Béthanie.Fala Anathème Chapitre 4

Chapitre 4


En préparant les valises, j’effeuillais chacune de mes pensées comme des pétales de roses.


Je suis aimée. je vais me reconstruire.

Tout recommencer à zéro.


La petite voix paniquait, une sorte de râle angoissant, alors que la voiture de l'époux se fit entendre.


Pourvus que ça finissent bien. Au pire, tu renaîtras demain.

Le sarcasme, le credo de la petite voix.


Si elle avait été palpable, je lui aurais infligé le sort réservé aux poupées vaudoues.


Pourvu que ça se finisse bien cette fois.

Le mari descendait les marches et je m'abimais d'avantage. je pensai à disparaitre, à me rapetisser comme Alice, me fondre dans le béton sale.


C'est n'est plus qu'une question de temps.


Le sous-sol a toujours été l'une de mes pièces préférée dans la maison. On disait au pays que les sous sol sont glauque. Qu'ils abritaient des démons et des djinns.


Il y a du beau dans le laid.

De la poésie dans le macabre.

J'aime mon sous sol, le tambour de la machine à laver pour couvrir mes cris.

l'odeur de la lessive mêlée à celle de l'humidité. Le cliquetis des valises dans la pénombre.


Le son du départ me plait.


En quittant ce simulacre de foyer, c'est mes parents et leur doctrine que j'insultais. Le village et le qu'en dirai-ton. Le mari et la dote. J'oeuvre à les insulter avec résilience, je frotte de toute mes forces à en vomir. Mon mari s'en ai toujours douté.

Tant mieux. Je le hais, je le renie.


Je me rappelle avoir tenté frôlé l'homicide ce même soir.

Mon mari s'approcha et je flottais derrière lui pleine de convictions.


- Laisse-moi partir ...


Il plaqua sa main sur son front, il n'a jamais su simuler le regret, ses émotions sont théâtrales.


- Toute façon, tu me dégoûtes...


Ses mots comme des coups de poings.


Je glissais contre le crépi froid, les mains flanquées sur le ventre.

Mon téléphone se mit à vibrer dans la poche de mon manteau. Le cœur. Un message de A.

  • Tu es sur le départ Ange ?


Le courroux l'enlaidit, il se fendit en un rictus débordant de mépris.


- Tu n'as jamais cessé d'être une pécheresse ! Cette gamine dévergondée dont personne ne veut ! Tu es un monstre.


Je recouvris l'insulte d'un rictus franc. Sa méchanceté est cinématographique, et vide de finesse. Il fondit sur moi, et je fixais mon attention sur l'alarme de la machine à laver dont le tambour cessa de tourner.


Pourvus qu'ils dorment.

On renaitra demain...


Accroupis en position fœtale, je finis par me dissocier. Ma léthargie à quelque chose de réconfortant, j'y retrouve toutes les pièces du puzzle le temps d'une nuit.


Peut-être éternelle.


Je suis une Petite fille qui aime lire et faire des bulles de savon au cola. Une jeune adolescente dans un petit village d'Afrique aimant lire les femmes du monde. J'ai soif de vivre, je veux me sentir princesse, et une horde de garçons à embrasser dans la cours de récré et des peines de cœur pour me construire. Je veux écrire le mal, vibrer de plaisir. Me badigeonner le visage de menthol comme toutes les adolescentes.

Je ne veux pas me marier de force, ni qu'on mutile mon intimité. Je veux me réinventer. Avaler tous les médicaments que les chamanes me donnent et développer des pouvoirs surnaturelles pour me venger.


Je serais le chaos personnifié.


J'errais sur le Styx, depuis le jour de mon excision.


Les blouses blanches, les tambours. De l'encens qui pique les yeux et empli les poumons. La douleur lancinante et des pulsations cardiaques en vrac. Puis un seau d'eau tiède pour purifier le corps.


Le prix de la magie ?


Je renais sous l'eau froide, je suis céleste dans ma hargne. Je capture l'humeur. Investie d'une mission divine, ou atteintes de troubles mentale causer par un traumatisme selon les cartésiens.


Je suis la petite voix de toutes les femmes qui...

L'orage à chaque féminicide.


Marquée au fer rouge.


Ceci est l'anathème d'un Bodhisattva.




Message final de Béthanie.Fala

Un grand merci pour tous vos messages de soutiens, likes et commentaires ...merci de m'avoir permis de transmettre ce message .<3<3<3

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3 commentaires

Val Kyria

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Il y a 4 ans

Nouvelle dure et touchante à la fois. C'est la première fois que je lis un témoignage ''littéraire'' sur le sujet de l'excision. Bravo pour ton écrit.

cedemro

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Il y a 4 ans

Quelle histoire touchante sur le sujet d'une horreur qui ne devrait certes pas exister. Ta plume est vraiment très belle et tu sais choisir les bons mots pour mettre en scène les émotions que tu nous fait passer.

Plume Jamais

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Il y a 4 ans

Très jolie plume, un vocabulaire riche, une histoire douloureuse qui touche malheureusement des millions de femmes. Le mariage forcé, l'excision, la survie, la culpabilité, la maltraitance, le traumatisme, la détresse psychologique, la soumission, l'enfermement sur soi-même, la solitude… Tant de sujets abordés en si peu de chapitres. Certains mannequins telles Waris Dirie ou Katoucha se sont engagées dans la lutte contre la pratique ancestrale de l'excision. Il faut des témoignages pour éveiller les consciences, dénoncer l'excision, le mariage précoce et le rejet de la scolarisation chez les filles. Il faut soutenir l'éducation des filles en mettant l'accent sur leurs droits… Merci d'avoir partagé ce magnifique texte.
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