Fyctia

Pour ne pas mettre la puce à l'oreille au garçon ou, du moins, qu'il se questionne trop sur la situation, Nelly préfère rompre le cercle des rongeurs qui les entoure jusqu'alors pour se réfugier dans la serre avec une seule envie : parler à Nora. L'australien, quant à lui, reste avec la souris et la furette, un peu chamboulé par le remue-ménage causé par les bêtes.

Dans l'atmosphère humide de la serre, Nelly confie à Nora ses impressions, du moment où elle a monté Rivière à l'épisode des animaux, qui lui obéissent au doigt et à l’œil sans qu'elle n'ait besoin de dire quoique ce soit. Nora se retourne vers sa cousine qui semble un peu déboussolée. En s'assurant que personne ne les écoute y compris Ethan, la blondinette à la frange lui dit :

- Nelly, on en a déjà parlé. Ton pendentif a brillé ?

- Oui.

- Moi aussi, cela m’ait encore arrivé avec les plantes. Regarde attentivement le plant de tomates à tes pieds. Se concentre Nora.

Après quelques minutes, Nelly remarque que les feuilles bougent alors qu'aucune brise ne s'est levée. Bientôt, une tomate roule jusqu'à ses baskets. Elle lance un regard interrogateur à Nora, dont le pendentif luit. Cette dernière lui confie que la plante lui a fait présent de son fruit le plus mûr.

- Merci… S'adresse-t-elle, un peu penaude à la plante. Je viens de remercier une plante… N'en revient toujours pas Nelly. Alors je communique avec les animaux et toi avec les plantes. Incroyable !

- Tu peux le dire ! S'exclame Nora. « Dommage que cela ne marche qu'avec les animaux et les plantes. » Pense-t-elle alors.

- Tu m'étonnes. S'accorde sa cousine.

- De quoi ?

- Que cela serait trop cool de pouvoir lire dans les pensées des gens. Résume l'idée Nelly.

- Attends une minute ! L'arrête Nora. Pourquoi tu dis cela ?

- Parce que tu viens de dire que c'était dommage qu'on ne puisse lire que dans la tête des animaux et des plantes.

- Non. Je ne l'ai pas dit, je l'ai pensé.

- Quoi ?!

- Je n'ai rien dit, tu as... tu as lu dans mes pensées !

- Je ne savais pas... Je ne savais pas que l'on pouvait…

- Moi non plus, c'est énorme ! Déclare Nora, avec un enthousiasme grandissant.

- Énorme, c'est un bien grand mot…

- Mais bien sûr que si ! On peut avoir des répondes à nos questions sans même les poser.

« Si c'est vrai je pourrais savoir ce qu' Ethan pense de moi… » Se murmure Nelly dans sa tête.

- Je savais bien qu'il te plaisait le nouveau.

- Quoi ?

- Ne mens pas, tu viens de le dire ! S'empresse-t-elle d'enfoncer le clou.

- Nora, je n'ai pas prononcé un mot… J'ai pensé à Ethan.

- Oh ! Cela voudrait dire que je peux le faire moi-aussi, lire dans les pensées, j'entends, trop génial !

- Penser à Ethan ne veut pas dire que…

- Ouais ouais c'est ça, essaie de t'en convaincre.

- Bon, très bien… Finit par avouer Nelly.

A ce moment-là, leurs deux pendentifs commencent à briller à l'unisson. Les deux pendentifs des cousines se retrouvent dans les airs, s'élevant à la même hauteur et à la même vitesse. C'était comme si une force invisible cherchait à les rapprocher, comme si un champ de force les attirait l'une vers l'autre. La lueur des colliers semble hypnotiser Nora et Nelly.

« Mais c’était quoi ce truc de ouf ? » Se demande Nora en pensée.

« J’avoue ça fait peur ! » Raisonne la voix de Nelly dans la tête de sa cousine.

« Euh, je rêve où tu n'as rien dit là ? » S'entend la voix de Nora dans la tête de Nelly.

« C'est vrai ça...Tu m’entends penser?

« Trop cool même plus besoin de parler ! » Se réjouit la blonde aux cheveux longs.

« Bon faut réfléchir ! Tu as une idée toi ? »

« Oui. On doit jouer cartes sur table avec Ethan... enfin Eranhel ou peu importe son nom...» Bafouille Nora même dans sa tête.

« Je suis d'accord, mais je veux d'abord qu'on aille voir nos mères. »

« Pour quoi faire ? »

« Tu ne veux pas en parler avec elles ? »

« Je sais pas... »

« Il le faut, demain. » Conclut la plus raisonnable des cousines.

Nora hoche la tête. En vrai, elle redoute la confrontation avec leurs mères enfin leurs soi-disant mères… Comment va-t-elle réagir lorsque de sa bouche elle apprendra que toute sa vie n'est que mensonges ? Nelly, elle, contemple Ethan par la fenêtre embuée de la serre. Celui-ci monte Rivière avec une grande facilité, une assurance naturelle presque. La jeune femme au carré plongeant sait qu'elle doit les interrompre, il est temps de rentrer. Seulement, c'est à peine si elle ose approcher ses doigts fins de sa bouche pour siffler l'animal. Ce qu'elle finit par faire avant d'expliquer au beau cavalier qu'il faut remettre les animaux dans leurs box avant de partir.

Sur la route, les deux cousines se montrent bien silencieuses, ce qui inquiète Ethan. Cela ne présage rien de bon se dit-il. Sa surprise aurait-elle fait un flop ? Pourtant, Nelly a eut l'air enchanté de s'adonner à l'équitation. Alors quand assises sur le sofa du salon les filles ne bronchent toujours pas, le colocataire finit par débuter la conversation :

- Je sais pas ce qu'il se passe, mais vous ne parlez pas beaucoup et même pas du tout. Il s'est passé un truc ? Balaie-t-il la pièce de ses yeux marrons comme pour discerner quelque chose.

- Non, c'est juste qu'on est claquée. Cela arrive à tout le monde, même aux meilleurs. Déclare gentiment Nora.

Ethan se contente de cette réponse à défaut d'autres choses. On assiste alors au rituel du soir, Nelly aux fourneaux et Nora sur la canapé, à zapper avec la télécommande pour trouver un programme digne d'intérêts. En cuisine, la brunette au carré se décide à faire une purée de carottes et un gratin dauphinois pour remplir son ventre qui crie famine. Alors qu'elle écrase les carottes avec une fourchette dans un saladier, la voix de Nora, pleine de suspicions, s'immisce dans son esprit. « C'est un Aréviens, un Prince en plus... Il est là, c'est depuis qu'il est là que tout s'est déclenché. »

« C'est pas vrai, cela avait commencé avant, Nora... » Tente Nelly de calmer les ardeurs de sa cousine.

« Donc c'est peut-être cela qui l'a attiré à nous. »

« Qu'est-ce que tu racontes ? C'est le hasard... »

« Le hasard, tu dis ? Reprend Nora directement pour mieux rebondir dessus. Hasard, qu'il traverse la moitié de la planète pour trouver les héritières et les pierres ? Hasard, que tu rêves de lui en elfe ? Hasard, qu'il regarde nos colliers comme Golum son précieux ? »

« C'est bon, tu as gagné. » Concède Nelly.

Il y a bien quelque chose d'étrange là-dessous même si la cuisinière espère sincèrement qu'Ethan pourra clarifier la situation. Elle sert la purée et sort le plat du four pour le déposer sur la table.