Fyctia
Coeurs brisés P7
Sachant l’arrivée de Phil imminente, Jenna se dépêche d’écraser sa cigarette et file à la salle de bain pour se laver les dents. Elle a peine de temps de s’essuyer la bouche avant que Phil ne frappe à la porte tout en essayant d’ouvrir avec sa clef.
— J’arrive ! lui lance Jenna à la hâte.
Phil pose son sac, les traits tirés.
— Salut. J’ai une journée de merde, je suis bien content d’être en week-end. Tu n’as pas allumé la télé ? s’étonne-t-il en appuyant sur la télécommande. Je mets la une, il y a le match Colombie-Nouvelle Zélande et on joue à vingt et une heure.
Putain, je vais devoir me taper son Euro de foot de merde toute la soirée ! Super ! Comme s’il ne pouvait pas rester chez lui pour le regarder au lieu de venir me faire chier. Quand je pense que l’année dernière, j’étais avec Kris et qu’on revenait de chez ses parents… quel contraste ! Comme quoi les jours se suivent et ne se ressemblent vraiment pas.
— Tu sers l’apéro ? réclame Phil en se laissant tomber sur le canapé après l’avoir gratifié d’un smack, l’attention déjà focalisée par les vingt-deux joueurs qui se disputent le ballon.
— Bah oui va… répond Jenna avec dépit tout en se levant.
Sérieux, entre la peste et le choléra, je me demande si je n’aurais pas préféré écouter Diana se lamenter en boucle finalement…
La soirée, rythmée par les exclamations de Phil, se déroule bien. Le match monopolisant Phil, ils entretiennent une conversation superficielle avant de se coucher après la victoire de l’équipe de France. Inutile de préciser qu’il met un point d’honneur à fêter cela sous la couette…
***
Phil partit aider au déménagement de ses chers Bretons, Jenna travaille toute la matinée. Elle profite de ses dix minutes de pause déjeuner pour prendre des nouvelles de Diana.
Spoiler alert : LSD a un réel souci avec le droit du travail…
— Salut, c’est moi, lance-t-elle prudemment quand Diana décroche au bout de quatre sonneries.
— Salut… répond Diana avec des trémolos dans la voix.
Merde… Jenna déglutit puis :
— Euh… ça va ? Des nouvelles ?
— Pas trop non. C’est fini avec Pascal, annonce Diana en retenant ses sanglots.
— Oh Di, je suis désolée, je…
La sonnerie stridente de l’interphone retentit à cet instant et Jenna peste :
— Putain ! Bien sûr, il faut qu’ils soient en avance… Diana, je m’excuse mais mes prochains clients se pointent et…
— Non mais t’inquiète, je comprends, répond Diana, atone. Tu as d’autres choses à faire.
Le cœur serré pour son amie, Jenna affirme tout en déverrouillant la porte de l’immeuble :
— Je suis désolée, mais je suis au boulot… En plus je n’ai même pas eu le temps de bouffer, bref. Écoute, je quitte à quinze trente, je passe te voir dès que je rentre, on pourra discuter tranquille. D’accord ?
— Si tu y tiens… salut.
Le clic de fin de communication retentit et Jenna grimace. Elle est terriblement inquiète pour Diana — et, aussi il faut l’admettre, dévorée par la curiosité. Qu’est-ce qu’ils se sont dit ? se demande-t-elle en boucle tout en s’occupant du petit Théo. Le temps paraît se distordre en longueur tant Jenna est impatiente de partir. Un quart d’heure avant la fin de la journée de Jenna, LSD pointe le bout de son nez dans la salle des enfants.
— Euh… Jenna, je voulais savoir si vous pouviez prendre le standard pendant une ou deux heures après le départ de Théo, je dois rejoindre des amis pour faire un golf et ça m’arrangerait beaucoup de ne pas être dérangé.
Même si cet argent facilement gagné serait une aubaine pour Jenna, elle a fait une promesse à Diana.
— Je suis désolée, monsieur Dahu mais j’ai déjà des projets que je ne peux pas déplacer. Il aurait fallu me prévenir avant.
Ouais parce qu’en même temps, je ne suis pas non plus à ton service, même si j’ai besoin de fric. Scoop : je ne joue peut-être pas au golf mais j’ai une vie aussi !
LSD peine à masquer sa contrariété tandis qu’il s’incline.
— Oui, bien sûr, je comprends c’est de votre âge. J’aurais dû vous en parler plus tôt… J’ai un autre service à vous demander… pourriez-vous faire l’ouverture du centre demain à huit heures trente pour les écoutes d’anglais et le standard ?
OK, je n’aurai pas de bus à cette heure-là, vu que c’est dimanche mais en même temps, je suis payée double et je n’aurai qu’à changer les cassettes pendant deux heures donc…
— Pas de problème, je ferai l’ouverture et la fermeture demain si vous voulez. C’est juste qu’aujourd’hui, je ne peux vraiment pas me libérer.
— C’est parfait merci Jenna, profitez bien de la fête de la musique.
Tu parles… c’est mal barré.
***
Fidèle à sa promesse, Jenna rejoint Diana dès son travail terminé. Les yeux rougis par les larmes, Diana lui ouvre la porte en silence.
— J’ai fait aussi vite que j’ai pu, s’excuse Jenna. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Bah en fait, il m’a téléphoné… il a commencé à me faire tout un speech sur ses astreintes, ses obligations professionnelles. Encore une fois son boulot ! Là, j’ai craqué. Je lui ai dit que je ne pouvais pas supporter une relation en demi-teinte, que j’en avais marre de passer derrière tout le monde et que ce qu’il me proposait n’est pas ce que j’attends.
— OK… souffle Jenna.
— Je lui ai donc annoncé que, par conséquent, c’était fini entre nous, poursuit Diana d’une voix tremblante. Je ne veux pas végéter dans mon appartement en attendant que monsieur daigne me rendre visite. Je ne suis ni un défouloir sexuel, ni un plan de secours. S’il voulait réellement être avec moi, il ferait ce qu’il faut. J’espérais une réaction de sa part mais tout ce qu’il a trouvé à dire c’est : « comme tu veux ». Du coup, je lui ai raccroché au nez et maintenant c’est définitivement terminé avec lui.
Là, la voix de Diana se brise et Jenna grimace :
— Mais au fond ce n’est pas ce que tu voulais.
— Non. J’espérais qu’il essaierait de me retenir et qu’il ferait des concessions. Je suis dégoûtée… je trouve ça tellement injuste ! Pourquoi ça ne marche jamais pour moi ?
Se retenant de justesse de lever les yeux au ciel, Jenna lui rappelle :
— Marjo aussi est toute seule…
— Oui mais elle c’est parce qu’elle le veut bien ! Elle a eu des tonnes d’occasions avec des mecs qui étaient fous d’elle : Gus, Julien, Chouchou, Thierry, Nick… ils étaient tous amoureux d’elle. Alors que moi, personne ne m’aime jamais.
— Di, ce n’est pas vrai… et puis, ce n’est pas parce qu’on a un copain qu’on est forcément heureuse. Tu sais ce qu’on dit : mieux vaut être seule que mal accompagnée.
— C’est sûr que toi, tu ne peux pas comprendre. Tu as Phil qui se plie en quatre pour toi et qui n’attend qu’une chose : vivre avec toi ! Et toi… tu le trompes avec Kristian, peste Diana. Je te jure, tu ne connais pas ta chance ! Moi, je rêverais d’avoir un mec qui veuille s’engager avec moi mais quoi que je fasse, ça ne fonctionne pas. Ce n’est pourtant pas trop demander que d’avoir quelqu’un qui tienne à moi. Pascal n’a même pas essayé de me retenir.
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La Plume d'Ellen
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Jess Swann
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