ce n’est pas mon job, sifflai-je en ouvrant la porte du box, à côté de la stabulation et en sorti Caramel.

Je l’installais à côté de Pumpum et commençais à lui curer les sabots.

— Ce n’est pas Marie qui doit le faire normalement ? demanda Estelle.

Je passais aux postérieurs quand j’eus fini les antérieurs. Entre temps, je me redressais pour faire face à la jeune fille qui passa une mèche rousse derrière son oreille, mais elle retomba aussitôt devant ses yeux.

— Non, elle sera occupée avec le groupe.

— Le groupe ? Quel groupe ?

Je regardais Sarah qui sangla son cheval.

— C’est le groupe d’enfant déficient mentalement.

Je fronçais les sourcils en disant cette information.

— En fait, je ne sais pas l’heure de son cours.

Je replongeais pour finir de curer Caramel. Si je ne me dépêchais pas, elles partiraient sans moi.

— Je vais t’aider Cécile.

Sarah prit le bouchon et brossa la robe grise moucheté de Caramel.

— Merci.

Je soufflais sur mes cheveux noirs pour les éloigner de mes yeux.

— Et je ne suis pas là mardi en plus, commenta Estelle, sinon j’aurai demandé si je pouvais prendre ta place. Tu sais que ça ne me dérange pas de prêter main-forte à Michelle et puis il est plutôt mignon.

Je manquais de m’étrangler avec ma salive.

— Bah quoi, c’est vrai ! rougit-elle et se hâta de sceller Pumpum.

— Les filles, vous avez terminé ? Je ne vais pas vous attendre éternellement !

On se regarda toutes les trois et on éclata de rire. Elles m’aidèrent à sangler Caramel et nous mirent notre filet en même temps. Nos bombes sur la tête, nous nous dirigions vers l’extérieur en parlant. Nous travaillions ensemble depuis deux ans et nous nous entendions bien. Nous nous retrouvions souvent chez Estelle ou Sarah pour passer la soirée ensemble. Pour moi, c’était un peu plus compliqué pour la simple et bonne raison que personne ne venait chez moi sans mon consentement.

— Aller, à cheval ! nous rabroua Michelle, déjà en selle.

Pantoufle piaffait d’impatience. Les unes après les autres, nous montâmes sur nos chevaux respectifs et nous partîmes sur le sentier qui nous servait de chemin de balade et à l’occurrence, de chemin de trotting. C’était parti pour trente minutes de trot intense.

Cette séance me vida la tête et je pensais plus à Damien ni au fait que je devais l’accompagner pour son premier cours. Je fermais les yeux de bonheur. De retour au écurie, nous bichonnâmes nos montures sous le rire d’Estelle que nous charriâmes pour son coup de cœur du moment. Elle changeait de crush comme de chemise.

Une fois les chevaux dans les boxes, nous nous remirent à mettre le foin à l’intérieur sous les coups de jambes des chevaux contre les cloisons métalliques. Sarah et Estelle crièrent plus d’une fois sous mes rires. J’étais de bonne humeur pour la première fois depuis longtemps et les filles n’en revinrent pas, moi aussi d’ailleurs.

Midi et l’après-midi passèrent rapidement. Les filles partirent avec Michelle pour débarrasser la déchette et j’étais plus qu’heureuse de n’avoir pas être mise à contribution. Cette tâche était longue et épuisante. À chaque fois qu’elles revenaient pour charger la remorque, j’avais le droit à des regards de chats Potté pour permuter de place.

Je riais en secouant la tête. Je rentrais les chevaux fur et à mesure de leurs allés et venues. Parfois je balayais quand je voyais un coin sale. Dix-sept heures trente sonna pour rentrer. J’attendis tout de même le retour de Michelle pour la prévenir.

— Demain matin, je ne serais pas là. Tu seras seule pour nourrir, ça ira ?

— T’inquiète ! Tu vas où ?

Elle secoua la tête en se contentant de sourire.

— Dans ce cas, à demain.

— À demain Cécile, me lancèrent Estelle et Sarah en même temps en me jetant des regards noirs. La prochaine fois, c’est toi qui t’y colle, ajouta l’apprentie-monitrice en essuyant la sueur de son front.

— On verra, ma biche, pouffais-je.

Je démarrais le scooter en mettant mon casque et m’enfuyais d’ici, direction Le ponton, sur le bord de Loire. Le restaurant était juste en face de mon chez-moi et j’y passais la plupart de mon temps quand je sortais du travail. Dix minutes, j’étais sur place et je saluais le chef de l’établissement, Étienne, un cuisto dans la fleur de l’âge.

— Alors ma grande, comme ça va ? Bonne journée aujourd’hui ?

Je hochais la tête en me changeant. Je créchais gratuitement chez-lui alors je donnais un coup de main quand son personnel était en sous-effectif, comme aujourd’hui. Étienne avait toujours essayé de jouer un rôle de papa, il me semble. Mais je ne l’avais jamais laissé rentrer dans ma vie, comme pour Sarah et Estelle.

Seule Michelle savait ce qui m’était arrivée et encore, parce qu’elle avait tellement insisté quad elle m’avait retrouvée en pleurs, le couteau qui servait à couper les cordes du foin en main. Depuis, elle me gardait à l’œil et, même si elle ne le disait jamais, s’inquiéter toujours pour moi.

J’étais également certaine que le coup qu’elle m’avait fait ce matin n’été pas seulement motivé par ma compréhension des personnes et les animaux. J’étais sûre qu’elle l’avait fait parce qu’elle avait senti, tout comme moi, que ce garçon n’était pas heureux dans son environnement. Je grinçais des dents au moment où de nouveaux clients arrivèrent.

— C’est à toi ma grande !

Je hochais la tête en fermant les yeux. Je pris une inspiration et les rouvrit. Je me composais un masque souriant et m’approcha d’eux.

— Bonjour Messieurs Dames, vous avez réservé une table ?

— Oui, pour quatre personnes.

— À quel nom, je vous prie ?

— Montargie.

Je me tendis en entendant cette voix bourrue et reconnaissable et je levais la tête pour l’apercevoir derrière le mur humain. Le père de Damien, génial.

— Suivez-moi s’il vous plaît, lançais-je me tournant.

Le groupe me suivit jusqu’à une table située du côté vitré de la Loire.

— Je vous laisse prendre connaissance avec le menu et je reviens dans quelques instants, leur indiquais-je en leur donnant les cartes.

Le Damien-sénior ne leva pas la tête quand je passais à côté de lui et je pus souffler. Il ne semblait pas me reconnaître. Pas que ça me fasse quelque chose, Michelle savait que je bossais de temps à autre ici. Mais quelque chose dans son apparence et sa posture me disait de me méfier de lui.

Et j’avais le nez fin en ce qui concernait la personnalité des gens.

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8 commentaires

CaroMélu

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Il y a 7 ans

*oui (pas ou)

CaroMélu

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Il y a 7 ans

Ou, il a l'air bien gratiné le père !

GwenouilleBouh

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Il y a 7 ans

Je me demande aussi ce qu'il fout là, tiens...

France_L

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Il y a 7 ans

Ahah, maintenant, j'ai le générique de Ayakari dans la tête x'D

Claire Guilvaillant

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Il y a 7 ans

Chouettes les noms des chevaux ^^' Au moins ça peut se vanter d'être réaliste ^^ Manque plus qu'un "petit tonnerre" pour compléter le tableau ^^ ca avance bien :) A voir ce que ça va donner à l'avenir :)

France_L

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Il y a 7 ans

Et oui :) tu as le nez aussi fin que Cécile xD

Nine C

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Il y a 7 ans

Moi je me demande ce qui a pu lui arriver pour qu’elle devienne comme ça...

IsaLawyers

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Il y a 7 ans

c'est bien ce que je disais ! ah ce père est louche !
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