SOLANE Amour, Violettes & Quiproquos… Chapitre 8 : NATHAN

Chapitre 8 : NATHAN

CHAPITRE 8 : « Comme un lion dans sa cage »




NATHAN


Mercredi, le 18 février


Midi trente :



Au premier coup d’œil, j’ai su que cette fille était une pimbêche et voilà la confirmation de mon intuition : je me triture les méninges afin de trouver un prétexte pour la revoir, au risque de passer pour un crétin aux yeux de Mehdi, qui a semblé surpris que je l’appelle juste avant son départ en voyage de noces pour obtenir son numéro de téléphone. D’ailleurs à mon avis, il n’a pas cru une seule seconde à cette histoire d’objet perdu… et total : cette fille ne daigne même pas répondre à mon message ! En tous cas, s’il fallait encore m’en convaincre, c’est bien le signe absolu que je dois me sortir de la tête ce corps et ce visage superbe, surmonté d’une épouvantable botte de foin.


Je tourne encore un peu la pince entre mes doigts : elle est large, ornée d’une multitude de diamants et de perles bleu pâle. Je ne sais même pas si ça entre dans ses goûts ! La vendeuse m’a regardé d’un air bizarre quand je l’ai achetée hier : un peu comme si elle me soupçonnait de vouloir la porter moi-même. D’accord, je n’ai pas la coupe masculine traditionnelle, avec mes cheveux lisses à hauteur d’épaules, mais ça ne fait pas de moi un type qui se décore avec ces gros trucs de fille brillants, je trouve ça moche. En plus, ça coûte une petite fortune, mais passons. Pour le moment, ce n’est pas l’argent qui me manque, j’en ai assez engrangé durant mes années passées à travailler comme un fou dans la publicité.


Je regarde une dernière fois mon téléphone : rien. Par contre, j’entends la voix de ma mère qui hurle depuis la fenêtre ouverte de la maison : « Nathan, le repas est prêt ! » J’ai déjà essayé 1000 fois de lui expliquer qu’envoyer un texto était plus efficace, rien à faire : elle trouve absurde de se parler par le biais d’un appareil quand on se situe à quelques mètres l’un de l’autre…



Treize heures :


Quels que soient nos différends, j’aime cette ambiance familiale qui m’a tant manqué, à Paris ! En découpant son énorme steak encore saignant, mon frère parle la bouche pleine, une habitude qu’il a gardée depuis son enfance :


— Frangin, je t’adore, mais je ne comprends pas comment tu as réussi à devenir végétarien…


— Végan, végan… je rectifie. C’est un peu différent !


— Ouais, je sais, je sais…


Hugo regarde le contenu de mon assiette, l’œil rond et fixe :


— Mais quand même… je ne sais pas comment tu peux manger ces trucs de lapin…

Je réexplique pour la Xième fois :


— Ce ne sont pas « des trucs de lapin » : ok, je ne mange plus d’œufs, ni aucun laitage, mais les lentilles que tu vois, là, c’est bourré de protéines !


Le regard d’Hugo balaye le contenu de mon assiette avec pitié. Je lui désigne mon verre, rempli d’un liquide blanc :


— Le lait d’amandes aussi… je ne crève pas de faim, je te rassure !


— C’est encore pire, mon vieux… marmonne mon frère, en engloutissant le reste de son steak en une seule bouchée, comme s’il craignait une famine soudaine à nos portes.

On change de sujet : Hugo adore le steak accompagné de frites grasses, ce que notre mère s’empresse de cuisiner de façon trop fréquente à mon goût, et je ne le changerai pas. Et puis, c’est moi qui suis retourné vivre dans ma famille, à presque 36 ans, donc je ne peux pas exiger qu’ils changent leurs habitudes. Souvent, je cuisine dans la kitchenette de mon studio attenant à la maison familiale, c’est plus simple pour tout le monde. Sauf pour ma mère, qui s’inquiète quoi que je fasse : « Mais tu es sûr que tu ne risques pas de manquer de protéines ? Un grand gaillard comme toi, fais attention… »




15 heures :


Voilà, ce sont exactement les étagères qu’il me faut : sobres et solides, faciles à poser, elles seront parfaites pour l’exposition de mes produits : barres diététiques, boissons énergisantes, gourdes et matériel de sport en matière écologique, à la fois recyclée et recyclable. Voilà… on a des modèles féminins dans les tons roses et mauves, d’autres résolument masculins, métallisés ou noirs ; et quelques modèles dits neutres aussi, il faut satisfaire toute la clientèle, et les sportifs, c’est tout le monde. Certains ne courent que 10 minutes par jour, d’autres font un jogging quotidien d’au moins 2 heures. Quoi qu’il en soit, il est de plus en plus inadmissible que ces sportifs consomment toutes les saloperies à base de mauvais sucre rapide qu’on fait passer pour « diététique ». Chez moi, tout sera naturel et à base de poudre de coco, de purée de dattes, ou de miel pour remplacer le sucre blanc, malsain et trop raffiné.


Je reprends ma planche à dessin et en quelques traits, je crée un aperçu global : l’ensemble est aéré, sympathique, convivial ; ça me plaît. À présent, reste à choisir les murs. Soit je conserve la matière brute, soit je créé des murs artificiels à l’aide de panneaux en bois, peints en blanc et gris métallisé. Je fais quelques simulations et finalement, c’est la brique rose qui l’emporte ! C’est beaucoup plus simple à réaliser, plus chaleureux aussi, et surtout tellement… toulousain !

Passons maintenant au « petit matériel de sport » : tapis de sol, cordes à sauter, mini-haltères, disques de fitness, suspension-trainer…. Tous ces objets à la fois faciles à transporter partout, accessibles à tous les budgets, et surtout, très efficaces !



20 heures :


Toujours aucune nouvelle de Miss Pimbêche, je réprime une furieuse envie de balancer cette saloperie de broche à cheveux contre un mur ou mieux, directement à la poubelle.

Deux textos, c’était sans doute trop. Mais je voulais être sûr qu’elle n’ait pas balancé le premier dans la corbeille, et aussi, qu’elle sache que je suis un pote de Mehdi. Dommage qu’il ne soit pas là, il aurait pu me conseiller. Au lieu de quoi, il se prélasse au bord de l’eau turquoise, tandis que je tourne en rond comme un lion furieux dans sa cage.



20 heures 30 :


L’endroit est sombre, étrangement silencieux… Les travaux ont bien avancé, je passerai féliciter l’équipe, demain. Être dans les lieux me permet de mieux projeter ce que j’ai jeté sur le papier, cet après-midi. Je suis sûr que ce sera bien. Vraiment bien. En plus, le quartier est idéal : une petite rue du centre de la ville, quelques boutiques tout autour, ce sera parfait pour drainer une clientèle qui ne manquera pas de devenir familière des lieux. Une bonne publicité, et ce sera parti ! Et la pub, c’est un truc que j’ai fait pendant deux décennies...



22 heures :


Bon, elle ne répondra plus, c’est sûr. Je ne sais pas pourquoi cette fille m’obsède comme ça, c’est peut-être mon « régime végan »… Après tout, le frangin Hugo m’a dit, l’autre jour : « Fais gaffe à ce que tes neurones ne finissent pas par fondre, à force de bouffer tes graines, mon vieux ! Ça risque de te faire une cervelle de moineau ! » et il est parti en rigolant comme un cinglé, content de son trait d’humour à deux balles.


Ma main plonge dans le sac de graines de tournesol, et tant pis si mon frangin se fiche de moi !


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49

49 commentaires

MarineGautierAuteur

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Il y a 2 ans

Je ne sais pas si je dois le féliciter pour sa persévérance ou appeler les flics lol ! S'il continue, on va en faire un Joe de YOU ! :D

iris monroe

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Il y a 2 ans

Dans ce chapitre on en sait plus sur la façon de vivre de Nathan et on a son point de vue sur ces fameux sms. Il pousse loin son stratagème en allant jusqu'à à acheter une barrette à cheveux . Tu expliques à travers la bouche de Nathan ce qu est le veganisme et le contraste avec le reste de sa famille. J ajouterai surtout à Toulouse où on mange très bien.

iris monroe

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Il y a 2 ans

Suggestion : Soit c'est une pince à cheveux soit une broche à cheveux. Je pense qu il faut choisir entre les 2.

iris monroe

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Il y a 2 ans

Suggestion: d accord je ne mange plus de viande, d œufs,de laitage mais les lentilles ...

SOLANE

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Il y a 2 ans

Hou, Cécile, tu as parfaitement raison 🤗!!! Je l'avais oublié, mais en effet, le miel n'est pas végan !!! MERCI !! Purée, le retravail que je vais avoir, avec cette romance 😅😄😅😎🤣!! Je l'ai écrite si vite (car j'avais peur de "ne pas parvenir à la finir...) que du coup, j'ai quelques incohérences... 😬😅😁 (même le chat de Nathan passe de "noir" à "blanc et roux", dans la suite du roman, lol !!! Je viens de m'en apercevoir !!! 😵🤪🙀😅🤣 )

Cécile G

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Il y a 2 ans

Maintenant, c'est la découverte de l'univers de Nathan, que je trouve également très bien décrit. Les relations familiales et la boutique, on fait aisément le parallèle avec Coralie. Même si leurs deux univers sont différents, on sent chez tous deux cet attachement à leur famille et à leur boutique qui vend des produits qui leur tiennent à cœur.

SOLANE

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Il y a 2 ans

Absolument... et c'est aussi ce qui va les opposer... 😉😁

MélineDarsck

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Il y a 2 ans

Ok... ils vont donc être voisin, je l'avais un peu senti. Ca ne sera pas du médical mais du diététique, face aux douceurs, ca fera un juste milieu ;) Ou des étincelles

SOLANE

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Il y a 2 ans

Oui, je dirais même quelques gros éclairs... mais après la pluie, vient le beau temps, comme on dit !! 😉😁☔🌂🌞

Jane Moody

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Il y a 2 ans

J'aime son plan, il est malin et il a du culot. Même si je me demande comment elle va interpréter qu'il ait pu penser qu'elle avait ce truc dans les cheveux. Genre, je me suis aperçu que votre chignon était pourri, alors je me suis dis que vous aviez dû perdre votre pince. XD
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