Fyctia

Note de l'autrice : le titre du chapitre est " Comme un parfum de rupture dans l'air"...

Jenna s’apprête à se mettre au lit lorsque Marjo l’appelle.

— Saluuuuuuut ! lance la brune d’un ton joyeux. Alors, votre soirée d’hier ? Vous vous êtes bien amusés ?

— Ni faite, ni à faire, répond Jenna d’un ton dégoûté. Je te le dis tout de suite, c’est la dernière fois que j’invite Chouchou à venir fêter quoi que ce soit chez moi !

— Hein ?! s’étonne Marjo.

S’armant de courage à la perspective de ne pas pouvoir se coucher tout de suite comme elle en rêve, Jenna lui narre le « Chouchou Show ». Lorsqu’elle en vient aux justifications avancées par Chouchou, un cri d’indignation échappe à Marjo :

— Il n’a quand même pas osé dire ça ?!

— Eh bien si, ma petite Marjo ! Réjouis-toi, tu es la seule à avoir de l’importance pour Chouchou, sympa pour les autres hein ?

— Mais quel con… comment il peut te balancer un truc pareil alors que ça fait des années que tu passes ton temps à lui remonter le moral ?

— Oh bah là, franchement, vu le remerciement que j’en ai eu, il a plutôt intérêt à se trouver une autre psy gratuite, affirme Jenna. En ce qui me concerne, il peut crever la gueule ouverte avec ses problèmeuuuuhs de cœureuuuh, quoi !

— Non mais ça se comprend, la soutient Marjo.

— Et il va sans dire que Di ne veut plus du tout entendre parler de lui, ajoute Jenna. Déjà qu’elle n’était pas fan à la base…

— Pffff mais quel crétin des Alpes ! Qu’est-ce qui lui a pris de vous balancer des trucs pareils ?

La crise étant d’importance, les deux copines passent presque deux heures à débattre du sujet et les oreilles du militaire sifflent plus d’une fois à cette occasion. Elles évoquent également Kristian et Jenna soupire :

— J’espérais pouvoir cacher sa visite à Phil mais Diana a vendu la mèche à Pascal moins de deux minutes après son arrivée, donc je n’ai pas d’autres choix que de lui en parler.

— Ah… tu penses que Phil va mal le prendre ?

— Il ne dira rien sur le coup mais il trouvera bien un truc pour provoquer une dispute et pourrir le week-end, prédit Jenna.

***

Après une bonne nuit de sommeil qui lui permet de recharger ses batteries, Jenna retrouve une Diana contrariée :

— Pascal n’a aucune confiance en moi ! Quand je lui ai dit que je sortais en boîte avec des copines ce week-end, il m’a répondu qu’il s’attendait au pire. Je suis sûre que c’est cette garce de Gwen qui a bavé sur moi.

Jenna lève les yeux au ciel et passe plusieurs minutes à calmer Diana. Une fois cela fait, elle l’informe de l’appel de Marjo.

— Putain, ne me dis pas qu’elle prend le parti de l’autre con ! s’enflamme de nouveau Diana.

— Ce n’est pas le cas. Marjo elle-même reconnaît que Chouchou a déconné et qu’il est allé trop loin, la renseigne Jenna. Elle a prévu de lui remonter les bretelles quand il viendra la voir. Même si, comme je le lui ai dit, perso pour moi ça ne change rien, le mal est fait et quelque chose est définitivement cassé entre Chouchou et moi. Ce ne sera plus jamais pareil et crois bien que je regrette puissance mille d’avoir un jour couché avec ce connard égoïste.

— Deux fois en plus… souligne Diana.

Jenna lui adresse un regard noir :

— C’est bon, inutile de retourner le couteau dans la plaie. Bref, en parlant de relations sexuelles insatisfaisantes, il faut que je prépare mes affaires pour aller chez Phil… soupire-t-elle en se levant.

— Tant d’enthousiasme me troue toujours autant le cul, rit Diana.

***

Phil est ravi de sa semaine de formation à Dunkerque en compagnie de Yannick. Les deux compères ont écumé les bars de la ville chaque soir et ils ont même partagé la même chambre d’hôtel.

— C’était trop de la balle ! conclut Phil avec un grand sourire. Et toi, qu’est-ce que tu as fait ?

— Pas grand-chose… répond Jenna d’un ton léger. Kris et Chouchou sont venus nous voir.

Philippe se crispe et son sourire s’efface.

— Tiens donc… quand le chat n’est pas là, les souris dansent… vous avez passé une bonne soirée ?

Aïe… c’était sûr !

— Non pas terrible. Di et moi, on s’est pris la tête avec Chouchou parce qu’il considère comme un dû qu’on s’arrange pour le loger. Heureusement que Kris était là pour détendre l’atmosphère parce que là, Chouchou nous a fait du grand Chouchou ! Digne d’un Oscar, encore pire que la fois où il a fait semblant de faire un coma éthylique pour nous plomber le Nouvel-An.

— En même temps je ne vois pas ce qui t’étonne, Chouchou a toujours été comme ça, rétorque Phil.

— Oui, enfin, il nous a quand même balancé qu’il ne nous demandait pas parce que contrairement à Marjo, nous ne sommes pas importantes à ses yeux.

— Bah au moins, c’est franc…

Devant le désintérêt et le parti pris de Phil pour Chouchou dans une sorte de solidarité masculine, Jenna change de sujet et l’interroge sur les bons moments passés avec Yannick. Phil se montre dithyrambique et il est rapidement l’heure de se coucher. Après un câlin rapide durant lequel Jenna songe avec regret à Kristian, c’est l’extinction des feux.

***

Après une mauvaise nuit — Phil a pris froid durant son séjour dans le Nord et ronfle comme un sonneur — Jenna se lève vers dix heures. Vêtue d’un simple peignoir, elle file dans le salon et se prépare un café après avoir allumé l’ordinateur. Utilisant sa seconde adresse mail, elle écrit à Elsa afin de lui raconter les derniers événements et s’allume une cigarette tant qu’elle est tranquille. Son timing est des plus mauvais… Phil entre dans la pièce moins de quinze secondes plus tard. La trouvant sur internet et surtout en train de fumer, il lâche un retentissant :

— Fait chier !

Sur ces mots, il sort de la pièce en claquant la porte. Pfff, songe Jenna en terminant tranquillement sa cigarette. Elle enregistre le message destiné à Elsa dans ses brouillons et envoie un courriel rapide à Marjo :

J’avais raison. Phil a commencé très fort dès son réveil. Je sens que ça va être une bonne grosse journée de merde.

Son mail envoyé, Jenna se résout à aller voir Phil qui est dans la salle de bain.

— Ça va ? Tu es calmé ?

— Ta gueule, je fais ce que je veux ! hurle Phil en se dirigeant vers la porte d’entrée de l’appartement qu’il claque sur lui.

Bon bah on dirait que la salle de bain est libre… je vais aller prendre ma douche, décide Jenna que les éclats de Phil émeuvent de moins en moins.