Fyctia

A ces mots, Nora ne peut s'empêcher de comparer les deux frangins qu'elles trouvent diamétralement opposés en tout point. Si Ethan est gentil, bienveillant et chaleureux, son frère, lui, porte un masque de froideur. La jeune fille, dont les pleurs ont cessé, se remémore alors leur correspondance consignée dans le drôle de carnet de son coloc : les phrases peu enclines à la discussion, cinglantes parfois. L'arrivée de Théo qui en a résulté n'a rien arrangé. On ne peut pas dire qu'Ethan l'ait accueilli à bras ouverts… Cela ne lui ressemble pas pourtant, lui qui est si sympathique avec tout le monde. Comment se fait-il alors que les deux frères ne parviennent pas à s'entendre ? C'est un mystère que Nora aimerait bien éclaircir.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demande Ethan.

- Non non rien. Répond rapidement la jeune fille, préférant changer de sujet. Je savais bien que tu avais un cœur tendre.

- Quoi ? Répond l'Arévien, étonné. Qu'est-ce que tu entends par… ?

- Ne le prends pas mal mais tu es très distant avec moi... tu es plus proche de ma sœur. Du coup, je suis un peu surprise que tu me laisses pleurer dans tes bras, c'est tout. Lui dit-elle en souriant avant de descendre au magasin.

Nora part se refaire une beauté avant de prendre son poste. Heureusement, elle ne travaille pas cet après-midi. La journée ne sera pas longue, après les émotions de la nuit, c'est pas plus mal, se console la jeune fille. Elle est vite rejoint par sa sœur et son coloc, qui agit comme si rien ne s'était passé.

Après le travail, ils montent les escaliers pour aller à l'appart. Les filles décident qu'il serait vraiment bien de le nettoyer. Et comme si la soirée karaoké ne les avait pas satisfaites, c'est en musique que le ménage se fait. Théo, accoudé à la rambarde de la mezzanine, les regarde. Et dire que ce sont elles les héritières au trône, médite-t-il. Elles paraissent tellement insouciantes à faire les folles, à chanter à tue-tête « Jours électriques » ou bien encore « Ça ira », avec un balai, comme si c'était un micro. Ethan rejoint son frangin qui paraît hypnotisé par ce qu'il voit se dérouler en-dessous.

- Tu n'as jamais vu ça hein ? En rigole Ethan.

- Eh bien non... C'est comme cela chez tous les humains ?

- Non, elles font cela pour que cela aille plus vite et pour rendre la tâche plus drôle, plus amusante. Cela marche, je trouve !

- Certes, elles sont distrayantes. Confirme Théo.

Aux dernières paroles de « La vie du bon côté », les deux sœurs s'arrêtent un instant et se fixent. A croire qu'elles n'ont pas besoin de télépathie pour penser la même chose au même moment. «Est-ce que tu ne penses pas qu'on devrait leur demander de nous emmener sur Astravia ? » envoie par la pensée Nora à sa frangine. Nelly ne tarde pas à répondre. Elle en est elle-même convaincue. Nora fait signe aux deux Aréviens de descendre. Elle fixe l'aîné, une fois arrivé en bas, et lui proclame d'emblée un « On est prête à partir avec vous ! » qui immobilise ce dernier sur place.

- Quoi ?

- On a décidé qu’il fallait que vous nous emmeniez là bas, sur Astravia pour voir comment s’est !

- Vraiment ? S'inquiète Ethan de ce que pense Nelly.

- Oui, on vient de le chanter. Affirme-t-elle alors. On est jeune et on ne veut pas avoir de regrets. Il faut que l'on sache si oui ou non nous sommes les héritières dont parle ton grimoire. Il faut qu'on en ait le cœur net !

Devant l'aplomb des deux frangines, les deux Aréviens ne trouvent rien à redire. Nelly prend un bout de papier et un crayon pour informer sa mère de son départ. Nora en fait de même pour ses parents même si elle a du mal à trouver ses mots. Pas si simple pour elle de digérer leur mensonge sur son adoption alors elle tâche de se concentrer sur l’important du message qu’elle cherche à transmettre et non pas sur ses ressentis. Aller à Astravia, c'est aller sur les traces de leurs origines pour toutes les deux. C'est découvrir pour de bon qui elles sont vraiment d'où le besoin pressant qu'elles ressentent de s'y rendre. Les deux soeurs tâchent donc d’expliquer du mieux qu’elles peuvent ces raisons à leurs parents. Ceci fait, Ethan se tourne vers son frère :

- Très bien, alors à toi, Thaneor.

- Je ne vais pas me faire prier. Lui répond ce dernier, ravi d'accomplir ce pourquoi il est venu. Il ferma les yeux pour exécuter le transfert magique.