Fyctia

Posée sur son lit, au moment de composer le numéro de sa mère, Nelly hésite. La dernière fois qu’elles se sont vraiment parlé avec Laurence, elle lui a appris qu’elle savait toute l’histoire, que Nora et elle, étaient sœurs jumelles et qu’elles avaient été adopté en réalité. C’était comme si c’était hier et en même temps comme si cela faisait une éternité que Nelly n’avait pas entendu le son de la voix de sa mère. Qu’allait-elle dire de son absence ? Était-elle aussi inquiète que Viviane ? En levant les yeux au ciel, Nelly s’en amuse : c’est impossible d’arriver à la cheville de sa tante à ce niveau-là. Prenant son courage à deux mains, elle finit par toucher l’icône d’appel. Après seulement deux tonalités, sa mère décroche, visiblement contente d’avoir enfin des nouvelles de sa fille unique. Après s’être assurée que tout allait bien, qu’elles avaient été bien nourries et accueillies là où elles avaient été, ce à quoi Nelly répond plus ou moins, Laurence l’interroge sur les informations qu’elles ont recueillies sur leurs parents biologiques. L’héritière réalise alors, à cet instant, qu’elle n’en connaît malheureusement pas davantage qu’avant son départ. Mise à part l’apparence holographique de sa véritable mère, le son de sa voix lorsqu’elle leur avait remis leurs bracelets, le respect qui leur est dévolu au palais malgré leurs disparitions, ses parents demeurent de véritables énigmes pour elle. A l’autre bout du fil, Laurence devine que les recherches de sa fille n’ont pas été aussi fructueuses qu’elle l’attendait. « Ma fille, il faut que tu sois patiente. Trouver des informations à la suite d’une adoption prend du temps. Il ne faut pas que tu abandonnes en si bon chemin... » Ces mots réconfortants mettent les larmes aux yeux à Nelly parce qu’elle sait combien ils ont dû être difficile à prononcer pour sa mère. Devant retourner au travail, cette dernière conclut l’échange en lui faisant promettre de l’appeler plus souvent.

Si seulement il n’y avait que la recherche de mes parents Maman… Se morfond Nelly, toute seule dans sa chambre. Si déjà l’hypothèse de leur disparition n’est clairement pas satisfaisante pour la jeune femme, le souvenir de l’horrible reine du royaume d’Adena, son regard glaçant, sa bouche pincée qui refait surface dans son esprit ne lui donne pas non plus envie de remettre les pieds sur Astravia. Sans même parler de Zohar, leur oncle sanguinaire, qui semble déterminer à atteindre son but quoiqu’il arrive, à en croire son avancée rapide sur la carte du grimoire. Rien ne semble pouvoir l’arrêter… Et si justement c’était à Nora et à elle de le faire ? N’est-ce pas la mission que leur ont confié leurs parents ? Mais en sont-elles vraiment capables ? Nelly en doute vraiment. S’opposer à Zohar ne paraît pas être une mince affaire surtout qu’elles ne savent pas encore bien contrôler leurs dons… Seulement, reprendre la lutte c’est aussi leur seule chance de découvrir ce qui est advenu de leurs parents, c’est poursuivre l’héritage qu’ils ont laissé… “Il faudra que j’en touche un mot à Nora tout à l’heure...” Se convainc la jeune femme avec un peu d’appréhension. Quand on parle du loup, sa soeur l’appelle pour reprendre leur service au magasin, leur pause venant de se terminer.

A quelques minutes de la fermeture du magasin, Nora s’approche de Nelly, toute joyeuse :

- On va voir nos animaux maintenant ou tu préfères repasser par l’appart pour se poser un peu ?

- Non allons-y ! Répond la brunette au carré plongeant, enthousiaste.

- Plusieurs jours sans nous voir, t’imagines ce qu’ils ont dû se dire ?

- Ils ont peut-être pensé qu’on les avait abandonné…

- Mon dieu ! Les pauvres…

Les filles enfourchent leurs bicyclettes et s’en vont en direction du refuge. A peine ont-elles déposées leurs vélos près des enclos qu’elles sont accueillies à bras ouvert par les animaux. « Où étiez-vous passées ? » demande par télépathie Doug à Nelly, toujours aussi surprise d’entendre aussi distinctement dans sa tête les paroles intérieures du Terre-neuve, qu’elle sent anxieux. La brunette au carré prend donc le temps de rassurer son fidèle compagnon à l’instar du furet Moo-chu qui s’est précipité la voir aussitôt sorti de son petit chalet de bois. Djali la chèvre, quant à elle, a suivi Nora dans sa serre pour glaner un peu d’attention à son tour. Après quelques caresses apaisant le bêlement de l’animal, la blondinette à la frange lui donne une carotte qu’elle vient de cueillir pour friandise. Elle s’attache ensuite à redonner un peu d’éclats à son potager. On ne peut pas dire que le jardinage soit le loisir préféré de son père mais elle ne lui en veut pas d’avoir fait le strict minimum pour que les plantes survivent. Avec le magasin à gérer en leur absence et l’inquiétude de sa mère, il a dû en voir des vertes et des pas mûres ! Se dit la jeune femme, un sourire amusé aux lèvres.

En entrant dans la serre après avoir veillé au bien-être des animaux, Nelly est heureuse de retrouver sa sœur, toute pimpante, s’occupant de son jardin comme si rien n’avait changé. Seulement, ce n’est que le calme avant la tempête parce que dès que Nelly revient sur le sujet d’Astravia, la blondinette s’effarouche, arguant à tout va qu’elle préfère son quotidien, qu’elle veut continuer à voir ses amis, à s’amuser, à profiter de la vie comme eux en somme :

- Moi aussi j’ai envie de partir en voyage en Thaïlande comme Marion ou bien encore de surfer en Australie comme David...

- Je sais bien Nora mais réfléchis un peu tu veux. Si au départ on est allée sur Astravia c’est pour découvrir ce qui est arrivé à nos parents. Qu’est-ce qu’ils diraient s’ils nous voyaient hésiter à ton avis ?

- Ouais mais je pense pas qu’ils voudraient que l’on risque notre vie comme eux l’ont fait Nel. Au contraire, s’ils nous ont protégé en nous envoyant ici loin d’Astravia c’est bien pour une raison !

- Sauf qu’on n’est plus en sécurité même avec Théo et Ethan dans les parages, Zohar connaît nos identités !

- Peut-être mais j’ai aucune envie de revoir cette maudite reine, tu as vu comment elle nous a parlé ?

- Moi non plus mais je crois qu’on n’a pas vraiment le choix malheureusement…

De retour à l’appart, les filles y retrouvent les princes. Ces derniers les attendent pour manger des sandwichs végétariens qu’Ethan a été cherché à l’épicerie d’en-face. Seulement, les jumelles n’ont pas vraiment d’appétit et préfèrent se faire un bon vieux chocolat chaud devant la télévision en remerciant quand même leur coloc.