Fyctia

Lorsque Jenna arrive chez Marjo, elle est encore sous l’effet des nombreuses petites poires bues en compagnie de Kristian et de leur ébat amoureux. L’air rêveur, elle se laisse tomber sur le canapé pendant que Marjo leur sert un thé.

— Je ne te demande pas si ça s’est bien passé avec Kristian, grince Marjo. Ni combien de verres vous avez bu… Sinon, pour ma soirée, j’ai réfléchi. Je pense que le mieux c’est que chacun mange de son côté et qu’on se retrouve chez toi vers vingt-deux heures. Il faudra qu’on aille faire les courses aussi. Vivi nous y emmènera en début d’après-midi et ensuite on met tout dans ton frigo.

Marjo paraît avoir tout prévu et l’agacement dégrise Jenna.

— Ce ne sera pas possible pour moi.

— Hein ?! Je peux savoir pourquoi ?

— Parce que je bosse jusqu’à seize heures, explique Jenna.

— Pffff… sinon Vanessa et Thierry viennent toujours ?

Jenna confirme et un nouveau soupir échappe à Marjo.

— Thierry passe encore, ça occupera Phil et Pascal mais Vanessa… sérieux, je ne comprends pas ce que Di et toi vous trouvez à cette fille.

— Comme je ne comprends pas ce que tu trouves à Vivi et Juju, réplique Jenna.

— Oui, mais c’est ma soirée…

— Je te rappelle que c’est aussi la mienne et que ça se passe chez moi.

— Certes, admet Marjo du bout des lèvres.

Au vu du tout pris par la conversation, Jenna est soulagée lorsque l’heure de son train arrive. Elle fait la bise à Marjo puis file à la gare. Elle profite du trajet pour cuver un peu et elle a presque retrouvé ses esprits lorsque le train entre en gare. Les transports en commun étant passés en service de nuit, Jen attend vingt minutes avant d’avoir un bus. Lorsqu’elle rentre finalement chez elle, il est presque vingt-trois heures. Épuisée, elle envoie un texto à Diana pour lui dire qu’elles se verront demain et se couche.

***

Revigorée par sa nuit de sommeil, Jenna retrouve Diana pour le café. Il va de soi qu’elles parlent de Kristian. Comme à son habitude, Jenna se concentre sur le négatif et Diana soupire :

— Moi, ce que je crois, c’est que Kristian préfère se voiler la face plutôt que de reconnaître ses sentiments pour toi.

— Tu parles… il n’en a aucun. La seule chose qui l’intéresse chez moi, c’est mon cul, soupire tristement Jenna. Bref. Sinon, Marjo commence à me brouter avec « sa soirée » comme elle dit. En plus, elle fait une fixette sur le fait que Vanessa soit invitée... alors qu’une fois de plus, ça se passe chez moi ! Je te jure, je me mords bien les doigts de faire mon anniversaire en même temps qu’elle. Si je pouvais, j’annulerais mais ça causerait plus de problèmes qu’autre chose.

— En tout cas, elle a été claire au téléphone : c’est à Elsa et à moi de s’occuper de ton cadeau parce qu’elle n’a pas le temps pour ça.

— Sympa…

— Du coup, je vais appeler Kristian pour savoir s’il se met avec nous et s’il a des idées.

— Ah ? Tu me diras ? Je suis curieuse de savoir…

Diana promet de la tenir informée et elles se séparent. Jenna doit aller à ses cours de DU avant de repartir quelques jours chez ses parents.

***

Une fois à la campagne, Jenna en profite pour se reposer. Diana l’appelle afin de lui raconter sa conversation avec Kristian :

— Il m’a dit qu’il est fatigué et qu’il en a marre de son taf. Et c’est clair que ça le bouffe de ne toujours pas avoir de nouvelles de l’école de police… Sinon, je me suis fait engueuler, il m’a dit que vu que je passe mon temps à faire les boutiques avec toi, c’était inconcevable que je n’aie pas d’idées pour ton cadeau !

— Ce n’est pas comme si lui il en avait… grince Jenna.

— En tout cas, il m’a dit de prendre quelque chose de classe parce que je cite : « c’est le style de la miss ». Et de ne pas regarder à la dépense. Si on n’a pas assez, il paiera la différence, même si c’est une forte somme. Du coup, on va pouvoir se lâcher un peu plus pour toi que pour Marjo.

Jenna se trouble :

— Oui enfin reste dans le raisonnable Diana. Ne va pas faire claquer plein de thunes à Kristian.

— Pffff tu n’es pas marrante, soupire Diana.

— Kristian paye déjà plus que sa part quand il vient, lui rappelle Jenna. Et je ne suis pas une profiteuse.

Diana s’esclaffe :

— Pour le coup, il a de la chance que ce ne soit pas Marjo à ta place… Enfin au final, elle a bien fait de faire raquer ce connard de Chouchou quand ils sortaient ensemble.

— Mouais, je ne suis pas trop d’accord avec ça. Chouchou est ce qu’il est et je suis loin de l’avoir à la bonne en ce moment, mais je trouve ça nul d’avoir profité de lui comme elle l’a fait.

— Si tu le dis… sinon tu rentres quand ?

— Vendredi en fin de matinée, Phil rentre de Montpellier le soir.

— Ah… seulement vendredi, soupire Diana. Bon bah passe me voir quand tu arrives, on pourra bouffer ensemble le midi.

Jenna le lui promet et elles bavardent encore quelques minutes avant de se quitter, Diana devant se préparer pour l’arrivée de Pascal.

— Pas trop de vent dans les volets ! lui lance malicieusement Jenna.

— Pfff aucun risque, réplique Diana d’un ton morne. Allez, j’y vais, il faut encore que je me douche…

***

Jenna déjeune avec Diana le vendredi midi comme convenu. La brune a eu des nouvelles de Marjo :

— Figure-toi qu’elle est au bout de sa vie parce que Vivi et Charles préfèrent dormir à l’hôtel. Vivi lui a dit que ce n’était plus de leur âge de dormir tous ensemble et qu’elle veut avoir son intimité avec Charles.

— Ah oui ? Honnêtement, je n’aime pas Vivi mais pour une fois, je trouve que son raisonnement se tient. En plus, c’est cool pour Elsa et Éric, ils vont pouvoir récupérer le canapé-lit de Paul.

— Euh… en fait non. Marjo a dit que, d’un côté, ça l’arrangeait quand même car comme ça elle pourra loger Chouchou.

— Pardon ?! Tu plaisantes j’espère ? Elle ne compte quand même pas laisser Elsa et Éric se serrer sur mon matelas une personne pendant que Chouchou sera vautré dans un canapé deux places !

— Bah si. Marjo a dit que comme ni toi ni moi ne voulons le prendre, elle n’a pas d’autre choix.

— Pfff non mais sérieux, dans ce cas-là, je vais lui dire que je veux bien loger Chouchou à titre exceptionnel, soupire Jenna. Mais c’est pour Elsa, pas pour lui.

Le sujet temporairement clos, Jenna lui demande comment s’est passée sa soirée en amoureux avec Pascal.

— Bof… franchement, plus ça va, moins je suis transcendée. Il est arrivé hyper tard mercredi soir et il est reparti jeudi à huit heures du matin. En vrai, ce n’est pas ce que j’attends d’une relation. Il ne s’intéresse pas du tout à ce que je fais ou à ce que je pense et au lit, on ne peut pas dire que ce soit un feu d’artifice.

— Ah oui quand même…

— Il vient demain après-midi et j’ai prévu qu’on ait une petite explication, déclare Diana. Du coup, ce n’est pas sûr qu’il soit encore là le soir et que je reparte avec lui dimanche après-midi comme prévu.