Fyctia
Chapitre 7
Déjà le chapitre 7 ! Merci à celles et ceux qui ont liké les précédents chapitres ^^
Swan
Flore nous quitta à notre retour au manoir, de crainte de prendre une balle perdue. J’avais eu raison de redouter le séjour d’Alexandre parmi nous, il était imbuvable. Lorsque je lui proposai un café pour se réchauffer, il me demanda la permission de l’emporter dans sa chambre. Comme s’il ne voulait pas rester cinq minutes dans la même pièce que moi. Je savourai donc le mien seul, les doigts serrés autour de la tasse brûlante. Jusqu’à ce que mon téléphone vibre. Je le tirai de ma poche. Estelle et Marianne avaient envoyé plusieurs message sur notre conversation commune.
Estelle : Alors, comment ça se passe ?
Marianne : Il est chauve et gros ou pas ?
Estelle : Fais-lui ta tarte aux coings, il succombera.
Je me surpris à sourire et leur répondis :
Swan : Pas changé, toujours aussi pénible. Il ne veut pas travailler avec moi. Il lui faudrait bien plus qu’une tarte pour se dérider.
Marianne : Ça ne nous dit pas s’il est canon ou pas.
Oui, Alexandre était canon. À vingt ans, il était mignon avec ses joues lisses et son petit air d’intello, mais je n’avais jamais rien ressenti pour lui. À trente-neuf, c’était autre chose. Il avait gagné en charme et en personnalité. Il était sacrément séduisant, même avec ses tempes qui s’éclaircissaient déjà. Il serait gris avant moi, na ! Son air grincheux avait creusé de légers sillons au coin de ses yeux gris, mais ça lui allait bien. Et puis ces lunettes ! C’était bien la première fois que je trouvais ça sexy chez un homme. De plus, contrairement à ce que j’avais prétendu, il n’avait pas grossi. Il avait conservé une silhouette longiligne, mince et souple. Mettre Alexandre dans mon lit devenait une éventualité alléchante. S’il n’avait pas eu si mauvais caractère. Ça, c’était rédhibitoire.
Swan : Il l’est. Beaucoup. Mais le physique ne fait pas tout. Il est imbuvable.
Marianne : Vous n’avez pas besoin de vous parler pour vous envoyer en l’air.
Swan : Évidemment, tes petits-amis à piles n’ont pas de conversation, mais moi j’apprécie de pouvoir discuter avec mes amants et de ne pas les prendre que pour des bites sur pattes.
Marianne me renvoya une série de smileys qui tiraient la langue et rigolaient.
Estelle : Qu’est-ce que tu vas faire ?
Swan : Fendre du bois. Je te rappelle qu’il va neiger. D’ailleurs, j’espère que Grincheux sera reparti avant. Manquerait plus qu’on soit coincés ensemble.
Préparer le dîner ne prendrait pas énormément de temps, alors j’allai me défouler sur les bûches qui attendaient d’être fendues. Je renfilai mon blouson et gagnai la grange.
J’actionnai la lumière sous l’appentis. Je calai la première bûche biscornue sur le billot, levai la hache et l’abattis de toutes mes forces. La lame traversa les fibres du bois et les deux fragments tombèrent de part et d’autre. J’en plaçai un deuxième et recommençai. Deux petits tas se formèrent de chaque côté. Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil vers les fenêtres du manoir. La chambre d’Alexandre donnait de ce côté-ci. La pièce était éclairée. L’archéologue devait entendre les coups répétés de la hache sur le bois. Avait-il regardé ?
Mon portable me rappela qu’il était temps de rentrer. Je plaçai les dernières bûches dans la brouette et la laissai à l’abri. Je regagnai la maison, me lavai les mains et entrepris de faire réchauffer la soupe préparée la veille, ainsi que les morceaux de poulet. Je tranchai ce qu’il restait du pain, sortis le fromage, arrangeai la corbeille de fruits. Je dressai la table dans la cuisine. À deux, nous n’allions pas utiliser la salle à manger, surtout si Alexandre refusait de dîner en tête à tête avec moi.
J’allai frapper à la porte de sa chambre et n’attendis pas de réponse.
— Si tu veux dîner, c’est prêt, dis-je à travers le battant.
Je redescendis aussitôt. Je remuais la soupe quand j’entendis des pas. Je jetai un coup d’œil par-dessus son épaule.
— Soupe panais et carottes blanches, relevée d’un peu de poivre et de baies roses. J’espère que tu aimeras.
— Je ne suis pas difficile, répondit-il en s’asseyant.
Je servis et m’assis. Je remarquai qu’Alexandre ne portait pas d’alliance. Pas marié, donc.
Nous commençâmes à manger dans un silence pesant. Il évitait de poser le regard sur moi. Son attitude dédaigneuse m’horripilait. J’avais hâte qu’on en termine et qu’il remonte se coucher. J’expliquai néanmoins que le fromage venait d’un ami qui le fabriquait dans le village.
Alexandre se servit, tartinant un morceau de pain. Il ferma les yeux, savourant le goût authentique du fromage.
— C’est important de travailler avec les producteurs locaux, continuai-je. Les gâteaux et le miel dans ta chambre sont faits par des amies d’enfance.
— Ils sont bons, déclara Alexandre.
— Tu y as goûté ? m’étonnai-je.
— Je suis gourmand, il ne faut pas me laisser des biscuits sous le nez, avoua-t-il.
— On ne dirait pas, tu gardes la ligne.
— Ah, euh, oui, merci. Je cours.
La conversation s’arrêta là. Je renonçai à la ranimer et débarrassai nos assiettes vides.
— Tu veux un café ? Ou une tisane ?
— Non, merci, je vais aller me coucher. Je me suis levé tôt ce matin, je ne vais pas tenir longtemps.
Alexandre déguerpit.
Je soufflai, soulagé.
Je rangeai la cuisine et dressai la table pour le petit-déjeuner. N’étant pas du matin, je préférais que tout soit prêt avant d’aller me coucher. Je réalisai qu’il n’avait pas demandé à Alexandre ce qu’il prenait le matin. Je n’avais pas géré la réservation, il n’avait donc pas rempli la fiche. Je gagnai l’étage et frappai à la porte de mon visiteur.
J’entendis Alexandre se déplacer. Lorsque le battant s’ouvrit, je le découvris en sous-pull, son sweat à la main, tout échevelé de l’avoir enlevé. Ses lunettes étaient de travers. Il se hâta de les remettre en place.
Sexy.
— Je peux faire quelque chose pour toi ? me demanda-t-il en me voyant immobile sur le pas de sa porte.
Je se rappelai la raison de ma venue.
— Excuse-moi de te déranger. Qu’est-ce que tu prends le matin ?
— Du café.
— Autre chose ?
— Un produit laitier, du jus de fruit et du pain ou des céréales, si tu veux tout savoir, mais une tartine et un café, ça me va aussi.
— OK, merci. Alors, euh… Bonne nuit.
— Toi aussi.
Alexandre referma la porte.
Je redescendis. L’image de mon hôte s’était imprimée sur mes rétines. J’avais eu envie de passer ma main dans ses cheveux pour y remettre de l’ordre, de lui retirer ses lunettes et de le pousser à l’intérieur de sa chambre. C’était de la faute de Marianne et des autres qui avaient insinué que je pourrais m’envoyer en l’air avec mon invité. Il n’en était pas question !!! Je devais me sortir cette idée de la tête ou je n’arriverais pas à travailler avec lui le lendemain. Il fallait dégager ces vieux ossements au plus vite pour qu’il retourne à Bordeaux tout aussi vite. Alexandre communiquerait ses résultats à Flore et je n’en entendrais plus jamais parler. Voilà, demain, je travaillerais dur et après-demain, bye bye Grincheux !
4 commentaires
Nora Rosen
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Il y a 22 jours
Aurore_K
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Il y a 22 jours