Fyctia
Chapitre 4
Je sors et je marche très vite jusqu'à avoir mis assez de distance entre moi et la maison. Je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle et pour prendre une grande bouffée d'air frais. Je la sens remplir mes poumons sans laisser une seule alvéole vide de dioxygène. Cela fait vraiment du bien de respirer un nouvel air. Je marche encore pendant trente minutes, le temps qu'il me faut pour parcourir les trois kilomètres qui séparent ma maison de celle de mes grands-parents. Dehors rien a changé : les gens continuent leur petite vie, les arbres commencent tout juste à se teindre en orange et les oiseaux continuent de chanter les mêmes mélodies.
Lorsque je suis à une rue près de ma maison, je m'arrête, histoire de remettre mes pensées en ordre. Je sais très bien que ce que je vais voir peut me choquer (tout le monde me le disait à l'hôpital). Je prends mon courage à deux mains et me lance dans ma rue sans perdre le rythme. Je sais que sinon mon courage s'envolera.
La première phrase qui me vient à l'esprit au moment où je me retrouve devant la maison est : "ce n'est pas ma maison". La maison en elle-même est toujours debout devant moi, aucun mur ne semble détruit, ils sont juste noircis par la suie. Mon oeil balaye la maison à la recherche d'éléments faisant écho à ma vie d'avant. Mon regard s'arrête sur le toit. Il n'existe plus. Un trou béant trône tout en haut de la maison. C'est comme si une météorite avait atterri chez moi. Les fenêtres sont complètement brisées à cause de la chaleur qu'il y a eu. Je reporte alors mon attention sur la clôture de la maison et plusieurs petites choses m'interpellent. De nombreux graffitis et écriteaux sont apparus. Mon souffle se coupe net lorsque je remarque qu'à chaque endroit est inscrit le mot "sorcière". Je ne comprends pas pourquoi des personnes se sont amusées à écrire ça. C'est déjà assez traumatisant comme ça de découvrir sa maison totalement brûlée et inhabitable... Il y en a douze en tout et c'est déjà beaucoup. Trop pour moi... Je sens la colère monter en moi. Respire. Je ne suis pas dupe. Je sais très bien qui a bien pu s'amuser comme cela.
On ne peut pas dire que je suis quelqu'un de beaucoup apprécié au lycée. Au collège, une fille s'était amusée à raconter des choses sur moi et ma famille (totalement fausses bien sûr) pour salir ma réputation. Elle disait que je suis une "défaillante" car je suis née le jour maudit, comme tout le monde dit. Cette fameuse date où les personnes naissant à 12h12 sont des monstres à chasser. Manque de bol pour elle et heureusement pour moi, je suis née quelques minutes après l'heure fatidique.
Sauf que tout le monde l'a crue. Je me suis retrouvée seule du jour au lendemain. Cette réputation m'a suivie jusqu'au lycée puisque les ragots ont fait le tour de la ville. Depuis, j'ai appris à faire ma vie toute seule, en ignorant les remarques à mon sujet que je peux entendre à longueur de journée. J'apprécie de plus en plus mon indépendance et ma solitude même si des fois cela peut être très pesant.
Après avoir repris mes esprits, je franchis le petit portillon pour m'avancer pas à pas vers la maison. L'atmosphère est vraiment pesante, je n'ai qu'une envie : partir en courant et ne jamais revenir ici. Mais, je dois comprendre.
Une fois devant la porte, je vois l'envers du décor : tout est noir, des traces énormes parcourent les murs de l'entrée. J'aperçois au loin des cadres photos au sol. Pour moi, une maison n'est faite que de pierre mais elle a une âme car on la fait vivre. Aujourd'hui je trouve ma maison inanimée.
Je m'apprête à faire un pas dans l'entrée, lorsque j'aperçois derrière la fenêtre de la salle-à-manger une silhouette qui me fixe. Sans hésitation et sans perdre de temps, je fais le tour de la maison aussi vite que mes jambes me le permettent. Le temps que j'arrive dans le jardin, la silhouette a disparu. Ai-je rêvé ? Pourquoi un inconnu est présent dans mon jardin ? Je n'ai même pas vu sa tête, il portait un sweat noir à capuche. Je cherche des indices, une trace qui me permettrait de découvrir si mon imagination m'a jouée un tour, sans succès.
Je rentre à la maison en trottinant. Je n'ai pas vu l'heure et je suis déjà partie depuis plus d'une heure. Le rendez-vous de l'assurance doit être terminé depuis super longtemps. Sur tout le chemin du retour, j'ai la silhouette en tête et une idée commence à germer : il faut que je découvre qui est cet étranger qui se cache derrière ma maison.
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Ma0rie
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Malauu
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