Fyctia

James Roy était en colère. Sa collègue de travail, qui s’occupait de lui apporter son café tous les matins, lui avait fait faux bond. Il se retrouvait donc sans sa dose de caféine dans le sang, entraînant ainsi des hallucinations. Les images d’une fillette aux nombreuses boucles dorés s’étaient imposées dans son esprit depuis belle lurette. Il ne comprenait pas pourquoi les apparitions s’étaient multipliées cette fois. La gamine lui rendait visite en riant autant le soir que dans la journée. La copie conforme de Méline lui jouait des tours. Et tout le monde savait que Roy n’était pas une personne avec qui il fallait plaisanter. C’était alors, plus qu’énervé, qu’il avait laissé une tonne de messages à Leanne.

Mais il avait bien fallu se rendre à l’évidence, elle ne serait pas présente aujourd’hui. Alors, soit il abandonnait son café et ainsi tarissait sa première habitude du matin, soit il faisait la route par lui-même, et en achetait un avec le risque d’arriver en retard à son boulot ? Il avait l’habitude de courir de toute façon, non ? Une petite admonition de son patron, le grand Jovan, ne l’effrayait guère. Même si Roy entretenait une bonne relation avec le directeur de l’entreprise, étant des connaissances de longue date, il savait qu’il ne pouvait profiter de cet avantage. Jovan pouvait être très amical, comme détestable !

Soupirant furieusement, il se dirigea avec diligence aux restaurants du coin, espérant y faire une bonne trouvaille. Une couche de neige envahissait depuis quelques jours les rues, annonçant l’hiver. Un grognement imperceptible s’échappa de ses lèvres. La neige… tout ce blanc, c’en était si irritant ! James glissa un petit regard discret vers les rues environnantes. Bien qu’il fasse jour, les candélabres étaient allumés et éclairaient doucement le chemin. Le boulevard était bondé de personnes de tout genre, qui venaient se procurer petits déjeuners et autres bienfaits. C’était cacophonique avec tout ces habitants. Roy releva ses yeux vers le ciel qui crachait d’horribles flocons blancs et soupira.

En changeant pour la quatrième fois de trottoir sous la foule dense et comprimée autour de lui, James s’arrêta pour respirer. L’air était moins compact ici. Il y avait moins d’individus aux allures étranges et le brun en fut soulagé.

La poudre s’échappant du ciel s’amincit et il put contempler avec plus de profondeur ce qui se trouvait sous ses yeux. Des rangées de restaurants et un petit coin café s’ancra dans ses iris.

Il aimait beaucoup ce coin, c’était silencieux. En fait, tout ce qui s’apparentait à un calme absolu était le bienvenue. Comme Méline, ne put s’empêcher de lui sortir sa conscience. Il soupira avec rudesse, plus qu’agacé. Encore elle ! Quand cessera-t-elle de hanter son esprit ?

En rentrant dans la grande salle du café, Roy ne put s’empêcher de fermer les yeux sous la chaleur environnante. Le froid de l’hiver lui avait rougit le nez et crispé ses mains. Il se débarrassa de son bonnet et l’enfonça dans sa poche. Quel plaisir d’être au chaud !

Maugréant quelques secondes de plus contre les affreuses températures du Canada, son regard se porta automatiquement aux alentours. C’était un petit coin, spacieux et douillet. Chaleureux, pensa-t-il. Il devrait venir plus souvent. Il avait conscience d’avoir pris la fâcheuse habitude de se faire servir. Leanne n’était pas très futée et opinait toujours, sans rechigner. Ce qui pouvait être lassant par moment.

Il devait cesser de profiter ainsi de sa collège et plutôt faire le trajet par lui-même. Il grimaça. Il aimait se faire servir. James rigola de ses pensées. Quel homme ! lui aurait lancé Jovan ironiquement.

Une jeune femme aux longs cheveux bruns, aux pointes rosées et ondulées lui coupa la route, un petit sourire désolé collé aux lèvres. Il lui rendit son sourire, une moue charmante au visage. Mais elle ne prêta pas attention à lui. La rose filait déjà avec hâte vers le fond de la salle et disposait de petites assiettes argentées et décorées d’un bonhomme de neige sur les tables. Le brun fronça les sourcils. Le mois de décembre n’était pas près d’arriver que déjà tous les quartiers étaient encombrés de décorations et que les plateaux de Noël étaient joliment disposés sur les surfaces en bois des restaurants. James cligna des yeux pour se reprendre. Il était bien rare qu’il reçoive si peu l’attention d’une femme. Il était vachement beau, après tout.

Roy était un homme assez narcissique, qui aimait se flatter l’égo avec les nombreuses conquêtes qu’il avait dans son tableau de chasse. C’était aussi normal que de prendre un petit café bien noir le matin -sous l’aide si généreuse de Leanne bien évidemment. Alors ce fut naturel qu’il soit vexé par la si petite attention que cette magnifique femme venait de lui adresser. Pour ainsi dire, rien.

Elle l’avait traité comme un client : sourire poli adressé aux inconnus. Il plissa des yeux. Au lieu de commander tout de suite, il s’assit à une petite table, au fond de la salle, à quelques pas de la femme élancée. Il risquait d’être en retard, mais… Il fallait qu’il décroche au moins autre chose qu’un sourire amical chez cette personne.

Il observa donc ses déplacements. Rapides, fluides et gracieux. Il émanait une telle beauté naturelle chez cette femme, pensa-t-il. Puis tout d’un coup, il se figea. Il crut rêver. Était-ce … ? Une charmante blonde était posté au côté de la rosette. Les deux parlaient avec tranquillité et le visage aux traits fins de la nouvelle arrivante bouleversa le cœur de Roy. Cette femme lui était familière.

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Coucou !

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