Fyctia

De retour devant l'entrée, je commence par sortir mon téléphone j’appelle Eleonora mais je tombe direct sur sa messagerie, son portable doit surement être éteint. Je regarde autour de moi, je vois l’arrêt de bus, je pars en direction de celui-ci pour regarder les horaires du bus qui va dans le Queens. Je regarde le panneau et il n’y a aucun bus direction le Queens depuis ce matin. Elle n'est pas partie, elle doit forcément être par là. Je regarde autour de moi mais je vois rien. Je décide de longer le bâtiment principal du lycée direction une ruelle qui devrait me permettre de faire le tour du lycée. Quand j’arrive vers la ruelle, j’entend et je sens cette odeur que je connais si bien, les bombes de peinture. Elle est là, un foulard couvre la moitié de son visage. Je n’en crois pas mes yeux, elle est devant moi en train de graffer un des murs du lycée.

Je m’appuie contre le bâtiment, à l’entrée de la ruelle, à la regarder, ces mouvements sont précis, elle sait ce qu’elle fait, ça se voit. Je me demande quel est son blaze, si elle a l’habitude de graffer j’ai forcément dû croiser son blaze dans les rues. Elle recule et regarde son œuvre d’art de loin, puis elle se tourne vers moi et sursaute en me voyant.

— Qu’est-ce que tu fous là ? T’es pas en cours ?

Je secoue la tête face à l'insolence dont elle fait preuve.

— Non mais toi non plus.

Elle secoue, à son tour, la tête. Je décide de ne pas renchérir. Je m’approche d’Eléonora pour regarder son tag. Elle n’a utilisé que trois couleurs, du noir, du rouge et du gris. Je reconnais vite le style et le blaze en effet je l’ai croisé plusieurs fois Charly et moi avons toujours pensé qu’un mec se cachait derrière le blaze de Noran. Le tintement des bombes me fait revenir dans l’instant présent, je vois qu’Eleonora range les bombes dans son sac à dos.

— Dit moi un truc, tu te balade toujours avec des bombes de peinture sur toi ?

— Oui, c’est une règle d’or pour moi.

— Tu sais que tu es vraiment folle.

— Pourquoi ?

— Imagine si quelqu’un d’autres t'avait surpris. T’aurais fait quoi ?

— J’aurais couru, abruti.

— T’as pas peur de te faire chopper ? Tu risques la prison avec ça.

— Je sais, mais le graffe c’est mon moyen d’évasion. Je ne compte pas arrêter.

Quand elle en parle, elle a des étoiles dans les yeux et d’un coup me vient une idée stupide mais ma bouche à decider de ne pas écouter mon cerveau.

— Mmh, je comprends. Est-ce que ça te dirait une session ce soir avec Charly et moi ?

— Ouais pourquoi pas.

— Cool j’envoie un message à Charly.

Eleonora attrape son sac et on repart tous les deux vers le lycée. Finalement, on va peut-être réussir à s’entendre, l’effort à faire n’est pas si surhumain que ça. En arrivant devant le lycée, on est accueillis par une immense foule. Je comprends vite que c’est la fameuse pause dont parlé le dirlo. On reste un peu à l’écart des autres élèves et on sort chacun notre paquet de clopes. J’allume ma clope en même temps que ma chère voisine et je commence à aspirer la fumée. Je sors mon téléphone pour envoyer un message à Charly pour notre session improvisée de ce soir.

«Hey mec, une session ce soir. Rendez-vous chez toi à 21h.»

Je ne dis rien à Charly quant à la présence d’Eléonora. Je prend le soin de lui laisser l'effet de surprise.

Quand je relève la tête de mon portable je vois Liam Da Silva, le dirlo, arrivé vers nous. Bon ça pue pour nous. Eleonora et moi nous regardons, on sait très bien qu’on va en prendre plein la tête.

— Vous deux. En pointant son doigt vers nous. Dans mon bureau, tout de suite.

Il repart et on le suit. La petite foule de fumeurs nous regarde jusqu’à ce qu’on repasse le portail, j’en entend certain parler de nous en nous qualifiant de racaille, ou encore un autre dit qu’on a rien à faire dans ce lycée. Un petit conseil si un jour vous voulez vous faire remarquer dans votre lycée appeler nous, Eléonora et moi sommes les rois. Une fois dans le lycée, on se rend au secrétariat pour retrouver le bureau du directeur. Quand on entre je vois Nath et Carolina assis et Dave est debout en train de faire les cent pas en nous attendant.

—Allez y, entrer. Nous dit Da silva. Bon visiblement nous n’avons pas utilisé la bonne méthode pour vous faire reprendre les cours. Nous avons eu le temps de discuter un peu avant de vous trouver devant le lycée. Nous pensons qu’il est préférable que vous repreniez avec un emploi du temps aménagé.

— Un emploi du temps aménagé c’est pour que la reprise soit plus facile, par pour sécher. Intervient Nath.

— Et vous ne serez pas en cours ensemble. Complète Dave

— QUOI ? Crions Eleonora et moi à l'unisson.

— En effet quand Meldrik sera en cours Eleonora seras à la maison et inversement ça permettra à celui qui est pas en cours de pouvoir rattraper ce qu’il y a été fait. Donc pour l’instant vous rentrez. Je vais aménagé un emploi du temps que j'enverrai à Dave pour demain. Pour l’instant on part sur une semaine en emploi du temps aménagé et on verra à la fin de la semaine on fera un bilan.

Je jette un œil à Eleonora, elle lève les yeux au ciel. Ouais on est d’accord on n'a pas le choix.

— Je suppose qu’on a pas trop le choix. Je dis.

— En effet, non vous n’avez pas le choix. Réponds Dave.

Je crois qu’on la foutue en rogne. Depuis qu’il est arrivé il est énervé.

— Bon beh, Meldrik…je me tourne vers Eleonora. On n'a pas le choix.

— Ouais on fait ça.

— A la bonne heure. Dit Dave.

— Je vous ramène à la maison. Dit Carolina.

Nath nous fait un sourire et se lève. Avant de partir, elle se tourne vers nous.

— Les enfants s’il vous plaît éviter les bêtises.

Elle nous dit ça et s’en va. Je crois que c’est la première fois que je la vois comme ça, elle paraît si triste. J’ai mal de la voir comme ça en sachant que j’en suis la cause, on lui pose tant de problème. On finit par quitter le bureau du dirlo. On traverse le lycée à nouveau et j’entends les élèves parler du style «c’est bon on en est débarrassé» ou des «ouf ils ne sont pas restés longtemps», ça me rend fou. Une fois le lycée traversé, on rejoint la voiture de Carolina. Je monte devant côté passager et je regarde le paysage défiler sous mes yeux quand je sens mon téléphone vibré.

«Pas de soucis mec je t’attends, je prépare les bombes de peinture.»

Je rigole et je me reconcentre sur le paysage qui défile sous mes yeux. Je reconnais la rue dans laquelle on s’engage, on va arriver devant la maison dans quelques secondes. Et en effet on se retrouve vite devant le portail, Carolina prend la petite télécommande, elle appuie sur un bouton et le portail s’ouvre. Elle se gare devant le garage et on descend de la voiture.

— Meldrik, à quelle heure tu dois aller chez le psychologue ?

— A 16h mais ne vous en faites pas je prendrais le bus pour y aller.

— Non je vais t’amener, on partira à 15h30.