Fyctia
Pleurs amers P3
S’avisant que Guillaume est en train de fouiller dans les placards, Diana se tourne vers lui.
— Vas-y ne te gêne pas ! Fais comme chez toi surtout !
— C’est bon, je cherche juste le café, vu que tu ne penses même pas à nous en proposer, riposte Guillaume.
— Euh… tente de nouveau Jenna. Je vais…
— Tu as dormi ici ? lui demande la mère de Diana.
— Oui, confirme Jenna. Je n’allais pas laisser Diana toute seule.
— Voilà ! triomphe Diana. Vous voyez tout va bien ! Merci d’être passés et à la prochaine.
Son père serre les dents :
— On aimerait quand même savoir ce qui t’a mise dans un état pareil.
— Raaa, s’énerve Diana. J’ai cassé avec Pascal, voilà ! C’est pour ça que j’étais triste.
— Putain, je m’en doutais. Je n’ai jamais pu le sentir ce connard ! Je te jure, il n’a pas intérêt à ce que je le croise parce que je l’allonge direct, lance Guillaume.
— Pfff, n’importe quoi ! Ce que tu peux être con, rétorque Diana. En plus, c’est moi qui l’ai largué.
— Bon, je vais vous laisser, déclare Jenna.
— Tu peux rester, lui assure le père de Diana.
Euh sans doute mais là, la seule chose dont j’ai envie c’est de sortir d’ici…
— En plus, le café est presque prêt, déclare Guillaume. Bois au moins une tasse avant de partir.
Jenna cède par politesse et sa tasse avalée, elle prend congé, mettant en avant le fait qu’elle doit se préparer pour aller travailler.
— Je passe te voir ce soir, assure-t-elle à Diana.
***
Lorsque Jenna retrouve Diana le soir après son travail, celle-ci est toujours triste mais il est visible qu’elle va beaucoup mieux.
— Pfff, je n’en reviens pas que mes parents et mon frère aient débarqués comme ça, soupire-t-elle à l’intention de Jenna. Je te jure, n’importe quoi.
— Raaa, ils s’inquiètaient pour toi, c’est plutôt touchant, remarque Jenna.
— Mouais… sinon tu as eu des nouvelles des gens ?
— Juste Phil qui n’est pas arrivé avant une heure du matin cette nuit avec tous ses problèmes de train. Il m’a envoyé un message pour me dire que Séverine a accouché cette nuit.
— Ah ? C’est quoi déjà ?
— Un petit Charles, pour faire la paire avec Caroline, s’amuse Jenna.
— Roooo oui c’est vrai… Enfin, elle a de la chance Séverine, elle a un mari, deux enfants… en plus une fille et un garçon, le choix du roi, soupire tristement Diana.
— Ne t’en fais pas, ça viendra pour toi aussi, lui assure Jenna.
— J’espère… Parce que là ce n’est pas gagné. J’ai déjà vingt-six ans, pas de copain et pas non plus de boulot… un vrai ratage.
— Mais non ! Enfin, Di tu as le temps pour tout ça. Dis toi qu’au moins, tu peux profiter de ta jeunesse au lieu de te retrouver enchaînée à des marmots.
— C’est facile à dire pour toi, tu es plus jeune et tu as déjà un mec. En plus tu n’as pas l’air de vouloir tant que ça avoir des enfants.
— Disons qu’un enfant, ce sera déjà bien, admet Jenna. J’en veux un mais je ne suis pas pressée de l’avoir. De toute façon, tant que je n’ai pas fini mes études et trouvé un vrai boulot, c’est hors de question. D’ailleurs, en parlant de ça, il faut que je me mette sérieusement à mes lettres de motivation pour les DESS. Je veux faire partir mes dossiers en début de semaine prochaine.
— Tu comptes toujours partir étudier à Paris ?
— Oui, je te l’ai dit, je ne veux pas repostuler à la fac d’ici.
— Je sais bien mais… vu qu’avec Kristian ça prend l’eau, je me disais que tu avais peut-être changé d’avis.
Jenna grimace à ce rappel.
— C’est vrai que je n’ai pas eu de nouvelles depuis la dernière fois… J’avoue que ça me stresse.
— Mmm tu sais, j’ai repensé à votre conversation. Si ça se trouve, c’était sa manière de rompre avec toi en douceur. À mon avis, si tu n’as pas de nouvelles d’ici le mariage d’Elsa, tu peux lâcher l’affaire avec Kristian.
Le cœur de Jenna se serre de plus belle et elle déglutit.
— Bon bah au moins, je sais ce que tu penses… Merci pour tes encouragements.
— Il faut être lucide, rétorque Diana. De toute façon, tu ne vas pas rester toute ta vie avec deux mecs alors qu’il y a plein de filles qui n’en n’ont même pas un.
Et ça, ça te fait bien chier, songe Jenna.
— Que veux-tu que je te dise ? rétorque-t-elle. Chacun sa merde et Dieu pour tous.
— Ouais, enfin méfie toi quand même. Un jour ou l’autre, la chance finira par tourner et tu te feras choper. Bref, tu ne diras pas que tu n’étais pas prévenue.
— J’ai conscience des risques, mais je préfère avoir des remords plutôt que des regrets. Bon, ce n’est pas tout ça mais qu’est-ce qu’on mange ?
— J’ai profité que mes parents étaient là pour aller faire les courses avec eux, si tu veux, on peut se réchauffer une pizza surgelée, ils m’en en ont acheté trois. Après si tu veux autre chose, tu le fais, perso j’ai la flemme de faire la popote.
— Non, pizza ça ira, je suis claquée, assure Jenna.
Après avoir mangé, elles bavardent encore un peu puis se séparent. Une fois de plus, Jenna commence aux aurores le lendemain et elle accuse la fatigue des dernières nuits perturbées.
***
Diana repart chez ses parents le jeudi en début d’après-midi et Jenna profite de sa solitude en attendant Phil pour téléphoner à Marjo.
— Alors quoi de neuf ? lui demande la brune. Diana va un peu mieux que dimanche ?
— Oui, ça a l’air. Là, elle est repartie chez ses parents.
— Ah… ce n’est sans doute pas plus mal pour toi. J’imagine que ça a dû être assez lourd niveau ambiance cette semaine.
— C’est peu de le dire, soupire Jenna.
— Je me doute, je l’ai eue au téléphone vite fait hier pendant que tu étais au centre et elle m’a parue hyper amère, limite agressive tu vois ?
— Ouh oui, je vois tout à fait, plussoie Jenna. Elle a été comme ça toute la semaine. Elle en veut à la Terre entière alors qu’on n’y peut rien si c’est fini avec Pascal. Enfin, au moins elle ne déprime plus… Cependant, j’admets que je suis soulagée qu’elle soit partie parce que j’en ai un peu marre de ses petites piques à tout bout de champs. Je sais qu’elle est malheureuse, mais ce n’est pas une raison pour se défouler sur les autres.
— Ah bah c’est certain qu’elle en a après toi, confirme Marjo. Après tout, tu es casée avec un des potes de Pascal et tu vas donc continuer à le voir.
— Mais enfin, je ne vais quand même pas faire la gueule à Pascal pour lui faire plaisir ! Surtout que c’est elle qui l’a largué !
— Certes… enfin, ça lui passera, du moins il faut l’espérer.
Après cette sentence sans appel, elles bavardent encore une dizaine de minutes avant de raccrocher.
94 commentaires
La Plume d'Ellen
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Il y a 2 mois
Jess Swann
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Il y a 2 mois