SamanthaMorgan1711 Amphore et Damnations! Transfert innatendu

Transfert innatendu

Mon premier réflexe est de m’accroupir pour vérifier le pouls d’Albert, malheureusement, son regard vitreux et la quantité de sang qui s’écoule de sa plaie ne me laissent que peu d’espoir. Alors que je suis près de lui, je distingue une odeur singulière qui n’est pas celle de l’Ambroisie. Celle-ci est plus fleurie, féminine, elle ne ressemble pas du tout au parfum habituel d’Albert, se pourrait-il qu'il ait vu une femme avant moi?


De nouveau un bruit me parvient, ce que j’avais pris pour une manifestation de mon ami ligoté, n’est en réalité que le claquement d’une fenêtre contre un rideau. Je me précipite pour vérifier si je peux distinguer quelqu’un qui s’échappe. Manque de chance, la lune est masquée par des nuages et je n’ai aucune visibilité. Je retourne près de Polinus, je refoule ma tristesse, mon instinct de journaliste prend le dessus alors que j’entends au loin les sirènes de police. Finalement, l’aimable standardiste a quand même envoyé une patrouille. J’analyse la situation, dégaine mon portable, allume la lumière dans la pièce et mitraille à tout va. Lorsque je me penche pour photographier les débris de l’amphore brisée, un détail attire mon attention. Je m’allonge sur le sol, veillant à ne pas déplacer les morceaux d’argile. Je tends la main sous le bureau et mes doigts se referment sur le téléphone d’Albert. Alors que je me redresse, deux officiers de police font irruption dans la pièce. Leur regard passe du corps de mon ami à moi et il ne leur en faut pas plus pour tirer leur propre conclusion.


— Ne bougez pas, m’ordonne le plus grand des deux, un homme brun à la mine patibulaire.


J’obtempère et me laisse guider hors de la pièce où son collègue, commence à m’interroger. Je décline mon identité, confirme être à l’origine de l’appel signalant l’effraction chez Polinus.


— Que faisiez ici à une heure si tardive ? Vous étiez sa maîtresse ? C’est vous qui l’avez tué ?


Je n’ai pas le temps de répondre que de nouveaux agents, entièrement vêtus de noir nous rejoignent. Ils remontent les manches de leurs uniformes laissant apparaître la marque des Dieux directement tatoué sur leur bras. Ils ont l’air d’être frères jumeaux, la peau marron, limite desséchée, des yeux masqués par d’épaisses lunettes de soleil noires, taille identique et aucune trace d’humanité sur leur visage.


— Sécurité Divine, nous avons ordre d’amener la suspecte.


Les officiers de police blêmissent devant les agents et me remettent à eux en évitant mon regard. J’essaie de me débattre, la sécurité divine ne se déplace pas pour rien et certainement pas pour un simple homicide. De plus, ceux qui sont embarqués par leurs agents ne refont jamais surface.


— Lâchez-moi, je n’ai rien fait.


Il ne prête aucune attention à moi et dès que nous sortons du domicile de Polinus, l’un d’entre eux, porte la main à son oreille :


— Nous l’avons, évacuez-nous.


Je regarde à droite et à gauche, m’attendant à voir apparaître une voiture mais contre toute attente, un éclair zèbre le ciel faisant apparaître sous nos pieds un immense nuage cotonneux. Ce dernier s’élève à toute vitesse, m’obligeant à m’asseoir pour ne pas tomber alors que mes accompagnateurs, eux, restent stoïques. Je risque un regard en contrebas, mauvaise idée. Les habitations disparaissent peu à peu, bientôt, je ne distingue que des points lumineux et un froid glacial me saisit alors que nous nous élevons. J’ai rapidement la tête qui tourne et je me serais évanouie si l’un des agents ne m’avait pas appliqué un masque respiratoire sur le nez. Je ne me fais aucune illusion sur l’endroit où on m’emmène, la question que je me pose c’est pourquoi. Qui était réellement Albert Polinus pour que la Sécurité Divine intervienne ?

Le nuage finit par s’immobiliser devant un nuage beaucoup plus grand sur lequel repose une haute montagne : l’Olympe. Les agents me font descendre et immédiatement notre moyen de transport s’évapore.

— Beau travail les enfants, félicite une voix grave.


Je tourne la tête et mon souffle se bloque. J’ai déjà vu des Dieux mais jamais d’aussi près et jamais en taille réelle. Celui-ci mesure au moins dix mètres de haut mais en un claquement de doigt, il rapetisse pour se mettre à ma hauteur. Il me toise néanmoins d’un air supérieur avant de se tourner vers les agents. Il soupire et d’un nouveau claquement de doigt, les agents s’effritent sous mes yeux. Il ne subsiste d’eux qu’un tas de poussière argileuse. Je tremble de peur à l’idée que son prochain claquement de doigt ne me fasse disparaître à mon tour. Je suis presque soulagée lorsqu'une paire de menottes dorée se matérialisent autour de mes poignets. J’admire malgré moi la finesse de la chaîne, la beauté des pierres précieuses ornant les bracelets, pas étonnant qu’Héra se soit faite avoir par le talent de son fils. D’après la légende, pour punir sa mère de l’avoir jeté en bas de l’Olympe car elle le trouvait trop moche (encore une preuve de la gentillesse de la déesse), son fils a réalisé un trône si magnifique que la déesse n’a pu résister à l’envie de s’y asseoir et s’est retrouvée prisonnière. Pour la libérer, il a fallu retrouver l’orphelin et le convaincre de rendre sa liberté à la déesse en échange d'une place sur l'Olympe et d'un emploi en tant que forgeron des Dieux.


— En route, ordonne-t-il en me désignant l’Olympe.


Toujours abritée par mon masque, je déglutis avec difficulté, vais-je devoir gravir la montagne ? Malgré la peur qui me dévore, je ne peux m’empêcher de me sentir intimidée par ce lieu sacré. Rares sont ceux qui ont eu la chance d’être accueillis en terre divine. Bien sûr nous en avons régulièrement un bref aperçu dans quelques campagnes promotionnelles visant à attirer les dons. Hermès offre chaque année la chance à ses plus grands donateurs de gagner un séjour à Olympia, la résidence balnéaire des divinités, mais le paysage qui s’offre à moi est plutôt austère, à mille lieux des piscines d’Ambroisie et des nymphettes courant nues dans les bois. Mes pas s’enfoncent dans le coton nuageux et à chaque instant j’ai peur que le sol se dérobe sous mes pieds et de m’écraser des kilomètres plus bas. Un vent sec fait voler quelques mèches brunes de la crinière du dieu qui m’accompagne. Vêtu d’un tablier de cuir, le visage buriné, les mains calleuses à force de travailler à la forge, Héphaïstos m’incite à avancer d’un grognement. Au bout de quelques mètres nous atteignons le pied de la montagne. Le Dieu boiteux appose sa paume sur la paroi qui s’effrite, nous dégageant ainsi un passage. J’hésite à entrer, et s’il décidait de m’emmurer vivante ?


— Avance l’humaine.

Son ton sec me donne froid dans le dos et alors que j’hésite à pénétrer dans la montagne, les menottes scintillent et la chaîne me tire en avant, m’obligeant à suivre le mouvement.

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6 commentaires

hannahloyanna

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Il y a 5 ans

Je commence à avoir des théories super farfelues. Le fait qu'elle ait trouvé de l'argile et qu'il y ait une mention de la "poussière argileuse" me donne à penser que peut-être Albert n'était pas Albert (soit remplacé par un autre soit une création en argile des dieux) ou qu'il y avait de la poussière d'argile dans l'amphore (?). Je me sens comme une enquêtrice en herbe mdr.

Camille Jobert

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Il y a 5 ans

Mais que s'est il passé pour que même les dieux s'y mêlent !! Ça craint 😞

Estelle06000

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Il y a 5 ans

😱😱
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