Fyctia

Après le départ de Diana, Jenna réfléchit aux conseils qu’elle lui a donnés. Il est vrai qu’elle s’est montrée assez distante la veille… par ailleurs, Diana a également souligné le fait que c’est toujours Kristian qui vient vers elle pour lui prendre la main ou l’embrasser en dehors de leurs moments intimes. Un manque d’initiative et de marques d’intérêt que Kristian lui-même lui a déjà reproché plusieurs fois… Pfff, de toute façon, j’en crève d’envie, s’avoue Jenna en composant un texto pour Kristian.

• Désolée si je t’ai paru froide hier, j’étais déçue de ne pas te voir pour mon anniversaire. À bientôt j’espère.

• Coucou la miss. Moi aussi ça me gave. Tu me manques.

Le cœur de Jenna fait une embardée en lisant sa réponse. Toi aussi, tu me manques, je crève d’envie de te voir… Elle se mord la lèvre puis décide de ravaler sa fierté pour une fois :

• J’ai prévu de descendre prochainement pour faire le tour des facs pour mon DESS. Si tu as des dispos, je pourrais joindre l’utile à l’agréable.

Il est certes un peu tôt pour s’inquiéter des candidatures en DESS mais Kristian ne relève pas. À la place, il envoie :

• J’espère que je suis l’agréable et non l’utile.

Un rire léger franchit les lèvres de Jenna en lisant sa réponse.

• Mmmm je ne sais pas trop…. Tu es parfois fort utile….

• Coquine ! Et pourquoi mes services seraient-ils requis ?

La conversation ainsi lancée, ils passent une bonne partie de l’après-midi à badiner et à faire des projets pour leurs retrouvailles prochaines dont la date est rapidement fixée. Ce sera dans dix jours. Revigorée par cet échange, Jenna va travailler avec le sourire.

Phil la récupère à la sortie du centre et ils bavardent dans la voiture :

— Ça se passe bien le CAPES de Diana ? demande Phil.

— Bah elle avait sa dernière épreuve cet après-midi mais elle n’est pas très confiante… reconnaît Jenna.

— Ah ça, c’est sûr que ce n’est pas en faisant la fête tous les soirs qu’elle risque d’avoir son concours.

— Tu exagères là ! La plupart du temps, on n’est que toutes les deux le soir.

— Ah ? Ce n’est pas ce que Pascal m’a dit. Il trouve qu’elle ne révise pas assez.

— Pffff non mais Pascal, ce n’est pas non plus une référence…

Phil lui accorde le point et propose d’inviter Diana à venir boire l’apéro avec eux afin de fêter la fin de son concours.

Ils passent une petite heure tous les trois. Diana leur raconte le déroulement de son concours puis ils passent aux projets pour le week-end.

— Pascal doit me récupérer à la gare samedi en milieu d’après-midi, explique Diana.

— C’est débile que tu prennes le train, déclare Phil. Jen et moi, on repart chez moi samedi matin. Tu n’as qu’à rentrer avec nous.

— Euh… oui ça serait bien mais je ne sais pas si Pascal pourra venir me chercher tout de suite.

— Bah ce n’est pas grave, on t’accueillera avec plaisir, affirme Phil d’un ton nonchalant.

Les plans ainsi faits, Diana les laisse en « amoureux ». La soirée est calme. Phil et Jen mangent devant la télé puis se couchent après avoir sacrifié au rituel du câlin.

***

Philippe est véritablement de bonne humeur… lorsque Diana leur rend visite le vendredi, elle les trouve en pleine bataille d’eau.

— Eh bien… commente-t-elle en s’abritant.

Jenna baisse les yeux sur son pull et son jean.

— J’espère que ça sera sec pour le boulot.

— Tu pourrais mettre une jupe, suggère Phil.

— Non, j’ai des petits en ce moment et je passe ma vie à quatre pattes, je n’ai pas envie que LSD se rince l’œil, explique Jenna.

Après le travail de Jenna, Phil l’emmène au resto. Celui-ci est un ratage total, les plats sont tièdes et manquent de saveur. Jenna, qui a pris une viande saignante, soupire en découvrant qu’elle est à point quant à Phil, son steak est dur comme de la semelle. Également mécontents de leur repas, Jenna et Philippe s’en vont sans prendre de dessert.

De retour chez Jenna, Phil réclame une petite gâterie. Soulagée de ne pas avoir à « passer à la casserole » selon l’expression consacrée, Jenna ne se fait pas prier.

***

Pour le samedi, Pascal et Diana ont prévu de passer l’après-midi en compagnie des parents de Pascal. Décidément de bonne humeur, Phil les invite, ainsi que les Bretons à manger chez lui le soir.

— Pas de grande cuisine, assure-t-il à Jenna. On va faire une raclette.

Ouf… soupire-t-elle.

Pour l’apéritif, les trois couples se retrouvent au Spirit, le bar favori de Yannick et Phil. Ils boivent plusieurs verres avant de retourner chez Phil. Là, ils s’offrent un nouvel apéritif. Prudentes, Jenna et Diana boivent modérément tandis que les quatre autres s’enquillent verre sur verre.

— J’espère que Pascal sera en état de conduire pour rentrer, s’inquiète Diana.

Un soupir lui échappe en le voyant en grande discussion avec Gwen.

— Ça ne me plaît pas du tout, ça… commente Diana.

— Di, ne va pas créer des problèmes là où il n’y en a pas, pour l’instant tout se passe bien, l’avertit Jenna.

Durant le repas, il est rapidement clair que deux clans se sont formés. D’un côté, Phil et les Bretons, de l’autre Pascal, Diana et Jenna. Même si…

— Vas-y sers du vin tant qu’il n’est pas là, j’en ai besoin là… glisse Diana à Jenna à la faveur d’un passage aux toilettes de son cher et tendre. Je te jure, si Pascal continue à parler de son boulot, je me jette par la fenêtre.

— Je te le déconseille, on est au premier étage, tu ne réussirais qu’à te blesser, répond Jenna.

Après une raclette copieusement arrosée de vin blanc et rouge, selon les goûts des invités, ils passent au digestif. Gwen est complètement saoule. À l’issue d’une énième remarque paternaliste de Yannick, elle pète les plombs et fond en larmes.

— Putain… Gwen tu fais chier ! s’énerve Yannick.

— Pfff qu’est-ce qui lui arrive à l’autre ?! grince Diana.

— J’en ai marre que tu me rabaisses à chaque fois qu’on fait des soirées ! enrage Gwen.

— Raaa il n’a rien dit de mal, intervient Phil.

— Allons Bichette, tu as trop bu, c’est tout, tente Yannick.

— Arrête avec tes « bichette » ! s’énerve Gwen de plus belle.

— Ah bah c’est ça de sortir avec un gros con qui se la pète et ne parle que de lui, chuchote Pascal au bénéfice de Diana et Jenna.

Jenna retient de justesse un gloussement devant cette critique de Pascal tandis que Diana se râcle la gorge.

— Je… elle est forte la mirabelle, prétexte-t-elle.

Se pinçant les lèvres pour ne pas rire, Jenna se lève.

— Je vais aller voir Gwen…

Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, Gwen l’enlace et pleure sur son épaule.

— Raa Bichette, tente Yannick.

L’ignorant, Jenna propose à Gwen :

— Tu veux qu’on aille un peu prendre l’air ?

— Oui, accepte-t-elle en reniflant.

Diana se lève :

— Vous voulez que je vienne avec vous ?

Gwen se raidit immédiatement et Jenna bredouille à la hâte :

— Euh… non ça va aller, reste au chaud, on ne sera pas très longues.