Fyctia
Chapitre 13.2: Rose
Au même moment,
Je me réveille encore une fois dans un lieu inconnu, ce n’est pas la première chambre, ni la seconde. Je papillonne durant de longues secondes avant d’être réveillé complètement. Un mal de tête pointe le bout de son nez, comme à chacune de mes grosses crises d’angoisse. Puis je me remémore celle d’hier, elle a été violente, Lisa a pourtant tout fait pour me calmer, mais impossible, je me souviens vaguement d’une pique sur le bras avant de sombrer. Je pense que Joe a dû arriver dans mon dos et m’injecter un produit afin que je me calme. C’est la seule explication que j’aie actuellement. Je suis déçue que ce soit arrivé, car cela fait des années que je n’ai pas eu recours à des médicaments pour stopper une crise.
D’un geste las, je passe mes mains sur mon visage, pour éliminer toute trace de fatigue, j’enlève la couverture présente sur mon corps, et m’assois sur le bord du lit. Mon regard se glisse sur ma silhouette, je porte encore les vêtements d’hier, c’est un bon point, ça évite à mon esprit de repartir dans les méandres d’une nouvelle angoisse. Du bruit est perceptible derrière la porte fermée. Je lance un coup d'œil à la pièce dans laquelle je me trouve. Elle contient un grand lit double, une table de chevet. La couleur est simpliste, blanche, comme si les propriétaires des lieux ne voulaient pas se prendre la tête avec ça. Le mobilier ressemble à celui de ma chambre étudiante, sobre et sombre. Mes yeux se posent sur le radio réveil qui indique presque midi. Bon sang, je crois bien que c’est la première fois de ma vie que je me lève si tard.
Zut mes cours !
Je me lève d’un bon du lit, me précipite vers la porte qui me sépare de l’autre pièce. L’ouvre en grand, elle claque contre le mur extérieur. Un petit cri s’échappe d’une personne présente dans l’espace qui se dessine devant mes yeux. Je me fige dans mon élan. Je reconnais la fille d’hier soir, celle qui a appelé Joe, elle se tient debout dans la cuisine de ce logement. Son regard bienveillant se pose sur moi, avant de me questionner.
— Oh, tu m’as fait peur Rose. Comment te sens-tu ?
— Anxieuse, je lui réponds à voix faible, alors que je l’observe s’activer dans kitchenette. Mais ça va merci.
— Tant mieux, tu nous as fait peur hier… Ton amie Lisa n'arrivait pas à te calmer.
— Hum, d'ailleurs il s’est passé quoi après car c’est un peu vague dans mon esprit, ajouté-je doucement.
Elle continue d’entreprendre le petit déjeuner sans jamais arrêter de répondre à mes inquiétudes.
— Joe, pense que ta crise est en lien avec tout ce qu’il s’est passé les heures précédentes. Tu n’arrivais plus à gérer tes émotions. Ce qui est normal… Je crois que j’aurais été comme toi, si j'avais été à deux doigts de rôtir dans un immeuble. Tu souhaites manger un petit truc ? me demande-t-elle.
— Hum oui, je meurs de faim à vrai dire.
— Assis toi, j’ai préparé quelques petites choses, m’annonce-t-elle le plus simplement du monde.
— Merci, chuchoté-je en m’installant sur une chaise du bar.
Pendant ce temps-là, j’en profite pour détailler le lieu dans lequel je me trouve. Je découvre derrière moi : une table avec deux chaises, un petit canapé ainsi qu’une télévision. Devant moi, où se trouve Christy, j’observe un frigo, un four et une cafetière, et surtout une plaque de cuisson. Mes yeux survolent l’étagère accolée au mur où je vois de la vaisselle dépareillée est rangée dessus. Mon regard retourne sur le pseudo salon-salle à manger avant de s’arrêter sur les rideaux jaunes pendus au côté de la fenêtre avec des barreaux. Pourquoi de telles dispositions sur les ouvertures ?
— Tiens Rose, me surprend Christy en déposant devant moi un petit déjeuner.
— Merci, réponds-je en me trouvant vers elle.
— Mon boulot ici est aussi de me charger des appartements. Donc si tu as le moindre souci, tu n'hésites pas d’accord ? J’ai laissé mon numéro noté sur le frigo ! continue-t-elle en déplaçant sa main sur la porte du réfrigérateur. Tu as un nouveau mobile que ton ami Mike a déposé hier en venant. Je crois qu’il a préenregistré tes contacts.
Mes pupilles passent de l'électroménager au coin du bar où je suis installé. Effectivement un téléphone se trouve posé dessus. Elle continue de me parler d’un débit rapide. C’est assez difficile de la suivre, mais j'essaye de comprendre tout ce qu’elle m’annonce.
— Oh bon sang, il est déjà si tard. Je vais te laisser te reposer. Tu n’as pas cours avant la semaine prochaine, la doyenne a décrété que les étudiants touchés par l’incendie devaient prendre le temps de se remettre sur pied.
Elle commence à partir vers la sortie du logement quand elle s'arrête devant la porte.
— Oh j’ai oublié de te dire. Tu as à manger dans le frigo pendant plusieurs jours. J’ai déposé des vêtements qui devraient être plus à ta taille dans la salle de bain … Eh Rose !
— Oui ?
— Tout va bien se passer Ok, tu ne crains rien avec nous, tu es libre de te déplacer où tu veux dans le bâtiment.
— Merci … pour tout, déclaré-je.
— De rien, tu fais partie de la famille maintenant, glisse-t-elle avant de quitter l’appartement.
Une fois la porte refermée, je me sens seule, mais en même temps, je suis contente d’être sans personne autour de moi. Mes doigts se referment sur la tasse de café, je la porte à mes lèvres et bois une gorgée de ce breuvage. Perdue dans mes songes, je reste de longues minutes assise sans rien faire.
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